Des responsables de l’ONU appellent les donateurs internationaux à se mobiliser

Syrie

Trois hauts responsables des Nations unies ont exhorté lundi les donateurs internationaux à se mobiliser pour aider les millions de personnes en Syrie et dans les régions qui dépendent de l’aide humanitaire.

Avec l’impact supplémentaire de la pandémie de Covid-19, il n’y a pas de répit pour les civils en Syrie, qui sont confrontés «à une faim et une pauvreté croissantes, à des déplacements continus et à des attaques incessantes», ont souligné dans un communiqué conjoint le chef de l’humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock, le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, et le chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Achim Steiner. Les trois responsables ont rappelé, dans le même texte, que les pays voisins accueillent quatre réfugiés syriens sur cinq dans le monde, tout en essayant également de relever les défis socio-économiques croissants que rencontrent leurs propres citoyens. Aujourd’hui, 24 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire ou d’une autre forme d’assistance en Syrie et dans la région.
C’est quatre millions de plus qu’en 2020, et plus qu’à tout autre moment depuis le début du conflit syrien, précise le communiqué. L’argent octroyé aux plans d’intervention de l’ONU permettra de financer une assistance sous forme de nourriture, d’eau et d’assainissement, de services de santé, d’éducation, de vaccination des enfants et d’abris en Syrie. Cette assistance fournira également une aide en espèces, des possibilités d’emploi ou de formation et d’autres services tels que l’accès à l’enseignement primaire et secondaire, à des millions de personnes en Jordanie, au Liban, en Turquie, en Irak et en Egypte. En 2021, plus de 10 milliards de dollars sont nécessaires pour soutenir pleinement les Syriens et les communautés d’accueil de réfugiés dans le besoin, selon l’ONU. Cela comprend au moins 4,2 milliards de dollars pour la réponse humanitaire en Syrie et 5,8 milliards de dollars pour soutenir les réfugiés et les communautés d’accueil dans la région. «Cela fait dix ans de désespoir et de désastre pour les Syriens.
Désormais, l’effondrement des conditions de vie, le déclin économique et la Covid-19 entraînent davantage de faim, de malnutrition et de maladies. «Il y a moins de combats, mais pas de dividende de la paix. Davantage de personnes ont besoin de plus d’aide qu’à tout autre moment de la guerre», a déclaré le chef humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock. Selon lui, 13,4 millions de personnes dans toutes les régions de la Syrie ont besoin d’une aide humanitaire, soit 20% de plus que l’an dernier. «Notre capacité à fournir une aide et à éviter une situation encore pire pour des millions de civils dépendra de la volonté politique et de la générosité financière de la communauté internationale», a-t-il affirmé lors de son intervention lundi matin devant les membres du Conseil de sécurité. «Ce n’est pas le moment de réduire l’aide humanitaire à la Syrie.
Nous avons besoin de plus d’argent, pas de moins, si nous voulons éviter une nouvelle détérioration, dont les conséquences pourraient être dramatiques et généralisées», a-t-il insisté. De son côté, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi a évoqué l’aggravation de la situation des réfugiés syriens, notamment sous l’effet de la pandémie de Covid-19. «Les gains durement gagnés que nous avons collectivement réalisés au fil des ans sont menacés. La communauté internationale ne peut pas tourner le dos aux réfugiés ou à leurs hôtes», a-t-il assuré dans le communiqué conjoint. L’Administrateur du PNUD, Achim Steiner, a estimé, pour sa part, que «plus que jamais, le soutien de la communauté internationale est nécessaire pour répondre aux besoins humanitaires vitaux».
Lors de la conférence de bailleurs de fonds sur la Syrie de 2020, tenue à Bruxelles, la communauté internationale avait promis de dégager 5,5 milliards de dollars pour soutenir les activités humanitaires, de résilience et de développement. Pour 2021, les trois hauts responsables de l’ONU espèrent une meilleure contribution de la part de la communauté internationale.
Situation humanitaire en Syrie : le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit
Le Conseil de sécurité de l’ONU tient, lundi, une réunion par visioconférence sur la Syrie dont les discussions seront axées particulièrement sur la question de l’accès humanitaire. Au menu de cette réunion, figure un exposé du secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, qui doit briefer l’organe onusien sur la situation humanitaire en Syrie, selon des sources poches du dossier. Le briefing de Lowcock sera suivi d’un exposé de la directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore. La réunion sera présidée par le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de sécurité en mars. Ces discussions coïncident, par ailleurs, avec le dixième anniversaire du conflit en Syrie, et il est probable que Lowcock, Fore et les membres du Conseil évoquent la situation humanitaire désastreuse dans ce pays dévasté par une décennie de guerre civile, qui s’est traduit par un déclin économique et une insécurité persistante.
Compte tenu des défis humanitaires croissants auxquels la Syrie est confrontée, la question de l’accès humanitaire est susceptible d’être au centre de l’exposé de Lowcock et des interventions des membres du Conseil. La question de l’accès humanitaire revient au menu du Conseil de sécurité en prévision du prochain renouvellement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalier, au titre de la résolution 2533, qui doit expirer le 11 juillet. Plus de la moitié de la population syrienne, soit 13 millions de Syriens dépendent de l’aide humanitaire. Dans un communiqué publié vendredi dernier, le département d’Etat, a indiqué que le chef de la diplomatie américaine, devrait «renforcer le soutien des Etats-Unis à un accès sans entrave qui permettra à l’aide humanitaire d’atteindre les communautés vulnérables » à travers la Syrie. Lowcock devrait attirer l’attention sur les difficultés économiques de la Syrie qui continuent d’exacerber la situation humanitaire dans le pays.
Selon un rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) du 19 mars, la sécurité alimentaire en Syrie «reste à des niveaux critiques». Le rapport note que les prix des denrées alimentaires ont atteint un niveau record en janvier, le prix des produits alimentaires de base augmentant de 236 % à partir de 2020,et le prix du pétrole a quintuplé au cours de l’année écoulée. Lowcock devrait également souligner la récente escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie où environ un million de personnes vivent dans des camps de réfugiés. Ces populations «sont très vulnérables en cas de frappes aériennes et de bombardements», selon l’ONU.
La réunion évoquera les effets néfastes du conflit sur les enfants en Syrie. Selon l’UNICEF, environ 12.000 enfants ont été tués ou blessés depuis le début du conflit et plus de six millions d’enfants syriens, près de 90% de tous les enfants syriens, ont besoin d’une aide humanitaire. Le 16 mars, le directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient a indiqué qu’un tiers des écoles syriennes étaient désormais inutilisables en raison des dommages. La santé et la nutrition des enfants ont été gravement affectées par le conflit et le déclin économique qui en résulte : l’UNICEF estime que plus de 500.000 enfants de moins de cinq ans en Syrie souffrent de retard de croissance en raison de la malnutrition chronique.
R. I.