Les cultures de la betterave sucrière et de la canne à sucre ont été couronnées de résultats «encourageants»

El Oued

L’introduction de certaines cultures stratégiques ces dernières années, à titre expérimental, dans la wilaya d’El-Oued, à l’instar de la betterave sucrière et de la canne à sucre, ont été couronnées de résultats «encourageants», selon des professionnels locaux qui leur augurent des perspectives «prometteuses» dans le Sud du pays.

Les expériences réussies de ces cultures, développées ces dernières années dans différentes régions du Sud du pays, avec l’appui d’agronomes sahariens, ouvrent la voie à la réalisation d’une autosuffisance en produits de sucre, de large consommation, et contribuer à la réduction de la facture d’importation, ont estimé des professionnels et des agronomes à El-Oued, spécialisés dans l’agriculture saharienne. Selon des recherches menées sur le terrain, et à titre d’illustration, la culture d’une superficie de 100.000 ha de betterave sucrière devrait contribuer à atteindre une autosuffisance nationale en sucre, estimée autour de 2,12 millions de tonnes. Le chercheur Ahmed Allali, du département d’agronomie à l’université d’El-Oued, affirme avoir accompagné personnellement cette expérience culturale (betterave) à travers les wilayas du Sud, dont celle lancée depuis 2015 au niveau d’une exploitation agricole de la commune de Kouinine (wilaya d’El-Oued).
Une expérience qui a commencé, depuis la saison 2016/2017, à gagner du terrain pour s’étendre à d’autres exploitations dans les communes de Guemmar et Hassi-Khelifa. Ce chercheur, agronome-saharien de formation de base, n’a pas manqué de recommander, à la lumière des recherches et études menées, l’extension des surfaces de la culture de la betterave en tant que segment stratégique rentable susceptible d’assurer l’autosuffisance en sucre et réduire la facture d’importation en la matière, avant de déplorer que ses recherches pratiques, fruit de profondes études, n’aient pas encore trouvé l’écho voulu pour booster l’économie nationale. Ce qui n’a pas découragé M. Allali qui a poursuivi en 2019 ses nombreuses expériences pour le développement des cultures stratégiques dans le cadre de la consécration de l’approche d’ouverture de l’institution universitaire sur l’environnement économique et des prospectives de l’Etat de rendre à l’agriculture sa place stratégique dans l’échiquier économique national.
Défendant sa conception du développement des cultures stratégiques au Sud, il rappelle que les hautes instances du pays accordent tout l’intérêt voulu au développement de la betterave sucrière en Algérie, en tant que filière culturale à même de permettre de lutter contre la saignée des devises et l’importation du sucre, dont la facture d’importation s’est élevée l’année dernière à plus de 726 millions dollars, selon les données officielles de la direction des études et de la prospection des Douanes algériennes. Dans l’optique de mettre en valeur la mission des institutions et laboratoires universitaires et instituts agricoles, relevant du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, il a été procédé au choix, la saison dernière, de 15 sites dans la commune d’El-Oued pour mettre en œuvre l’expérience de culture de cinq espèces de betterave sucrière, dont le processus cultural se situe entre les mois de septembre et mars. Les recherches et expériences menées au Sud du pays se sont avérées réussies, à la faveur des conditions favorables au développement de cette filière, notamment les facteurs hydro-édaphiques et climatiques, d’après M. Allali qui fait état d’un rendement pouvant atteindre 90 tonnes/ha pour la betterave, avec un taux de saccharose de 23,3%, plus élevé que la moyenne mondiale établie à 16%.
Des résultats «concluants» ont été obtenus sur des terres pourtant à haute teneur en sel (6,4 gr/l), poursuit le chercheur en signalant que la culture de la betterave pourra remédier à la saturation de la terre par la revivification biologique du sol et la lutte contre les maladies édaphiques, permettant, ainsi, la réalisation d’un produit dit «Bio». S’agissant de la mobilisation de l’eau pour son irrigation, il a rassuré que la culture industrielle de la betterave nécessite, avec un système de goutte-à-goutte, 10.000 m3 à l’hectare, soit un taux moins que celui mobilisé pour la culture de l’ail et de l’oignon. La répartition d’une superficie de 100.000 hectares pour la culture de la betterave sucrière à travers les 1.541 communes du pays donnerait une moyenne de 65 ha par commune, ce qui ne nécessite pas un grand besoin en eau d’irrigation, a-t-il argumenté. Et d’ajouter que cette culture peut contribuer, après extraction de la partie verte (80 tonnes/ha), à la production de 200 bottes/ha de résidus fourragers, sachant que l’équivalant (200 bottes/ha) de luzerne, par exemple, consomme près de 2.000 m3 d’eau, a-t-il poursuivi en évoquant aussi des perspectives d’investissement dans ce créneau aux diverses utilisations, dont celles microbiologiques (éthanol, levure et acide citrique).

Création de la première pépinière nationale de canne à sucre
Entre autres segments culturaux appelés à être développés dans la wilaya d’El-Oued, l’expérience de la canne à sucre, dont les premiers essais ont donné, l’année dernière, des résultats «remarquables» au niveau d’exploitations agricoles dans des communes à vocation agricole, a indiqué le secrétaire général de la Chambre de l’Agriculture de la wilaya. Ahmed Achour a signalé que la première expérience de développement de cette filière «stratégique» a été menée en 2007 avant de s’étendre, après acquisition de semis d’Egypte (région de Saed) et de l’Arabie Saoudite (Djeddah), à travers la wilaya d’El-Oued avec le concours d’agronomes et d’agriculteurs chevronnés de la région. La première pépinière de culture de la canne à sucre, la première à l’échelle nationale, a été implantée dans la commune d’El-Magrane (30 km Est d’El-Oued), sur initiative d’agriculteurs désirant se lancer dans ce type d’expériences, à l’appui de campagnes de vulgarisation et d’accompagnement assurés par les dispositifs et acteurs du secteur agricole soucieux de diversifier les ressources de l’économie nationale. Selon l’initiateur du projet de la pépinière, Ahmed Abdelkamel Belkherraz, l’idée remonte à 2017 puisant de données et connaissances ayant prouvé le succès du développement de cette variété dans la région d’El-Oued, en suivant les consignes d’un bureau d’études indien spécialisé, et des données fournies par des sessions de formation sur cette culture stratégique, créneau agricole prometteur. Selon M. Belkherraz, l’expérience a donné des résultats «probants» en régions sahariennes au regard des conditions climatiques favorables pour donner un rendement de 60 quintaux à l’hectare.
Le président de la Chambre nationale de l’Agriculture, Mohamed Yazid Hambli, a souligné, de son côté, que «le projet de la pépinière est appelé à ouvrir de nouvelles perspectives à l’investissement agricole, en jetant les socles d’une économie agricole indépendante, à même de constituer une ressource essentielle pour l’économie nationale. Il a révélé, à ce titre, que la Chambre a arrêté un ambitieux programme d’appui et d’accompagnement technique consistant en la vulgarisation pour développer et généraliser cette filière agroalimentaire stratégique. Abondant dans le même sens, l’agronome Noureddine Benamara a mis en exergue la nécessité, pour les services du ministère de tutelle, d’asseoir une stratégie bien étudiée, susceptible d’assurer une exploitation optimale de cette nouvelle culture qui a donné des résultats concluants, à la faveur d’efforts de vulgarisation et d’appui technique. Le même responsable a souligné, en outre, la nécessité de peaufiner un plan technique axé sur la formation et la vulgarisation à même de valoriser la faisabilité et l’incidence économique de la culture de la canne à sucre aux diverses exploitations, aux faibles coûts de culture et de suivi, et à son exploitation aussi comme brise-vents pour la protection des cultures.
R. R.