L’industrie culturelle, cette opportunité «à saisir»

Générateur de valeur ajoutée et multiplicateur d’emplois

Les professionnels du secteur de la culture et les pouvoirs publics relancent la réflexion sur la nécessité de soutenir l’innovation artistique et de réaffirmer l’importance de la solidarité entre les différentes branches de l’industrie culturelle dans le développement économique et social.

Tenant compte des promesses faites par le Gouvernement, qui a exprimé sa disposition à les accompagner, les artistes et les investisseurs veulent agir rapidement pour relancer, effectivement, les arts et la culture. Ainsi, pour investir dans un levier de développement économique important, aux retombées incontestables, il est nécessaire d’encourager les initiatives jeunes et innovantes, mais aussi de repenser les modèles de création et de diffusion des produits culturels. Conscients des difficultés et des obstacles qui freinent l’émergence d’un secteur culturel marchand, structuré et concurrentiel, le Gouvernement promet des changements et d’apporter des solutions pratiques. Aussi de revoir et de réadapter la législation au contexte actuel afin de protéger l’artiste et ses œuvres contre le plagiat et l’usurpation.
Une démarche nécessaire pour s’adapter à l’évolution technologique du monde de la culture à travers le monde. Ces points importants ont fait l’objet d’un débat vif parmi les professionnels du secteur de la culture et des différents cadres et responsables d’organisations et d’associations culturelles, lors du premier Forum national sur l’économie culturelle, organisé à Alger, depuis samedi dernier. Une occasion rare qui a permis aux cinéastes, artistes et investisseurs de dresser un état des lieux des plus «inquiétants et alarmants» du secteur, en quête de renouveau et de soutien de l’Etat. Le manque d’infrastructure culturelle et le monopole de la production cinématographique et télévisuelle par l’Etat, depuis des années, ont constitué un véritable frein pour le développement de l’industrie culturelle.
Aujourd’hui, les pouvoirs publics explorent toutes les pistes de sortie de crise et toutes les alternatives qui mènent vers une diversification certaine de l’économie nationale. Également, profiter de l’avancée numérique et accélérer la transition culturelle en encourageant l’interaction et la co-création dans les différentes branches de l’industrie culturelle et surtout regagner la confiance du public qui, avec le temps, s’est désintéressé du monde la culture. Déçu du manque de diversité culturelle et du manque de créativité. Un sentiment de déception que partagent les cinéastes et les artistes qui ne cessent depuis des années de dénoncer ces lacunes et de réclamer plus de considération et d’intérêt à leur travail. Lors de cette rencontre, plusieurs cinéastes et sociétés de production cinématographiques ont abordé les difficultés de financements et de législation qui les empêchent de travailler.
Pour sortir de cette impasse, ces participants ont plaidé pour la levée des obstacles financiers, fiscaux et réglementaires qui freinent les initiatives des jeunes artistes et créateurs de contenu. De surcroît, améliorer les infrastructures culturelles et intégrer le secteur privé dans le développement du secteur culturel marchand. Sa remise à niveau exige, certes du temps, mais surtout d‘anticipation. «L’évaluation des ateliers du Forum de l’économie culturelle se fera dans six mois», a indiqué, avant-hier, le chef de division Capital humain au Conseil national économique, social et environnemental (Cnese), Debbi Ali, estimant que ce domaine représente un potentiel d’innovations économiques et sociales et les initiatives des jeunes créatifs et du privé sont à appuyer. C’est ce qu’a fait savoir le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, qui a mis l’accent sur l’impératif d’accompagner l’investissement culturel.
Ce dernier représente un atout qui va bien au-delà de la créativité artistique et culturelle, c’est un créateur de valeur ajoutée et un multiplicateur d’emploi. Les manifestations culturelles, les salles de cinémas, les écoles de formations artistiques et la production cinématographiques ainsi que les diverses activités touristiques peuvent contribuer directement à la croissance économique du pays et à la cohésion sociale. L’Algérie veut, désormais, relancer et tirer profit de ce secteur porteur. La coopération et la coordination entre les différentes parties sont, toutefois, nécessaires. Lors d’un atelier portant sur «les mécanismes de coordination intersectorielle», M. Debbi a souligné que ce forum «se veut une réunion de coordination entre le ministère de la Culture et des Arts et plus de 20 autres secteurs ainsi que des acteurs culturels».
Une occasion, aussi, pour se rapprocher des entreprises et établissements de financement présents sur place, à l’instar de l’Agence nationale de gestion du micro-crédit (Angem) relevant du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, qui a proposé des micro-crédits à concurrence «d’un million de dinar sans intérêts destinés aux projets des artisans et autres professionnels outre l’accompagnement et la formation». Le financement à lui seul ne suffit pas pour dynamiser et revitaliser le secteur de la culture en Algérie. Il a besoin de plus de liberté et d’espace pour reconstruire ce secteur, après des années de souffrance qui ont altérée le sens de la culture et son rôle dans l’éducation de la population. Le temps est venu de redonner à cette valeur sa place et de se réconcilier avec son public et son histoire. Egalement, contribuer à la croissance économique.
Samira Takharboucht