Une maman de 44 ans et sa fille de 5 ans tuées par un exorciste « raki »

Béjaïa

Un double meurtre a été perpétré sur une femme et sa fille par une personne qui s’est auto-proclamée «raki», au niveau de la localité d’Ichekaben, commune de Feraoun, wilaya de Béjaïa. L’auteur de ces horribles meurtres n’est autre que le frère de la maman (44 ans) et l’oncle maternel de la petite fille âgée de 5 ans.

Selon un communiqué de la Gendarmerie nationale de Béjaïa, l’affaire remonte au 9 mars dernier lorsque l’auteur de ce double meurtre s’est rendu au domicile des victimes pour exercer de l’exorcisme, un procédé islamique dit «roqya ». Les victimes Mme Rahima (44) ans et sa fille Manel (5ans) ont été sauvagement tuées par ledit «raki ». Ce dernier a indiqué qu’il avait pour mission de «chasser les Djins» qui, selon lui, ont habité les corps des deux victimes. Pourtant, les corps de la femme et de la petite fille ne comportaient pas de chambre pour que les Djins viennent y habiter. Selon des informations dignes de foi, le meurtrier aurait demandé une première fois à sa sœur de lui remettre la petite fille afin de pratiquer de l’exorcisme. Les mêmes sources ont ajouté que la maman a refusé catégoriquement la demande de son frère. Profitant de l’absence de l’époux, le raki s’est rendu au foyer de sa sœur, il était accompagné par des membres de sa famille, à savoir, la grande-mère, le grand-père, et de la tante de la petite fille. Durant le procédé rituel de la «roqya», les deux victimes auraient reçues plusieurs coups au niveau du corps de la part du «raki», alors que des traces d’étranglement auraient été constatées sur le cou de la petite Manel. La maman et sa fille ont été évacuées par les membres de la famille vers un établissement de santé de proximité. Les responsables de cette structure hospitalière qui avaient constaté que les deux corps étaient sans vie ont appelé la Gendarmerie nationale. Sitôt alertés, les éléments de la Gendarmerie nationale se sont rendus au niveau de structure de santé. Sur place, les gendarmes ont constaté que les corps portaient des traces de coups sur les visages des deux victimes. Après avoir informé le Parquet, une information judiciaire a été ouverte à ce sujet, chose qui a permis l’interpellation de quatre personnes dont l’auteur présumé du double crime. Présentés au Parquet, les quatre mis en cause ont été mis en détention provisoire par le magistrat instructeur. Quelques jours après, les trois membres de la famille auraient été libérées, et seul l’homme qui a tué la maman et la fille demeure incarcéré. Cet état de fait n’a pas été apprécié par les défenseurs des droits de la femme, d’autres organisations des droits de l’Homme, Réseau Wassila et surtout par le Collectif de soutien aux personnes décédées. Une marche silencieuse a été organisée au niveau du village Ichakaben pour réclamer que justice soit faite. Pour en savoir plus à ce sujet, nous avons jugés utile de prendre attache avec la Cour de justice de Béjaïa. Malgré nos efforts pour joindre à plusieurs reprises le procureur général ou son adjoint mais en vain. «Le procureur général n’est pas dans son bureau. Il en est de même pour le procureur adjoint chargé de la communication. Un problème du standard ne permet pas de passer les communications à l’intérieur de la Cour». Nous avons donné ici, les réponses données à nos dizaines de communications téléphoniques visant à joindre un responsable au niveau de la Cour de Béjaïa. Ce drame n’est pas le premier et sera pas certainement le dernier, plusieurs cas similaires ont été enregistrés, endeuillant plusieurs familles à travers l’ensemble du territoire national. La mort de la maman et de sa fille a été condamnée par des milliers d’Algériens qui à travers les messages postés sur Facebook ont appelé à interdire ce genre de pratique du moyen âge.

Moncef Redha