«Les chambres froides font la loi !»

Mascara : la patate fait sa campagne

A quelques mois seulement des législatives du 12 juin prochain, la pomme de terre fait déjà sa campagne et ce, devant le silence des premiers concernés de cette situation qui s’empire d’année en année ; aucune solution ne semble être arrêtée pour séparer le bon grain de l’ivraie.

Devant la fermeture de presque la totalité des marchés de proximité et la loi édictée par des barons des Chambres froides qui font et défont les prix de la pomme de terre dans la wilaya, et autres légumes. Les prix son libres paraît-il et les contrôleurs ne vérifient que la qualité… Du n’importe quoi pourvu que ca mousse, du déjà vu et entendu, et ce, à chaque mois sacré de Ramadhan. Dans ce scénario répétitif, digne des films mafieux, une chose est sûre que c’est uniquement l’épicier du coin qui payera toute la sauce et autres pois cassés durant cette course poursuite des ventres affamées de ce mois sacré. La pomme de terre, légume national, est pour une énième fois sous la main mis d’une clique intouchable, qui refait surface à chaque désir pour plus de richesses mal acquis, au vu et au su de tout le monde au niveau de la wilaya de Mascara. Le tout enveloppé dans ce qui se passe au marché de gros des fruits et légumes de la daïra de Tighennif, où pas mal de responsables se font entretenir tout en s’engraissant à la fois, pour fermer les yeux dans ce qui se trame en usant dans le souk digne de la caverne d’Ali Baba. Il est déplorable de voir, que ces mêmes énergumènes parias, qui font et défont la cotation des fruits et légumes en adoptant des tromperies sur la marchandise pour laquelle dernièrement les prix connaissent et subissent des hausses vertigineuses à l’exemple de la pomme de terre.
La wilaya de Mascara qui dispose sur son territoire quelques 145 Chambres froides, pour un volume «positive» de 200 000 M3 touchant les fruits et légumes et environ 4500 M3 pour le volume des Chambres froides dites «négatives» affectées aux viandes rouges et blanches, n’arrive plus à maîtriser une profession qui perdure. L’objectif réel de ces frigos industriels, disposés, rappelons-le, grâce à l’Etat providence, qui a investi des sommes faramineuses afin de réguler le marché de la pomme de terre, a complètement perdu la main, c’est-à-dire son droit de regard dans ce qui se passe réellement dans ces fameuses Chambres froides et qui se sont transformées en véritable succursales de rétention de stock et autres pénuries maquillées. La création de plusieurs Epic, sous la tutelle du ministre de l’Agriculture tels que Proda, Magoran, Magmos etc. qui sont agréées d’acquérir la pomme de terre auprès des agriculteurs pour la placer dans des Chambres froides disséminées à travers le territoire de la wilaya, pour la déstocker par la suite quand la pomme de terre est réduite sur le marché. La crise serait-elle cernée ? Il est encore trop tôt pour le confirmer haut et fort, comme aiment à le souligner les responsables à chaque flambée des prix.
D’autant que plusieurs manèges entrent en ligne, où la plupart des prédicateurs, communément appelés «grosses patates» connus sur la place publique cheminent complètement à l’encontre de la ligne directrice proposée originellement par le ministère de l’Agriculture. En un mot, il faudrait s’attendre, selon le baromètre mercuriale, à une autre hausse programmée du tubercule devenu d’ailleurs, une tradition d’une très mauvaise saveur, et dont le prix pourrait atteindre la barre des 100 dinars le kilogramme ( !?). Le prix de 70 dinars le kilogramme qui est concédé actuellement sur le marché du gros n’aménage nullement notre clause de travail des plus pénibles, et dont sûrement vous connaissez l’existence, à l’exemple des prix fluctuants des engrais, une main d’œuvre agricole introuvable, trop onéreuse et autres problèmes climatiques et bureaucratiques, dont nous sommes victimes, recouvrent à peine nos dépenses qui se chiffrent à des centaines de millions, explique un gros fellah de la région de Mascara.
Les prétextes climatiques, pénuries, Fisc, désengagement de l’Etat vis-à-vis de ces nouveaux gros riches d’agriculteurs (?) et autres dessins déloyaux, qui sont devenus légions pour faire cuisinier les consommateurs et autres ménagères dont le salaire de misère ne fait plus recette, ne sont plus palpables pour les ventres creux. Une dangerosité réelle, de l’avis de plusieurs personnes averties, qui voient dans la mercantilisation de ce juteux secteur de la patate, une mauvaise passe, qui n’est pas loin de porter préjudice à l’agriculture, et ce contrairement à ce qui se réalise dans les autres pays voisins. Ce qui est le plus dangereux dans ce jeu, c’est que la plupart des propriétaires des Chambres froides se préoccupent de cette nouvelle manne de l’Etat providence au détriment d’une population résignée, qui demeure pour le moment silencieuse devant ce volumineux permis de voler à outrance. Un point de vue que partage un économiste de l’université de Mascara, qui dira-t-il : «Vu ce grand dérapage qui est du à un lobby agricole puissant soutenu par des voyoucraties en cols blancs, domine le marché et remonte les uns contre les autres où le seul perdant est l’Algérie car l’élément spéculatif prend le dessus sans que l’Etat, qui pourtant distribue cette manne financière à outrance n’intervient plus pour mettre de l’ordre dans les rangs des grosses patates !» «Néanmoins, enchaîne-t-il, le marché souffre de l’absence des règles qui définissent les rapports entre ce qu’on appelle communément l’offre et la demande.
C’est tout le système d’intermédiation qui s’est complètement englouti dans les textes et autres arrêtés qui entravent l’épanouissement du secteur de l’agriculteur. La distribution des richesses aux seules producteurs et autres gros fellahs via une manne financière des plus ahurissantes n’a pas eu l’effet escompté, ni le Pnda, Pndra et autres solutions qui contribuent à favoriser l’intégration de l’économie nationale à partir de ces interactions n’est venu corriger les bavures à répétition au niveau des exploitations agricoles. Devant cette hémorragie, des deniers publics en se rendant compte que le soutien de l’Etat prévu pour la régularisation du marché de la pomme de terre ne profite qu’à un clan précis gavé par un argent fou jeté par les guichets des banques. Le ministère de l’Agriculture, qui empile à sa manière des erreurs monumentales, en instituant dernièrement la création d’une autre institution pour la ‘validation’ des volumes stockés ou déstockés, pour que les différents détenteurs puissent jouir de la prime de l’Etat via des anciens contrôleurs qui faisaient parties de la direction des services agricoles. Dans cette affaire, selon, des fonctionnaires de la DSA de la wilaya de Mascara rencontrés, n’ont pas voulu trop converser sur ce sujet, vu que le problème réside précisément dans ce volet, où les milliards réservés à la location des Chambres froides, ainsi que les différentes primes allouées par l’Etat aux différents intermédiaires sont peu ou prou respectés.
Dans cette optique, s’agissant de la manipulation d’argent, l’agriculteur, qui est toujours gagnant, vend son produit qui reste toujours dans les locaux, dites Chambres froides, appuyés par la manne de l’Etat réconfort. Loin de faire un thème de propagande, les responsables centraux du ministère de l’Agriculture savent incontestablement que l’agriculture algérienne est encore loin des espérances avancées qui se sont avérées une faillite du système agricole. A l’heure actuel, aucun bilan n’est venu confirmer ou infirmer si une quelconque politique agricole au niveau de la wilaya tient la route, comme l’aime à le reproduire certains officiels devant les médias lourds. La question qui revient à chaque fois devant ces scènes de gros sous de l’Etat providence, reste à savoir, à qui exactement profitent les profits de ces cercles très fermés ? Pour plus de preuve : la pomme de terre est cédée entre 70 dinars à 100 dinars , les carottes à 60 DA et les navets à 80DA, la salade verte à 120 DA, les oignons à 50 DA, les poivrons d’une très mauvaise qualité à 130, et les tomates d’un calibre douteux à 120 dinars le kilogramme cravachent profusément les consommateurs. Pour les prix des viandes rouges, d’ailleurs, intouchables, se monnayent aux alentours de 1 300 DA/le kilogramme, pour les viandes blanches, on notera qu’à l’exemple des abats de poulets sont marchandés entre 425 a 475 DA/kg.
Les produits halieutiques, c’est-à-dire la sardine, qui était le baromètre des pauvres a vu son prix revu à la baisse entre 1 000 et 1 300 dinars le kilogramme au niveau des divers marchés à la sauvette, vu que pratiquement tous les marchés de proximité demeurent fermés dans la wilaya de Mascara. Pour les poissons blancs, quant à eux, ils demeurent hors de portée des bourses moyennes. La liste est longue, et même des pages entières de notre journal ne pourront contenir les abus et autres excès des prix enregistrés dernièrement sur les produits de première nécessité qui ont accusé une flambée destructrice, à l’exemple des légumes secs, le sucre, le café, l’huile pour lesquels certains grossistes se sont permis de faire augmenter le prix des différents huiles mis sur le marché en toute impunité. Sans rentrer dans les détails qui fâchent, où paraît-il la plupart des grossistes élisent commerce dans la wilaya de Mascara se font aviser par des personnes indélicates de cette institution et ce, grâce au téléphone arabe.
Face à ce phénomène persistant de spéculation claire, ce qui donne droit aux responsables concernés à intervenir, lorsqu’il est constaté des hausses injustifiées. Le droit de regard de l’Etat, devant cette situation gangreneuse dans les quelques marchés reste peu ou prou palpable pour des considérations d’échéance administrative. La profusion d’autres marchés stoppera la corruption volatile qui sévit dans la wilaya de Mascara et demeure vivement souhaitée par une population qui ne peut plus joindre les deux bouts, qui depuis un certain temps, n’a plus le droit à l’accès à la patate et autres gros légumes, dont les prix se sont complètement envolés. Si les chambres froides font la loi, dans la wilaya de Mascara, tous les marchés de proximité demeurent fermés, et ce, devant le regard médusé des premiers responsables concernés par ce dilemme qui en dit long. Quand la plupart des responsables dans la wilaya de Mascara se font servir par camionnettes entières de fruits et légumes. Faut-il fermer les dilections de contrôle et des prix en Algérie ?
Manseur Si Mohamed