Une localité qui manque de tout

Bordj-Menaïel

La situation actuelle de la localité de Bordj-Menaïel est désolante et même choquante. Et ce, à cause de l’incompétence des hommes qui occupent le devant de la scène. C’est là un constat amer qui n’honore en aucun cas les habitants de cette charmante et paisible ville.

La ville du «quinze et demi» agonise depuis plusieurs années à cause des promesses, des mensonges de certains gens malhonnêtes qui lors des élections promettent monts et merveilles à leurs électeurs mais une fois installés que ce soit comme maires ou élus, ils tournent leurs vestes pour s’occuper de leurs propres affaires, ils n’ont jamais pu changer quoique ce soit et n’ont pu permettre à Bordj-Menaïel de se développer et de promouvoir des activités industrielles, commerciales, touristiques, culturelles et sportives en mesure de répondre aux nombreuses attentes de la population ménaïlie qui ne cesse de subir les conséquences désastreuses. Tout le monde reconnaît que cette agglomération était réputée hospitalière de par la gentillesse de ses habitants, une ville ouverte à tout le monde et où chacun venait se ressourcer et trouver son équilibre moral, chaque visiteur était ébloui par l’attitude admirable de tant d’amabilité de ses habitants. Pour ceux qui ne le savent pas, la localité de Bordj-Menaïel plus connue par la cité des coquelicots avait apprivoisé deux grands noms de la révolution algérienne, le colonel Amar Ouamrane et aussi l’un des grands négociateurs des Accords d’Evian le stratége colonel Krim Belkacem et possède une grande et riche histoire à tous les niveaux, que ce soit culturel, sportif, social, économique avec un passé glorieux rempli d’évènements de grande envergure durant la guerre de libération nationale. Pourquoi cette situation d’abandon ? La réponse est simple : c’est la faute à la génération 1980 à ce jour qui n’a pas pu remplacer les anciens qui ne sont plus de ce monde qui, eux, étaient une source de référence positive à tous les niveaux. Ils sont partis ceux qui étaient réputés défendre la localité par la transparence, la bonne parole, l’hospitalité, l’aide aux plus démunis. La génération actuelle se caractérise par un appétit vorace qu’elle satisfait en concourant à la perte de valeurs essentielles de toute société qui veut avancer (sens de la famille, entraide, valeur du travail, honnêteté, probité et sens de l’honneur), tout cela s’est perdu au fil du temps, laissant place à la loi de la jungle, c’est-à-dire la loi du plus fort et du plus riche.
Bordj-Menaïel a perdu son âme (Rouh) quelque part en cours de route dans une course effrénée qui a enfanté des groupes d’intérêts, les gens sont devenus plus matérialistes que jamais, leurs discussions n’honorent en aucun cas les personnages. Ils sont partis les «zouamas», les personnes honnêtes et infaillibles qui pleurnichaient leur ville, ceux qui ont toujours défendu avec puissance de force et d’autorité la ville des Coquelicots, de vrais hommes qui adoraient orchestrer les situations car ils étaient très entreprenants, actifs et dynamiques qui ont toujours mené des combats pour les causes justes, ils étaient et resteront la fierté de la ville pour l’éternité, eux qui reposent au cimetière de lalla Aïcha ou de Sidi Smid, c’étaient des hommes au vrai sens du terme, qui avaient vécu avec des valeurs et des principes fondamentaux basés sur le respect, l’amour d’autrui, du pays et surtout de la religion musulmane. Ils ne sont plus de ce monde certes, mais malgré cela, ils demeurent l’image de marque de la ville de Bordj-Menaïel. Que l’on nous excuse si on a omis de citer d’autres noms car une chose est sûre, tous ceux qui ont cotoyé ces personnages les décrivent comme d’honnêtes citoyens, des sages et des érudits, avec des qualités d’intelligence qui leur ont permis de s’acquitter à merveille de leurs rôles de responsables de famille, d’avoir su gérer convenablement leurs foyers en bons pères de famille. La population de Bordj-Menaïel leur reconnaît le legs d’un bien très précieux, à savoir la bonne éducation, le savoir-faire, l’Islam et le respect d’autrui. C’étaient des personnes qui agissaient collectivement et ce, pour le bien de la société, ce qui n’est plus le cas actuellement, car il y a un manque d’hommes. Les élections approchent et Bordj-Menaïel a besoin de changement. Pour cela il faudra des hommes intègres et disponibles censés les représenter dignement et honorablement et ramener le changement pour la localité de Bordj-Menaïel.
Tout d’abord, il faut rendre à Bordj-Menaïel ce qui appartient à Bordj Menaïel car historiquement parlant, il ne faut pas mentir à la génération montante, car loin de nous de se prendre pour un historien car nous ne le sommes pas mais changer le cours de l’histoire de cette magnifique localité de la ville des Coquelicots, qui autrefois portait le nom de Bordj-Menaiel qui veut dire «le Fort bleuté» pour certains et le fort des cavaliers pour d’autres, est la solution la plus plausible mais de là à dire de cette ville qu’elle est surnommée «Oum Naïl» allusion, faite aux Ouled Naïl est purement faux. La question qui se pose : pourquoi veut-on fausser l’histoire de cette ville millénaire qui a connu diverses invasions, turques, romaines, et l’invasion française ? Et dire que la région a versé un lourd tribut durant la guerre de Libération nationale et ils sont nombreux les chahids qui ont offert leurs vies pour voir l’Algérie libre et indépendante. Aujourd’hui, rien n’est plus comme avant, les Menailis ont perdu leurs repérés, surtout les jeunes qui sont livrés à eux-mêmes. Ils veulent connaître la vérité sur tout ce qui touche à leurs origines, eux qui déjà souffrent de beaucoup de maux. Face au manque cruel des infrastructures culturelles et sportives, face au problème de chômage qui n’épargne personne, les jeunes sont livrés à eux-mêmes, plongés dans l’ennui, l’oisiveté et divers dangers. D’ailleurs, ces dernières (les infrastructures sportives, culturelles étatiques) sont rares, voire même inexistantes dans la localité de Bordj-Menaïel, ce qui livre la jeunesse de la région à la débauche. Bordj-Menaïel, qu’on a toujours qualifié de ville coquette, charmante et accueillante, voit son cadre de vie se dégrader progressivement ces dernières années. Il s’agit là d’un problème sérieux qui mérite plus de considération, non seulement par les habitants, mais aussi par les autorités locales en particulier.
Bordj-Menaïel est héritière d’un long et riche passé, elle a participé avec succès aux civilisations qui lui ont été imposées et dont chacune a laissé des traces sur son sol. Depuis que le monde est monde, Bordj-Menaïel a toujours été Bordj-Menaïel, son nom est tiré de la période turque qui veut dire «le Fort», ménaiel, signifiant la couleur bleu étant donné que la forteresse avait toujours été peinte avec de la nila, allusion faite à la chanson chaâbi qui dit «Dhak stah el aali li masbough ba nila». Aussi, il ne faut pas que l’histoire soit faussée en disant que Menaiel est un dérivé d’oum nail, il n’a jamais été question d’une femme venu des Ouleds Nails, c’est du archi faux, alors basta, basta, cessez de dire des idioties. Pour revenir au sujet, revenons au marasme au quotidien de cette frange de la jeunesse qui n’ayant pas d’endroits où se distraire et s’occuper comme les aires de jeux. Nos jeunes sont facilement la paroi des différents fléaux sociaux qui ne cessent de s’amplifier dans la région. Aujourd’hui, les connaissances entre les jeunes ne se font plus dans un club sportif ou culturel mais plutôt autour des cafés du centre-ville qui ne désemplissent pas. Et pour cause, ce sont des lieux de rencontres des populations des communes limitrophes qui s’adonnent au négoce dans cette région réputée agricole et commerçante. Bordj-Menaïel est devenue un véritable carnaval fi dechra pour la simple raison que la localité n’offre plus rien, car les besoins de cette commune sont énormes et ses moyens sont insuffisants pour satisfaire l’ensemble des demandes de la population, la commune a besoin d’un véritable plan pour assurer son développement, une commune qui totalise plus de 120.000 âmes réparties sur plusieurs villages et hameaux a, en effet, besoin d’une attention particulière pour récupérer le cumul de retard qu’elle a enregistré depuis l’indépendance.
Un retard de 100 ans, les citoyens de la localité n’arrivent plus à comprendre et supporter tout ce retard constaté et ceci à tous les niveaux. Mais une chose qui frappe l’esprit, c’est le fait que ce sont les hommes qui ramènent le changement, malheureusement cela n’a pas été le cas car ces derniers ont failli à leurs missions. Cependant, les élections municipales 2017 arrivent et c’est toujours les mêmes bonhommes qui veulent postuler. Les citoyens se posent de légitimes questions : les autorités sont-elles dépassées ? Manquent-elles de fonds, le malheur est toujours présent et visible suite au séisme du 21 mai 2003 avec les bâtisses toujours délabrées, fissurées et certaines à moitié effondrées qui offrent une image désolante de Bordj-Menaïel et entretiennent en permanence la tristesse et la douleur vécues, les séquelles du séisme seront toujours là tant que ne seront pas entrepris les travaux de réhabilitation des bâtisses pour donner un nouveau aspect à la ville des Coquelicots. Les autorités restent insensibles au marasme de la population. Les autorités locales, les élus de la wilaya et de l’APC, les autorités gouvernementales doivent impérativement se pencher sur le sort de ses habitants qui sont désemparés. Ils doivent s’inquiéter car la situation que vivent les citoyens de cette localité n’est pas réjouissante. Aujourd’hui, la ville du «quinze et demi» souffre le martyre, elle est laissé-pour-compte et accuse un retard dans tous les domaines : social, culturel, sportif, économique, commercial. Elle manque d’infrastructures de base. C’est une commune qui n’a rien vu venir et malgré sa réputation de une ville commerciale, les responsables de l’administration de la wilaya de Boumerdès font tout pour bloquer les citoyens désireux créer des activités commerciales. La bureaucratie est toujours présente, trop sévère même et les commerçants ne savent plus à quel saint se vouer. On a l’impression que tout est fait pour que rien ne soit fait pour mettre un terme à cette situation. Où sont-ils ces élus choisis par la population pour les représenter ? De quel droit un P/APC, un chef de daïra, un wali refusent-ils d’accorder des audiences aux citoyens ? C’est grave ce qui se passe dans notre pays. Où allons nous avec cette situation. Laissez les gens travailler, cette situation est vraiment dramatique et même incompréhensible, intolérable. Il faut mettre un terme à cela.

Kouider Djouab