Expliquer le pourquoi de l’évolution des coûts et du volume physique des exportations du gaz/pétrole entre 2007/2008 et avril 2021

Bilan objectif de Sonatrach

Selon le communiqué de Sonatrach en date du 19 avril 2021 repris par l’APS, l’Italie a constitué, durant le premier trimestre 2021, la première destination des exportations algériennes de gaz avec un volume total de 6,4 milliards de mètres cubes (m3), soit une progression de 109% par rapport à 2020 et Espagne et Portugal), avec un volume exporté de 4,3 milliards de m3, soit une progression de 122% par rapport à la même période de 2020, soit au total 10,7 milliards de mètres cubes gazeux et en tendance annuelle si ce rythme se maintient environ 41 milliards de mètres cubes gazeux, pour cette zone ne devant pas être utopique Sonatrach ne pouvant pas concurrencer en Asie la Russie (45 000 milliards de mètres cubes, l’Iran (32 000) et le Qatar (17 000) représentant pour ces trois pays 60% des réserves mondiales, proche de l’Asie, l’Algérie (entre 2000/2500 milliards de mètres cubes gazeux et 10 milliards de tonnes de pétrole données en Conseil des ministres de 2017) devant contourner toute la corniche de l’Afrique avec des coûts exorbitants.

Ces données sont calculées en référence à l’année 2020 où le taux de croissance de l’économie mondiale a été négatif de 5%. Un taux de croissance positif en T1 par rapport à un taux de croissance négatif en T0 donne un taux de croissance faible et même approchant 0/1%. Si les exportations de gaz étaient presque nulles en 2020, il est normal que l’on ait un taux supérieur à 100% par exemple pour l’Italie où les capacités de Medgaz dépasse les 35 milliards de mètres cubes gazeux. Aussi, loin de toute vison de sinistrose ou d’autosatisfaction nuisible pour les intérêts supérieurs du pays, il appartient aux institutions stratégiques du pays d’avoir un langage de vérité afin d’éviter les discours euphoriques du passé contredit la réalité, pratiques qui ont conduit à la situation que nous connaissons avec des indicateurs économiques et sociaux en dégradation. Société stratégique procurant avec les dérivés environ 98% des recettes en devises du pays, il est impérieux pour Sonatrach de livrer une analyse objective en mentionnant les contrats définitifs, des comptes clairs, les réalisations sur le terrain, devant les distinguer des nombreuses lettres d’intention qui n’engagent pas l’investisseur n’étant pas un contrat définitif. Par exemple, le communiqué récent de Sonatrach mentionnant une augmentation des exportations est ambiguë. Pour ne pas induire en erreur les hautes autorités du pays et l’opinion publique, Sonatrach devra pour une analyse objective mentionner, non se limiter à la référence de 2020, qui n’a pas de signification du fait de l’épidémie du coronavirus qui a paralysé toute l’économie mondiale, mais prendre les références 2007-2018/2019.

Ainsi Sonatrach devra mentionner :
– Le solde comptable avec la part des associés, est-il fonction d’un facteur exogène, le prix international qui échappe aux décisions internes, ou le résultat d’une gestion interne supposant un bon management stratégique qui lui fait cruellement défaut
– L’investissement neuf réalisé sur le terrain des firmes internationales entre 2028/avril 2021 pour voir si elle attire des investisseurs potentiels ?
– Le volume des exportations de gaz GNL (30%) et GN (70%) notamment en direction de l’Europe Medgaz via Espagne et TransMed via Italie durant les premiers trimestres 2018/2019/2020 et avril 2021, canalisations qui travaillent actuellement en sous capacités, afin de pouvoir établir des tableaux de comparaisons
– Le volume d’exportation du pétrole brut et des dérivées, du gaz (ce dernier le prix du MBTU étant passé de 10/12 dollars en 2008/2015 à environ 2,60 dollars sur le marché libre) durant les premiers trimestres 2018/2019/2020 et avril 2021 avec les coûts d’exploitation arrivé au port
– Le volume consolidé pétrole et gaz du premier trimestre 2021 en référence au premier trimestre 2018/2019, en espérant des bilans éclatés et non consolidés qui voilent la performance de ses segments, supposant des comptes physico-financiers
– Les prix au niveau international ayant voilé la gestion interne, le pourquoi de la baisse en volume entre 2007 et avril 2021.
Cette baisse est confirmée par le rapport d’avril 2021 de l’OPEP où la production algérienne en mars 2021 s’élevait à 870 000 barils par jour, soit une baisse de 8 000 barils par rapport à la production moyenne de février, estimée à 878 000 barils/j contre plus de 1,2 millions barils/j entre 2007/2015, le gaz naturel représentant environ 33% des recettes de Sonatrach dans son bilan de 2019. L’ex-ministre de l’Energie algérien, fin 2020 (voir APS) avait annoncé que les exportations de gaz du pays ont chuté à 41 milliards m3 en 2020 contre 43 milliards m3 en 2019 contre plus de 57/60 milliards m3 entre 2007/2013, espérant 51 milliards de mètres cubes gazeux en 2021, fonction de la reprise de l’économie mondiale. En conclusion, il faut donc être réaliste et éviter tout discours démagogiques. L’Algérie sera dépendant des hydrocarbures classiques encore pour longtemps du fait du retard dans les réformes structurelles à la fois politiques et économiques. La stratégie hors hydrocarbures demande du temps, devant raisonner toujours en dynamique, où toute nation qui n’avance pas recule forcément. Pour les PMI/PME, si le projet est lancé en 2021, sa rentabilité est pour 2024/2025 ; Pour les projets hautement capitalistiques comme le fer de Gara Djebilet si l’on résout le problème du partenaire et du financement très élevé, n’étant encore qu’en intention avec les Chinois, pas avant 2027/2028. Toutes les études au niveau international et celles du ministère de l’Energie avancent qu’il sera impossible de maintenir le rythme d’exportation pétrole/gaz horizon 2030, la consommation intérieure dépassant largement les exportations actuelles, sans une nouvelle politique des carburants (voir étude réalisé sous ma direction sur une nouvelle politique de l’énergie assisté des cadres de Sonatrach et du bureau d‘études américain Ernest Young 2008) renvoyant aux subventions généralisées et de l’urgence de la transition énergétique fondée sur les énergies renouvelables, préconisant entre 2021/2025, la combinaison du solidaire et du gaz pour réduire les coûts) et l’efficacité énergétique, afin de s’adapter aux nouvelles mutations énergétiques mondiales qui devraient aboutir à une nouvelle reconfiguration du pouvoir énergétique mondial entre 2025/2030. L’Algérie doit pour cela avoir une cohérence dans sa démarche plusieurs institutions se télescopant pour ce dossier stratégique. Ne devant pas être utopique, l’avenir énergétique sera fondé sur l’hydrogène mais pas avant 2030/2035 selon les laboratoires spécialisés allemands dont les études opérationnelles sont à un stade avancé.
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul