Sujet de préoccupation, surtout pour ceux qui veulent offrir

L’aumône dans le Coran et dans la réalité

Un sujet toujours d’actualité, particulièrement en ce mois de Ramadhan où on voit déambuler des hommes, des femmes, des enfants de tous âges demandant l’aumône. Mais on se demande s’il s’agit de vrais ou de faux mendiants.

L’aumône est un des fondements de l’Islam et le principe qui doit guider tout musulman digne de ce nom, c’est le partage des biens de consommation courante comme les denrées alimentaires nécessaires à la vie. Et dans le Coran, l’aumône, la zakat sous toutes ses formes, est un des cinq piliers de l’Islam. L’aumône revient dans un grand nombre de sourates ; ce qui signifie son importance sur le plan religieux et social. Mais il faut replacer ces sourates dans leur contexte pour mieux comprendre la portée exacte de l’aumône dans la société d’aujourd’hui, en tant qu’aide à donner aux vrais pauvres. Impossible de savoir s’il s’agit de pauvres ou de gens qui cherchent à gagner de l’argent sans trimer. Ils vous abordent et vous demande de l’aide selon des formules apprises par cœur et qu’ils emploient à tout bout de champ.
Certains ont même des comportements agressifs. Mais, en réalité ceux dont il s’agit dans le Coran, c’est de démunis qui, rarement, tendent la main, les gens les connaissent et leur viennent en aide sans aucune hésitation. Les plus anciens parmi nous racontent que dans l’ancien temps, il y avait beaucoup de vrais miséreux. Ils apparaissaient surtout lors de la distribution d’une mesure de blé et d’une mesure d’orge pour chaque pauvre, dans la matinée de l’Aid Esseghir, cela commençait très tôt le matin, et de nombreux pauvres défilaient devant chaque famille pour recevoir leur part, quelquefois avec un petit bonus en viande, œufs cuits, beignets ; cette matinée était consacrée aux pauvres et aux pauvres. Chaque pauvre se présentait une fois devant chaque maison. Aujourd’hui, chez les pauvres, nouvelle version, on ne reconnait pas le vrai pauvre du faux tant les faux ont adopté des comportements qui leur permettent de mieux tromper. Ces faux mendiants ont un seul but, l’enrichissement rapide.

Ce qui est dit exactement dans le Coran à propos de l’aumône
L’aumône fait partie d’un ensemble de préceptes à respecter si on veut être un bon musulman. Ce qui est dit dans la sourate 98 : « On leur avait seulement ordonné/ d’adorer Dieu comme de vrais croyants/ qui lui rendent un culte pur ; de s’acquitter de la prière ; / de faire l’aumône. Telles est la Religion vraie ! » Faire l’aumône est un acte de charité appréciable et qui doit être un geste spontané de chaque individu qui a les moyens financiers de faire cette bonne action envers les pauvres qui la méritent. Dans la sourate « La couverture », « Dieu prévient que les richesses ne serviront à rien, que tout lui appartient : la vie dernière et la vie présente. Dieu avertit d’un feu qui flambe. Seule y tombera celui qui est méprisable ; celui qui crie au mensonge. Mais celui qui craint Dieu en sera écarté, comme celui qui donne de son bien pour se purifier. »
On parle différemment, s’agissant toujours de l’aumône, il l’aborde sous l’appellation de prélèvement au profit du mendiants et de ceux qui sont dans un dénuement total. Voici les deux aya qui en parlent : « Et de ceux sur les biens desquels/ on prélève un droit reconnu comme obligatoire/ au profit de mendiant/ et de celui qui est dépourvu de tout. » Quand on parle de crainte de Dieu, c’est par rapport aux mendiants qui n’ont rien et pour qui, vous devez donner de quoi leur permettre de vivre : « Craignez Dieu autant que vous le pouvez !/ Ecoutez/ Obéissez/ Faites l’aumône ! Si vous faites un beau prêt à Dieu/ il vous le rendra avec abondance et il vous pardonnera »( Sourate : la duperie réciproque, V 16. 17°) ; une succession d’injonctions adressées aux croyants et dans leur intérêt. Quiconque obéit à Dieu se verra récompensé.
Pour Dieu, il n’y a rien de plus détestables parmi les individus que l’insolent et les avares, voici les paroles de Dieu dans la sourate « Le Fer V 24 à leur sujet : Dieu n’aime pas l’insolent/ et les avares qui ordonnent l’avarice aux hommes/ Que celui qui tourne sache/que Dieu se suffit à lui-même/ et qu’il est digne de louanges ! » A la sourate « La lumière V 56 ? Des injonctions qui recommandent aux croyants de se conformer aux édictées par Dieu : « Acquittez-vous de la prière,/ faites l’aumône/ Obéissez au Prophète. / Peut- être vous sera-t- il fait miséricorde. » Des fois, c’est Dieu lui-même qui s’adresse aux croyants pour les avertir sur l’intérêt qu’ils ont à avoir un comportement irréprochable en s’acquittant de ses dettes vis-à-vis de Dieu. Ce que nous avons relevé à la sourate « El Maida »( La Table est servie) où Dieu s’adresse directement aux croyants pour leur dire : « Moi, en vérité, je suis avec vous : /si vous vous acquittez de la prière,/ si vous faites l’aumône/ si vous croyez en mes prophètes/ et si vous les assistez, / si vous faites à Dieu un beau prêt,/ J’effacerai alors vos mauvaises actions/ et je vous introduirai dans des jardins/ où coulent les ruisseaux. /Celui d’entre vous qui, après cela, serait incrédule/ s’égarerait loin de la vie droite. » Les mendiants à qui l’on peut donner une aumône doivent être des vrais. Dans la tradition, on les a appelés les invités de Dieu. Si c’est de vrais invités de Dieu, on leur donne en fonction de ses moyens par crainte de Dieu qui connais parfaitement chacun de nous, il sait si nous avons de quoi offrir une aumône et celui chez qui un mendiant un mendiant a demandé l’aumône et qui la lui a refusée, peut s’attendre à une grande colère divine.

L’aumône dans la réalité actuelle
Actuellement, on n’arrive à distinguer le vrai du faux mendiant. Et certains ont fait de la mendicité un métier lucratif, c’est de faux mendiants habillés misérablement pour se faire passer pour des misérables. Un vieux a bien joué la comédie pendant des années et ça lui rapporté de gros sous, ce vieux tend la main et les gens le voyant mal habillé et vu son âge, n’hésitent à lui donner. Et comme c’est un vicieux invétéré, il ne va pas toujours dans le même quartier. Il va surtout dans les autobus qui font les grandes distances et il connait tout le rituel des paroles qui incitent les voyageurs à payer. L’histoire de ce vieillard est rocambolesque. Chaque jour, il arrivait à ramasser pas loin de deux millions de centimes. Mais au cours d’une matinée, il s’était fait renverser par une voiture et on l’a transporté à l’hôpital ; là les infirmiers se sont occupés à lui enlever les habits pour voir les blessures quand ils ont découvert qu’une de ses poches étaient remplie de pièces de monnaie, avant de remettre cet argent à ses enfants qui avaient été prévenus de ce qui était arrivé à leur père, on avait pris la précaution de le compter, et on avait trouvé prés de 5000 DA, somme amassée en une moitié de matinée. Imaginez son gain journalier et par année.
De plus ses enfants venus le voir à l’hôpital étaient assez bien habillés et étaient propriétaires d’une vaste terre qui leur rapportait de grosses sommes d’argent, il parait qu’ils n’étaient pas au courant de que faisait leur père dans la journée qui était atteint d’un vice incurable appelé la mendicité. Si vous n’êtes pas au courant, il existe des entreprises de mendicité bien organisées. Cela se passe avec des femmes d’un certain âge, qu’on fait travailler comme mendiantes moyennant un gain appréciable. Le patron leur assure le transport aller-retour de chez elles au lieu de travail où elles occupent les coins stratégiques, entrée de mosquée, devantures des restaurants ou des grands magasins. On a assisté à une scène peu commune, un homme au volant d’une 4/4 assez spacieuse venue prendre des femmes devant la mosquée ; celles-ci ont demandé l’aumône la journée durant aux personnes qui rentrent pour prier ou qui en sortent, il est venu les chercher après la prière du ftour, pour les transporter chacune à son domicile et pour les ramener une heure après le repas du même ftour afin qu’elles ne perdent rien. Durant le ramadhan, elles font une assez belle recette qu’elles partagent avec le transporteur.
C’est absolument le contraire de l’aumône des vrais mendiants qui ne cherchent qu’à vivre au jour le jour. On n’a pas coutume de voir les mendiants tendre la main, ils ont le sens de la dignité tel ce jeune homme qui s’apprête à rentrer chez lui après avoir déambulé devant les marchands qui vendent à la criée, pour une deuxième journée de ramadhan, parce qu’il n’a rien pour aller manger quand un homme l’a pris par le bras pour lui dire qu’il a un restaurant et qu’il peut aller manger à volonté, il lui a même proposé de lui donner de l’argent s’il était vraiment dans le besoin, non lui répond le jeune homme, pour le moment j’ai juste besoin de manger. Comment interpréter cette histoire, n’est-ce pas Dieu qui a envoyé cet homme pour venir au secours d’un jeune homme qui fait le ramadhan, qui n’a rien mangé durant une journée et qui s’apprête à rentrer sans avoir rien mangé pour un deuxième jour de ramadhan parce qu’il n’a pas d’argent, l’organisme qui l’a embauché ne l’a pas payé durant quatre mois, mais on lui avait fait la promesse qu’il serait payé pour tout le retard.
Boumediene Abed