Le gouvernement français se démarque

Ouverture d’un bureau LRM à Dakhla

Le gouvernement français a désavoué la décision d’un comité de «La République en marche» (LREM), parti du Président Emmanuel Macron, d’ouvrir une antenne à Dakhla, au Sahara occidental occupé par le Maroc.

«C’est une initiative prise localement que je regrette et qui ne change rien à la position de la France sur cette question hautement sensible», a déclaré Clément Beaune, secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, lors d’une séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Clément Beaune a rappelé le «risque permanent de tension» au Sahara occidental, et a souligné l’importance de la recherche d’une solution politique «dans le cadre de la légalité internationale et des Nations unies». «L’ensemble de cette situation rappelle l’urgence de la seule voie possible, celle de la reprise d’un processus politique», a ajouté Clément Beaune. La France continue toutefois de soutenir la solution d’autonomie destiné à maintenir le Sahara occidental sous occupation marocaine.
Mais, par cette déclaration, le gouvernement français laisse entendre qu’il n’a pas l’intention d’ouvrir un consulat de France à Dakhla. L’ouverture du bureau de la LREM à Dakhla en territoire sahraoui occupé est intervenue dans un contexte de «turbulences» dans les relations algéro-françaises, et a été interprétée comme un geste, pour le moins inamical à l’égard de l’Algérie qui soutient la lutte du Front Polisario pour l’indépendance de cette dernière colonie en Afrique. Ce fait s’est ajouté au report de la visite en Algérie du Premier ministre français Jean Castex et de la réunion. La déclaration du secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, défavorable à « l’initiative locale» d’un comité LREM, peut être perçue comme une marque supplémentaire de la volonté française d’aller vers l’apaisement dans les relations entre l’Algérie et la France.
Des voix en France même, se sont également élevées contre l’ouverture, dont l’opportunité reste inexpliquée, d’un comité de la LREM au Sahara occidental. Mardi, c’était au tour du Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les peuples (MRAP) de condamner dans un communiqué la décision du parti d’Emmanuel Macron, LREM, d’ouvrir une antenne dans la ville occupée de Dakhla, affirmant qu’elle entérinait l’occupation du Sahara occidental. «Cherchant à satisfaire toujours davantage les exigences marocaines, Emmanuel Macron a franchi un pas supplémentaire quelques jours avant la réunion du 21 avril du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée au Sahara occidental», a déploré le mouvement dans son communiqué.
«Son parti, La République en marche a fêté son 5ème anniversaire an annonçant l’ouverture d’un Comité à Dakhla au Sahara occidental occupé. Premier pas pour l’ouverture d’un consulat français ?», s’est interrogé le MRAP. «Emmanuel Macron a-t-il l’intention de prendre le relais de Donald Trump qui avait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ?». Se déclarant «solidaire» de la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance, le MRAP a condamné la décision du parti présidentiel LREM. Il a rappelé que depuis des années, la France constitue «un des principaux obstacles» à la solution du conflit au Sahara occidental». «Aux Nations unies, elle s’oppose à la mise en œuvre du référendum d’autodétermination et va même jusqu’à empêcher l’extension du mandat de la Mission des Nations unies (Minurso) au respect de la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental», a relevé le MRAP.
De son côté, le Parti communiste français (PCF) a condamné cette provocation de La République En Marche qui avilit les engagements internationaux de la France et contribue à la destruction du droit international. Jean-Paul Lecoq, député communiste, avait pour sa part qualifié de «honte» l’ouverture de ce Comité local et a reproché à Emmanuel Macron de «cracher sur les résolutions d’institutions officielles comme l’ONU ou la Cour européenne de Justice». On sait que le Front Polisario a recadré le parti présidentiel français, LREM, lui rappelant que Dakhla ou «Villla Cisneros», fait partie du territoire non autonome du Sahara occidental illégalement occupé par le Maroc, où sévit la guerre», et non pas dans les «provinces du Sud du Maroc». La création par LREM d’un comité à Dakhla constitue une violation flagrante du statut international du Sahara occidental, qui fait l’objet d’un processus de décolonisation, a-t-il dénoncé.
Lakhdar A.