La pauvreté extrême gagne du terrain

Skikda

Les jours passent et repassent mais la situation sociale demeure désastreuse pour les familles nécessiteuses dans la wilaya de Skikda. Sans ressources aucune, certaines familles ne trouvent même pas de quoi manger ou acheter une baguette de pain durant la journée. Lorsque nous apprenons qu’une famille composée de plusieurs membres dont des enfants se nourrissent d’herbe, il y a de quoi être inquiet et tirer la sonnette d’alarme sur ces personnes démunies, non seulement de la wilaya de Skikda mais de l’ensemble du territoire national.

En effet, tout à commencé par une vidéo insérée sur les réseaux sociaux et reprises par plusieurs internautes. Sur cette vidéo, le père et la mère expliquent la situation dramatique sociale dans laquelle ils vivent depuis plusieurs années. La femme qui raconte ses déboires n’a pas retenue ses émotions et à éclaté en sanglot. Quelques minutes après, c’est l’un des enfants qui se lève pour partir chercher une assiette avant de dire, je cite : « Regardez ce qu’on mange lorsque nous avons faim ». L’assiette qui se trouve entre les mains de l’enfant était remplie d’herbe. La vidéo insérée sur les réseaux sociaux a été partagée par des milliers d’internautes qui par le biais des commentaires se sont solidarisée avec cette famille. Si certains ont envoyé des soutiens à cette famille, la majorité ont écrit des textes en arabes « Hasbina Allah Wa Niaam el Wakil ». Plusieurs internautes qui ont été beaucoup touchées par la vidéo n’ont pas manqué de tirer à boulets rouges sur les responsables de la wilaya de Skikda, en particulier autorités locales en général. « Comment peut-on accepter cette situation dans un pays comme l’Algérie qui a beaucoup de richesse ? », a indiqué Mme Lamia.
Les responsables de la société civile de la wilaya de Skikda confirment la situation dramatique de plusieurs familles dans cette wilaya. Nos interlocuteurs ont indiqué que le wali de la wilaya de Skikda et Madame la directrice de l’action sociale n’ont ménagé aucun effort pour venir en aide à cette catégorie de personne. A chaque déplacement du wali, que ce soit dans le chef-lieu de wilaya, des pères de familles tentent de s’approcher du premier chef de l’exécutif pour lui raconter leurs souffrances. Il est de même pour les mères de familles, surtout les femmes divorcées ayant des enfants à charge. «Monsieur le wali, depuis tout à l’heure, nous attendons votre sortie sous la pluie. Ce n’est pas grave, nous sommes venues vous exposer nos souffrances. Nous avons été marginalisées, écoute nous Monsieur le Wilaya SVP». Nous avons donné ici, les cris de détresse d’une mère de famille qui tente de s’approcher du wali. La directrice de l’action sociale s’est rendue en compagnie d’une délégation au domicile de la famille dont les membres mangeaient de de l’herbe. Des produits alimentaires et vestimentaires et des matelas ont été remises à cette famille par la délégation de la direction sociale conduite par la première responsable de cette institution. Au moment de quitter le domicile de cette famille, plusieurs chefs de familles qui habitaient à côté sont venus à leurs tours aborder la directrice de l’action sociale. « SVP Madame la directrice, nous aussi, nous sommes aussi dans le même cas que cette famille», ont- ils fait savoir. Un colis alimentaire a été également remis à une autre famille composée de huit (8) membres), dont six enfants. Cette famille réside dans une cité bidonville dite (El Akwakh El Kasdiriya), dans la commune de Filfila.
La directrice de l’action sociale a dépêché un fonctionnaire pour s’enquérir de la situation de cette famille. La maman a été reçue également par la directrice de l’action sociale au niveau du siège de la DAS où elle a écouté longuement ses explications. Ecoutons Madame L.Younes : « Je remercie beaucoup Madame la directrice d’avoir accepté de me recevoir. J’ai reçu un colis alimentaire de la part des services de la direction de l’action sociale. J’ai expliqué à Madame la directrice que mon premier souhait est le déménagement vers les nouveaux logements, cela fait presque deux ans que nous attendons. Mon rêve est que les autorités locales aide mon époux à trouver n’importe quel travail afin que je ne donne plus main pour recevoir des aides». Nous avons appris de la part d’un représentant de la société civile que plusieurs autres familles se trouvent dans la précarité totale où seule la direction de l’action sociale tente de venir en aide. Nous avons appris que plusieurs chefs de familles ont émis le vœu d’être reçus par les chefs de daïra de Azzaba et de Skikda mais un refus aurait leur a été signifié. Nous avons-nous même tenté de joindre les deux chefs de Daïra à ce sujet mais en vain. « Ils sont à l’extérieur, en réunion, en déplacement, les citoyens en question n’ont qu’à aller voir avec les présidents de l’APC de leurs communes respectives», nous a-t-il répondu à chaque fois. Malgré nos efforts, nous n’avons pas pu joindre les deux chefs de daïras.

Moncef Redha