Une symbolique de relance du développement local ?

Le wali d’Annaba plante des arbres

Le domaine forestier de Draa Errich dans la commune d’Oued El Aneb a accueilli en ce dimanche humide du 21 mars 2021 le wali d’Annaba, accompagné d’une forte délégation comprenant notamment le président de l’APW et le Conservateur des Forêts de la wilaya pour procéder au lancement d’une campagne de reboisement où la présence des éléments de l’ANP a été remarquée fortement.

C’est un clin d’œil encourageant à l’ancien programme du barrage vert mené sous les auspices de cette institution cardinale de la République jusqu’en 1988. Après avoir enfilé des bottes pour la circonstance, la délégation a mis les pieds dans la gadoue dans une terre bien arrosée en ce début de printemps. Ceci pour le contexte météorologique de cette visite qui a commencé tôt le matin et qui a permis au wali d’apprécier in situ le potentiel de développement forestier d’une wilaya suffisamment verte de ce point de vue puisque la forêt couvre 56 % de son territoire, pas très étendu par ailleurs. Cette symbolique de plantation d’arbustes en cette journée internationale de l’arbre a trait à une logique de développement local que l’actuel wali d’Annaba Djamel Eddine Berimi veut proche des préoccupations essentielles de la population sous son administration territoriale. Cette visite, les pieds dans la gadoue comme signe probant d’un lien intime avec la terre, couronne une série de déplacements sur le terrain menés au pas de charge durant les deux dernières semaines, avec comme clou officiel, la visite samedi dernier de Mme Kaouter Krikou, ministre de la Solidarité nationale, de la famille et de la condition de la femme, venue en visite d’inspection pour superviser de nombreuses activités de son secteur liées à la promotion de la femme rurale et aux conditions de prise en charge des enfants atteints du syndrome de Down ou trisomie 21, à la faveur de leur journée internationale.
Le point culminant de la visite ministérielle, au sens propre, a été la visite de l’exploitation d’une femme agricultrice versée dans la production de miel pur à partir de l’élevage d’abeilles (apiculture) mais aussi d’élevage bovin dans un site pittoresque rappelant un paysage suisse dans la commune de Seraidi connue pour sa verdure et son climat froid, comme ce fut le cas en ce samedi qui marquait la fin de l’hiver par un dernier salut au brouillard, visiteur fréquent de ces hauteurs à vous couper le souffle par leur beauté naturelle. La ministre a eu une idée précise sur le potentiel énorme de la wilaya pour ouvrir le champ d’expression à la femme rurale par l’emploi productif créateur de revenus durables pour promouvoir son statut de citoyenne autonome et utile à la société. L’apicultrice du jour a eu toute la latitude d’exposer son art et d’expliquer ses attentes en tant que femme entrepreneur dans le domaine agricole ayant pu bénéficier du système d’aide de l’Etat à travers l’Angem.
Cette référence à la visite de Mme la ministre est faite à bon escient pour illustrer le souci désormais constant du wali de suivre la problématique du développement local sur le terrain en s’investissant de sa personne, imprimant un rythme de travail soutenu à ses collaborateurs par des visites très fréquentes aux douze communes de la wilaya pour s’enquérir de visu sur les avancées et difficultés constatées matériellement là où il se déplace, en commençant souvent ses visites à 7h ou 7h30 du matin, faisant preuve d’un sens de la ponctualité et de l’organisation de son agenda quotidien remarquables pour un commis de l’Etat qui ne veut pas perdre de temps. Pratiquement, tous les secteurs ont été passés au peigne fin depuis le début du mois de mars, comme s’il voulait donner un coup d’accélérateur aux projets en cours de réalisation, après le grand ralentissement de 2020 pour raison de pandémie de la Covid-19 et les contraintes économiques et sociales qu’elle a entraînées en Algérie, comme ailleurs dans le monde, du reste. Ce travail de veille à la fois opérationnelle et stratégique permet d’inscrire le développement local sous le signe de la relance là où les choses, d’habitude, ont du mal à se mettre en place dans les délais impartis. L’esprit d’une bureaucratie pesante y est pour beaucoup dans cette wilaya où outrepasser le droit était un exercice favori pour certains dans un passé encore récent.
C’est le constat fait par l’actuel wali à son installation à la fin du mois de janvier 2020. Depuis, il essaie d’impulser un rythme de travail soutenu, n’hésitant pas à passer beaucoup de temps à sillonner la wilaya, en dehors du cadre feutré de son bureau de wali où il n’hésite pas à signer des décisions qui ont bousculé la léthargie de cette wilaya où les choses se concevaient d’une manière et s’appliquaient souvent d’une autre manière, ouvrant la voie à beaucoup de dépassements par le passé. Aujourd’hui, le développement de la wilaya fait son chemin dans sa partie Ouest autour de la nouvelle ville Si Benmostefa Benaouda à Draâ Errich, future agglomération urbaine de 200.000 habitants qui va réceptionner à la rentrée prochaine 7 groupes scolaires, 4 CEM et 3 Lycées en projet inspectés dernièrement par le wali et où le maître-mot fut respect des délais de réalisation et des normes de sécurité et de respect de l’environnement, en introduisant le solaire autant que possible là où c’est possible.
Dans la partie Est de la ville d’Annaba, sur sa belle corniche, c’est le tourisme hôtelier qui est à l’honneur avec la réalisation de pas moins de cinq établissements touristiques avec vue sur mer de standing élevé. Autant dire que le wali est sur tous les fronts, conscient peut être des atouts de cette wilaya côtière qui a tous les moyens pour réussir un développement harmonieux et dans laquelle il veut «laisser sa propre empreinte», en commençant, parmi d’autres tâches prioritaires, par rebooster son secteur industriel qui ne date pas d’hier et qui a fait sa réputation de capitale de l’acier à travers le complexe sidérurgique d’El Hadjar qui n’arrive pas encore à retrouver le chemin de la stabilité managériale, en témoigne le départ samedi dernier de son poste de son directeur général, installé au mois de mai 2020 à peine, suite à un Conseil d’administration qui n’a pas livré encore tous ses secrets.
Et là, il y a urgence pour la wilaya et le pays pour sauver El Hadjar. C’est un chantier colossal à engager, sans attendre, pour le sortir de la zone de turbulences fortes qu’il vit depuis des années et qui demande un coup de pouce déterminant des autorités centrales pour l’inscrire dans un redressement durable pour redonner à la wilaya son cachet industriel d’antan. Sans ce travail de fond, l’arbuste d’aujourd’hui ne donnera pas la forêt de demain. C’est toute la portée symbolique du développement local qui en dépend. Et là, la logique d’action de la wilaya semble s’inspirer de cet esprit de projection dans l’avenir en veillant à ce que les choses se fassent correctement au présent. Gageons que la persévérance dans l’effort donnera ses fruits. Au bon moment !
Abdelali Kerboua