Démarches pour la promotion des variantes linguistiques locales

Culture amazighe dans la wilaya d’Adrar

Diverses démarches sont menées par les instances socioculturelles, intellectuelles et médiatiques pour la promotion de la culture amazighe dans la wilaya d’Adrar, et la préservation de ses variantes linguistiques locales.

La Radio locale d’Adrar, à titre d’illustration, contribue à cette action de sauvegarde et de promotion de la culture amazighe avec l’intégration dans sa grille de programmes d’émissions dans les variantes linguistiques amazighes locales, targuie et zénète, a affirmé à l’APS Hadj Salim Abdelkrim, producteur-réalisateur de programmes en tamazight au niveau de cette radio. S’agissant de la variante linguistique zénète, sont intégrées dans la grille des émissions des programmes socioculturels s’intéressant au volet social, aux coutumes et traditions et aux questions des jeunes, en plus de la couverture d’activités et d’évènements dans ce dialecte, à l’instar des émissions «Saghd Ghenagh» (prêtes nous attention), «Tifaout N’el-Islam» (Lueurs de l’Islam) pour les questions religieuses, et «Abbrid Gh’el-Djenet» (Voie du paradis) consacrée au mois sacré du Ramadhan. La Radio locale consacre une tranche horaire quotidienne dans ses divers programmes à la promotion de l’amazighité, en intégrant des rendez-vous d’information en variantes amazighes locales (targuie et zénète), avec aussi des programmes hebdomadaires à raison d’une émission au moins par jour, a fait savoir M. Abdelkrim.
Aussi, des plateaux occasionnels sont animés, dans le cadre d’évènements nationaux, avec des analyses de chercheurs et académiciens spécialisés et des cadres de diverses institutions. Toutefois, dit-il, des contraintes se dressent parfois lors d’enquêtes et de sondages d’avis des auditeurs parmi le public amazighophone pour avoir leur opinion sur certains thèmes sociaux et leur traitement. La radio ne pouvant aller tous les jours à la rencontre du public amazighophone zénète, ce dernier étant concentré dans le Gourara (Timimoun) à plus de 200 kilomètres d’Adrar, d’où le souhait d’avoir des centres radiophoniques au niveau des nouvelles wilayas de Timimoun et de Bordj Badji-Mokhtar (plus de 800 km Sud d’Adrar) pour aller plus en profondeur dans le patrimoine amazighe de ces régions, a expliqué le producteur réalisateur Hadj Salim Abdelkrim. Autre acteur important dans la promotion et la valorisation du patrimoine culturel amazigh, le commissariat du festival culturel national d’Ahellil dont le rôle apparaît à travers des initiatives d’encouragement de la pratique des activités du patrimoine Ahellil en milieu des jeunes, et dont les fruits commencent à être perçus déjà par la reconversion de l’animation des fêtes avec des soirées Ahellil au lieu de scènes musicales, a confié le commissaire du festival, Ahmed Djouli.
Les jeunes sont aussi encouragés à former des troupes d’Ahellil et des concours leur sont organisés lors des festivals annuels de l’Ahellil, en plus de l’initiative prise, en coordination avec le Haut-Commissariat à l’Amazighité (HCA) lors du centenaire de Mouloud Mameri, d’organiser un séminaire national, en marge du 11e festival culturel national de l’Ahellil. Un séminaire qui a vu la participation de plus d’une trentaine de chercheurs et d’académiciens qui ont œuvré, à travers des ateliers, à l’unification des terminologies linguistiques amazighes pour leur utilisation dans différents secteurs vitaux. Le commissariat du festival a également initié des conférences, lors de ses différentes éditions, qui ont été consacrées à l’étude et l’analyse des concepts généraux et des significations spatio-temporelles de l’Ahellil, reconnu universellement comme patrimoine amazigh par l’Unesco. La bibliothèque principale de lecture publique d’Adrar constitue, elle aussi, un espace idoine de promotion de la culture et du patrimoine amazighs, dans ses volets intellectuels et académiques, national et local, à travers des activités contribuant à valoriser l’identité amazighe dans ses variantes linguistiques locales, a fait savoir son directeur, Mustapha Benzaita.
Parmi ses activités, la bibliothèque a organisé une exposition du livre amazigh, grâce aux dizaines de titres et d’ouvrages d’éditeurs, écrivains et poètes locaux, contenus dans ses rayons. Ceci, en plus de la tenue de conférences sur la promotion de l’utilisation académique de la langue amazighe dans ses variantes zénète et targuie, animées par des chercheurs et enseignants, en coordination avec l’Université d’Adrar et le HCA, ainsi que de rencontres d’études sur les éditions de livres sur la langue et la culture amazighes locales, et des récitals poétiques puisés du patrimoine amazigh local. La bibliothèque principale de lecture publique d’Adrar accueille de nombreux étudiants universitaires et chercheurs dans le domaine de la culture amazighe, venant s’y documenter, en plus d’avoir conçu un portail électronique du livre et des éditeurs locaux, comme base de données valorisant la diversité de la production intellectuelle locale, a souligné son directeur, Mustapaha Benzaita.
R. C.