114 morts lors de manifestations réprimées par l’armée

Birmanie

Les Birmans sont une nouvelle fois descendus dans la rue dimanche pour réclamer le retour à la démocratie après le coup d’Etat militaire du 1er février, faisant face à une répression sanglante de l’armée qui a fait au moins 114 morts, suscitant de vives condamnations internationales.

Drapeau à la main, les Birmans sont descendus dans les rues de Bago, au nord-est de Rangoun, à Monywa (Centre) et dans la petite ville de Moe Kaung dans l’Etat Kachin (nord), ont rapporté les médias. Les militants pour le «rétablissement de la démocratie» avaient appelé à de nouvelles manifestations samedi, jour où l’armée organise tous les ans un gigantesque défilé devant le chef de l’armée, désormais à la tête de la junte, le général Min Aung Hlaing. Lors de cette traditionnelle «Journée des forces armées», ce dernier avait de nouveau défendu le coup d’Etat, dénonçant des «irrégularités» dans les législatives de novembre, remportées par le parti d’Aung San Suu Kyi.
L’Association pour l’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), une ONG locale qui recense le nombre des morts depuis le putsch, a fait état d’au moins 90 personnes tuées par l’armée, à la tombée de la nuit samedi. L’ONG a dénombré au moins 423 morts depuis le coup d’Etat du 1er février. La violence a éclaté dans tout le pays, l’armée utilisant des balles réelles dans plus de 40 cantons de neuf régions, y compris à Rangoun, la plus grande ville du pays, selon l’ONG. Le site d’information «Myanmar Now» avait rapporté, plus tôt , avoir documenté le meurtre d’au moins 50 manifestants.
Février dernier, des commandants de l’armée avaient mené un coup d’Etat, suivi de l’arrestation de hauts dirigeants du pays, dont le président Win Myint et la cheffe déchue du gouvernement Aung San Suu Kyi, dirigeante du parti, Ligue nationale pour la démocratie (LND). Après le putsch, des manifestations populaires ont eu lieu dans tout le pays. L’administration militaire a alors imposé la «loi martiale» dans sept quartiers de Yangon et de Mandalay.

L’ONU appelle à une réponse internationale «ferme»
La répression militaire en Birmanie contre des civils sans défense, dont des enfants et des jeunes, a suscité une vive condamnation internationale, la qualifiant d’injustifiable. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné samedi dans les termes «les plus vifs» le meurtre de dizaines de civils, dont des enfants et des jeunes dans ce pays, exigeant une solution «urgente» à la crise et une réponse internationale «ferme, unifiée et résolue», selon son porte-parole adjoint, Farhan Haq. M.Guterres a réitéré son appel «urgent» aux militaires pour qu’ils s’abstiennent de toute violence et répression, estimant que les responsables «des graves violations des droits de l’homme» dans le pays «doivent rendre des comptes». Quant à eux, les chefs des forces de défense de 12 pays, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon et l’Allemagne, ont condamné l’utilisation de la force par l’armée contre des civils «non armés», rappelant qu’une armée professionnelle «a la responsabilité de protéger le peuple qu’elle sert, non de lui nuire».
De son côté, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est dit «horrifié» par la «terreur» que font régner les militaires birmans, tandis que le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, a indiqué que la junte avait franchi un «nouveau palier» dans la répression. Plusieurs missions diplomatiques en Birmanie ont, elles aussi, condamné ces violences durant cette 76e Journée «de terreur et de honte» des forces armées, selon la délégation de l’Union européenne (UE). Vendredi, l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, s’était dit «profondément troublée» par les violences persistantes commises par les forces de sécurité.
«Assurer la paix et défendre le peuple devrait être la responsabilité de toute armée, mais au Myanmar, la Tatmadaw (nom officielle de l’armée du pays) s’est retournée contre ses propres citoyens», avait déploré Mme Schraner Burgener à la veille de la «Journée des forces armées», qui marque le début de la libération de la Birmanie des forces japonaises le 27 mars 1945. Vendredi, l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, s’était dit profondément troublée par les violences persistantes perpétrées par la Tatmadaw (nom officielle de l’armée du pays) qui «s’est retournée contre ses propres citoyens».
R. I.