Ahmed Marani en fait partie

Ces hommes politiques qui ont sauvé le pays et la République :

Pour que nul n’oublie, des hommes et des femmes se sont sacrifiés pour sauver la République, le peuple et le pays durant les années de braise (décennie noire). Ces hommes ont préféré l’intérêt du pays et de la nation avant leurs propres intérêts. L’ex-ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, M. Ahmed Marani a fait partie de ces grandes personnalités et « hommes d’Etat ».

En effet, face à la barbarie des groupes armés, M. Ahmed Marani a choisi l’intérêt de l’Algérie avant ses intérêts personnels. Prenant son courage à deux mains, cet homme (Arguez) a dit «haut et fort» ce que la majorité a peur de dire, après réflexion et simplement entre les lèvres. Ces derniers avaient peut-être raison, il s’agit d’une question de vie ou de mort et seuls quelques personnes qui avaient fait le premier choix. Monsieur Ahmed Marani a appliqué à la lettre le dicton du martyr Tahar Djaout, à savoir : « Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs ». Il faut revenir aux années 1990, lorsque le gouvernement a adopté une nouvelle stratégie visant à renforcer la liberté de la presse et la mise en place du pluralisme politique dans le pays. En matière de presse, des dizaines de journaux, que ce soit en langue arabe ou en français ont été créés.
Il en est de même pour les partis politiques qui sont passés d’un coup d’un parti unique à plus de 50 mouvements politiques. M. Marani n’a jamais pensé à intégrer une organisation quelconque ou un mouvement politique. Il a été sollicité par une connaissance, à savoir le cheikh Abassi Madani d’intégrer sa formation politique qu’il venait de fonder, le Front islamique du salut. Selon M. Marani, cette offre a été refusée à plusieurs reprises avant qu’il ne révise sa décision et d’accepter la demande de Cheikh Abassi. En raison de ses connaissances religieuses et son savoir-faire, il a été nommé dans le bureau politique du parti et membre du Conseil de la Choura, genre du parlement mais religieux. Pour Monsieur Marani, le Front islamique du salut était un parti comme les autres mais qui a beaucoup plus de popularité.
Malheureusement, tout a basculé lorsque M. Marani a immédiatement pris ses distances avec le parti après que les dirigeants du FIS ont appelé à la grève générale de 1991. Il n’était pas le seul, un autre homme qui n’est plus de ce monde à pris la sage décision que M. Marani, à savoir feu Bachir Fekih. Ne s’arrêtant pas là, Ahmed Marani a eu le courage de tirer la sonnette d’alarme publiquement et à travers les médias lourds sur les conséquences que pourrait entrainer la politique du FIS à la veille de la grève de 1991, lancée par les dirigeants du FIS. «L’Algérie est en danger, je tire la sonnette d’alarme, il faut agir vite avant qu’il ne soit trop tard», a averti Ahmed Marani. M. Ahmed Marani savait qu’il signait son propre acte de décès lorsqu’il avait pris la décision de se retirer du FIS et surtout d’avoir déclaré que les dirigeants de ce parti s’apprêtaient à mettre le feu dans le pays.
Effectivement, M. Ahmed Marani a échappé à trois reprises à la mort lorsqu’il a été visé par des attentats terroristes. L’un des attentats dont il a fait l’objet a été soigneusement préparé par un groupe de Djihadiste du GIA, à proximité de la forêt de Baïnem. Le second attentat a eu lieu à La Casbah, au mois d’août 1991, lorsque M. Ahmed Marani a rendu visite à des parents. Enfin, le 3e attentat a été perpétré contre M. Marani à Bouzéréah à l’ouest d’Alger. Par mesure de sécurité, la famille de M. Marani a été invitée à quitter l’appartement où elle vivait auparavant, elle a été placée en un lieu plus sûr. Il est tout à fait logique que l’Etat ne peut oublier ses enfants qui se sont sacrifiés pour la patrie. M. Marani a été nommé conseiller dans le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali. Il fut ensuite nommé par le Président Liamine Zeroual en qualité de ministre des Affaires religieuses de janvier 1996 à juin 1997. Ces décisions prises par les dirigeants du pays étaient le moindre remerciement que l’Etat pourrait rendre à une personne qui a mis sa vie et celle de sa famille en danger pour sauver le pays et la République.
Moncef Redha