Un des cinq piliers de la pratique religieuse en Islam

Le jeûne du ramadhan dans tous ses états

Chaque musulman a en tête les souvenirs de son premier jour de ramadhan vécue comme événement personnel et familial et qui reste gravé à vie. Les musulmans encouragent les enfants à s’initier au jeûne, on organise une petite cérémonie pour ce premier jour parce qu’on le considère comme un exploit, surtout quand cela a lieu pendant la saison chaude.

D’année en année, les enfants s’essaient à des jours éparpillés de ramadhan et un jour ils font un mois complet, c’est le début d’une longue expérience étalée sur toute la vie. Chaque année, on apprend qu’il y a un décalage de 11 jours et jusqu’à la 33ème année, on aura connu le ramadhan de toutes les saisons. Quelquefois dans les discussions, on essaie de faire la comparaison entre le ramadhan en été et en hiver, dans les pays où les saisons sont très bien marquées par ce qui les caractérisent. On essaie de faire comprendre qu’en hiver, avec les journées courtes, il est plus facile de jeûner, contrairement aux longues journées caniculaires de l’été. Détrompez-vous, disent les connaisseurs, il est préférable de vivre le jeûne en été, à condition de trouver le moyen de ne n’avoir pas trop soif, et les journées sont longues mais supportables malgré la chaleur. Mais on supporte moins le jeûne en période de froid au cours desquels on se couvre du mieux qu’on peut, le manque de nourriture rend le froid plus aigu ; en temps normal la nourriture chauffe le corps. Cela dépend des conditions de vie, mais d’une manière générale, c’est la foi qui nous aide à supporter la faim du ramadhan particulièrement éprouvants. Que l’on voyage, que l’on travaille dur l’essentiel est qu’on ait de fortes convictions religieuses.

Référons-nous aux sourates coraniques pour connaître tout sur le jeûne

Il a été révélé pendant le mois sacré par l’intermédiaire de l’ange Gabriel au prophète Mohammed(que le salut de Dieu soit sur lui) dans la grotte Hira : « Oui, nous l’avons fait descendre/ durant la Nuit du Décret. Comment pourrais –tu savoir/ Ce qu’est la nuit du Décret ?/ La nuit du Décret est meilleur que mille mois !/ Les Anges et l’Esprit descendent durant cette Nuit./avec la permission de leur seigneur,/ pour régler toute chose/Elle est Paix et Salut/ jusqu’au lever de l’aurore ! » Chaque année, les Musulmans observent le ciel dans la nuit du 27ème jour de ramadhan, dans l’espoir de voir le ciel s’ouvrir pour formuler des vœux qui seraient vite exaucés par Dieu. Quand il s’ouvre, il parait que c’est un univers immense et lumineux qu’il est difficile de fixer des yeux. Il ne s’ouvre que devant des croyants méritants. Mais nous avons le témoignage de quelqu’un qui a vécu il y a de cela plus d’un demi –siècle, qui a vu le ciel s’ouvrir alors qu’il n’avait que dix sept ans dans la nuit du 27ème jour de ramadhan de fin de printemps, au repas du shour, vers 3 heures et demie du matin; le jeune n’avait pas compris ce que c’était, il a vu une lumière éblouissante, difficile à fixer des yeux après que le ciel se fut ouvert. Le jeûne est une obligation pour tous ceux qui sont en mesure de le supporter. A la sourate sourate « El baqara », versets 183 à 185, nous trouvons d’assez longs versets où il est recommandé aux croyants de jeûner pour leur bien : « jeûner est un bien pour vous. Peut-être le comprendrez-vous. » Le jeûne est une obligation, au même titre que les quatre autres. On ne peut pas s’y soustraire à moins d’empêchement majeur comme la maladie ou le voyage. Mais quiconque aura été empêché est tenu de compenser le nombre exact de jours au cours desquels il n’a pas respecté le jeûne. « Ceux qui pourraient jeûner et qui s’en dispensent/ devront, en compensation, nourrir un pauvre. Celui qui, volontairement, fera davantage/ y trouvera son propre bien. » On voit bien que l’idée d’obligation est bien évidente ici. Celui qui, volontairement fera davantage y trouvera son compte. A côté de ce jeûne annuel d’un mois obligatoire, il y’a ce qu’on appelle le jeûne de réparation dans le cas où quelqu’un est malade au cours d’un pèlerinage accompli pour Dieu, voici ce qui est dit : « Si l’un de vous est malade ;/ s’il souffre d’une affection de la tête,/ il doit se racheter par des jeûnes,/ par une aumône, ou par des sacrifices. » Dieu laisse au musulman redevable, le choix entre plusieurs possibilités de se racheter. Celui qui est dépourvu de moyens, il y a toujours une solution : le jeûne. Ceci est dit clairement dans le Coran, sourate :El Baqara, V 196 : « Celui qui n’en trouvera pas les moyens la compensera/ par un jeûne de trois jours, durant le pèlerinage/ et de sept jours lorsque vous serez de retour,/ soit, dix jours entiers. » A la sourate « El Moudjadala(La discussion)V 3 et 4, porte sur « ceux qui répudient leurs femmes avec la formule : Sois pour moi comme le dos de ma mère/ et qui le répètent » / devront affranchir un esclave/ avant de pratiquer de nouveau la cohabitation/ Vous êtes exhortés à agir ainsi/ Dieu est parfaitement informé de ce que vous faites/ A quiconque n’en a pas la possibilité/ incombe un jeûne de deux mois consécutifs/avant de pratiquer de nouveau la cohabitation. » Deux mois de jeûne consécutifs sont un indicateur de la faute à payer.

Le jeûne et nos traditions

Le jeûne est resté tel que nous l’avons toujours connu, mais les traditions changent selon les générations et les régions. Le jeûne a toujours été pratiqué dans la même ferveur. Il faut noter que nos ancêtres des siècles passés faisaient preuve de grand courage malgré les aléas d’une vie difficile. Ils cultivaient ce qu’ils consommaient localement et se contentaient du peu dont ils disposaient pour faire face au mois de ramadhan. Par exemple, le raisin sec sans pépins payé actuellement à un prix exorbitant, sous prétexte qu’il vient des pays lointains. Ils savaient quelques techniques de séchage du raisin, mais ils le mangeaient avec les pépins. Mais ils avaient d’autres plats traditionnels qui pouvaient remplacer le plat de couscous au raisin sec. Et quand le mois de ramadhan avait lieu pendant la saison du raisin, ça se passait autrement avec les différentes variétés de raisin frais qu’ils mangeaient avec grand appétit accompagné d’un couscous même d’orge bien huilé ou beurré, sinon au lait caillé, la plupart des familles avaient une vache ou des chèvres. Ce qui leur permettait de mieux résister à l’épreuve difficile de la faim. La chorba ou la hrira n’étaient pas nécessaires, on se contentait de ce qu’il y avait pourvu que cela rende résistant à la faim. Chez nos ancêtres, il y avait une différence entre celui qui pouvait consommer de la viande pendant le mois de ramadhan, et celui qui vivait le plus simplement. Grâce à Dieu, tous ces pauvres et démunis ont vécu malgré les manques, ils ont pu surmonter des épreuves difficiles. Dieu est grand, il n’oublie pas les croyants démunis et il leur vient en aide. Les vrais pauvres ne se reconnaissent pas, ils n’ont jamais tendu la main, ils ont aussi la propreté morale que Dieu, Tout Puissant, apprécie. Nos ancêtres avaient certaines habitudes qui n’existent plus de nos jours, par exemple se prémunir de nouveaux ustensiles de cuisine, en prévision du mois de ramadhan qui arrive ; par exemple ils aimaient changer la marmite ou acheter ce qu’ils n’ont pas toujours pour la cuisine. Ils aimaient aussi badigeonner les murs de la maison avant l’arrivée du mois de ramadhan. Et quand c’était le jour supposé de la nouvelle lune, on se mettait à plusieurs dans une atmosphère de joie à regarder le ciel, le soir avant le coucher du soleil, pour voir le nouveau croissant lunaire, ceux qui avait une bonne vue étaient soumis à rude épreuve, on gardait toujours le nom de celui qui avait réussi à détecter la lune. Et celui qui la voit était champion, il criait : ça y est, je la vois et il la montre aux autres, demain c’est le ramadhan, se répètent-ils. Quand on ne l’avait pas vu, le ramadhan était repoussé au surlendemain. D’après le célèbre historien Belhamissi, les Anciens avaient divers moyens d’annoncer la nouvelle lune dans les autres régions, on allumait des flammes sur les plus hauts sommets de région en région et la nouvelle se répandait. Pour annoncer l’heure de manger, le shour à la casbah d’Alger, on passait dans chaque quartier avec le son du tambour.

Boumediene Abed