«On n’a rien fait pour arranger les choses, le prix des poissons est exorbitant»

Pêche et ressources halieutiques

Malgré les multiples visites successives du secteur de la pêche sur le territoire de la wilaya de Annaba, les fruits de mer ou le poisson en général connaît une réelle insuffisance sur le marché local et devient un vrai luxe pour toutes les bourses malheureusement.

Certainement les propos et les dires du ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi, étaient les mêmes et déjà entendus auparavant lors de ses visites effectuées à Annaba notamment en octobre 2013. Il avait déjà évoqué que son secteur manque de stratégie aussi de moyens humains et de matières. Hier le 10 avril 2021 durant sa visite pour les ateliers régionaux pour le développement et la promotion du pôle de pêche dans la région Est, le ministre a expliqué clairement que l’Etat manque de moyen pour sauver son secteur des eaux troubles. «Les années passées, nous avions des moyens de financement mais aujourd’hui le cas n’est pas le même, nous cherchons toujours des moyens et des solutions et je ne peux pas me permettre de construire de nouveaux infrastructures pour la pêche parce que nous manquons de financement !» et d’ajouter «on n’a rien fait pour arranger les choses, les prix des poissons sont toujours en hausse», avoue-t-il devant les responsables régionaux du secteur.

Afin de lutter contre la pêche illicite, les exportateurs des produits de la pêche vers l’étranger devront selon la réglementation disposer d’un certificat de capture délivré par le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Certainement, les lots de poissons transformés et importés par les pays membres de l’UE or, dans cette optique il faut souligner que la zone de pêche qui est évaluée à 9,5 millions d’hectares, soit un littoral de 1 200 km riche en ressources halieutiques évaluées à prés de 200 000 tonnes par an. Des réserves estimées selon la direction de la pêche à 100 000 tonnes par an, sur le plan des exportations, l’Algérie exporte les crevettes, le thon rouge, le poulpe, la sardines et la langouste. Il faut savoir que la production algérienne est de seulement 130 000 tonnes/an avec pour conséquence un très faible ratio de consommation par habitant, soit 5 kg par an alors que la moyenne de la consommation par habitant dans le monde est de 15,7 kg, au Maroc elle est de 8 kg et en Tunisie de 10 kg. Le quota de thon attribué à l’Algérie est de l’ordre de 138 tonnes.

Anarchie et absence de contrôle au port de pêche de Annaba Le port de pêche de Annaba vit actuellement une certaine anarchie et un désordre total avec ses quelques centaines de sardiniers qui appartiennent aux pêcheurs venant particulièrement des wilayas de Jijel, Skikda et Mila, nous font savoir certains hommes de la mer. Ces derniers signalent à La Nouvelle République que parmi ces vieux et jeunes pêcheurs, plusieurs d’entre eux ne possèdent aucun permis pour exercer ce métier précieux et l’absence de tout contrôle pousse une catégorie de gens à imposer par la force leur loi, pour ne pas dire leur diktat. C’est, dénonce-t-on, la mafia qui gère réellement et parfaitement le port de pêche et le marché du poisson local. Les marins pêcheurs, nous dit-on, qui sont contre et qui s’opposent sont à vrai dire dangereusement menacés, indiquent nos interlocuteurs. Par ailleurs, il est à relever dans ce contexte que l’absence totale du service d’ordre a, selon toute vraisemblance, aidé à la prolifération de quelques conteneurs non autorisés appartenant à cette redoutable mafia armée d’armes blanches qui cause une situation d’insécurité au niveau du port de pêche la Grenouillère, souligne-t-on de mêmes sources. Avant, le port était géré par la commune de Annaba qui actuellement semble être hélas dans l’incapacité de maîtriser la situation actuelle qui ne cesse d’ores et déjà de dégénérer. Selon les constatations faites, un manque de surveillance, d’organisation et de sécurité perdure et règne dans cette activité porteuse.

D’après certains armateurs, la mafia qui règne en maître par la force impose aux livreurs de payer cash pour qu’ils puissent s’approvisionner au niveau de la grenouillère, nous font-ils savoir. Cela crée d’autre part, une flambée vertigineuse des prix de détail du poisson vendu sur les marchés de la ville et au niveau de diverses poissonneries non pas par manque du produit extrait de la mer mais par fuite de plusieurs pécheurs qui vont vendre leur pêche ailleurs, nous affirment nos informateurs. Une région riche en poissons Certainement la wilaya d’El Taref qui dispose d’une vaste zone côtière de plus de 1 000 km2 en plus des lacs Tonga, Oubeira et Mellah formant une véritable réserve intégrale de plus de 2 600 hectares riches en diverses espèces de poissons notamment les anguilles, la dorate, la crevette grise et la carpe. Le secteur de pêche en question avait enregistré une production de 5 444 tonnes de poissons en 2012 et près de 80% de cette production locale sont vendues hors wilaya notamment à Sétif, Constantine, Batna, Annaba et Alger. La flottille de pêche de cette wilaya est composée de 48 sardiniers, 16 chalutiers et de petits métiers. Le projet tant attendu d’un nouveau port réalisé en partenariat avec une société mixte algéro-italienne «Sotramest et CMC di Ravenna» affiche un taux d’avancement de 90% pourrait lever le poids sur le port de pêche d’El Kala qui est d’ores et déjà saturé d’une capacité de 100 embarcations seulement, indique-t-on. Flottilles de pêche à Annaba Cette ville possède 4 sites d’échouage répartis d’Est à l’Ouest du littoral sur les plages de Sidi Salem, Seybouse, la Caroube et Chetaibi pour une flottilles globale de 529 immatriculées dont 309 actives avec une population maritime à la pêche de 4253 personnes. La production halieutique en juillet 2013 a été de 3 197 tonnes dont 72% de poissons bleus et bancs, crustacés et mollusques céphalopodes. Les quantités exportées durant les 8 mois derniers étaient de l’ordre de 62 270 kg dont 44 543 kg de crustacés congelés et 17 720 kg de mollusques congelés, souligne-t-on.

Oki Faouzi