Face à la crise financière, Benabderrahmane accélère la réforme bancaire

Changements opérés à la tête de six banques publiques

Depuis 2020, l’Algérie tente de réformer son secteur bancaire en panne depuis des décennies et promouvoir la libéralisation et l’efficacité financière des banques publiques, difficilement vendables, en raison de leur situation financière peu «confortable» et la vétusté de leurs réseaux.

Dans le cadre de la consolidation des efforts de modernisation du système bancaire, le Gouvernement a ordonné la réforme de la gouvernance des banques étatiques afin de transformer de les en des institutions financières oeuvrant pour le développement économique dans le pays. Favoriser la bonne gouvernance et assurer son bon fonctionnement afin d’améliorer la gestion et la surveillance des risques bancaires. Dans cette perspective, le ministère des Finances vient d’annoncer d’importants changements à la tête des six banques publiques et d’inclure une nouvelle procédure de séparation du rôle de la direction et du rôle de la gestion au niveau des banques publiques dans l’objectif de «relever le niveau de gestion aux normes internationales afin d’améliorer leur contribution au financement de l’économie nationale», a fait savoir le ministre des Finances, Aymane Benabderrahmane, jeudi dernier, à Alger, lors de la cérémonie de nomination des DG et des PCA des six banques publiques.
Un premier cap franchi dans la mise en œuvre de la réforme de gouvernance de ces banques qui s’accaparent de 90% du marché financier national. Il a affirmé, à ce propos que «cette mesure fait partie de la réforme de la gouvernance des banques publiques, l’un des axes principaux de la réforme bancaire et financière du programme du président de la République», assurant, dans le même contexte, que «l’introduction d’une nouvelle mesure concernant la séparation des rôles de direction et de gestion au niveau des banques publiques à travers la désignation de présidents de Conseils d’administration et de directeurs généraux doit hisser le niveau de gouvernance de ces banques aux standards internationaux correspondant aux meilleures pratiques dans ce secteur». L’objectif serait, aussi, de renforcer le rôle de ces banques dans le soutien du développement économique national et régional en soutenant financièrement la réalisation des micro-projets, notamment, dans les zones d’ombres.
Un défi de taille à relever par les banques publiques qui doivent œuvrer davantage pour atteindre la maturité leur permettant de devenir, à l’avenir, un incontournable moteur de la croissance économique. La gestion des opérations et des crédits d’investissement exige de la part des responsables des banques publiques. M. Benabderrahmane a, d’ailleurs, appelé les nouveaux responsables nommés «à mettre en œuvre l’ensemble des ressources humaines, matérielles et administratives pour œuvrer à la bancarisation et au financement des projets structurants tout mutualisant leurs moyens pour assurer leur présence au niveau des dix wilayas nouvellement créées». La transparence bancaire dans ce cas est indispensable pour accroître l’efficacité des services des banques car «l’intérêt pour les banques publiques est d’adapter leurs systèmes de financement selon les priorités du secteur et il sera procédé à des évaluations régulières dans ce sens par le ministère de tutelle», a précisé le ministre. Il est utile de rappeler que depuis quelques mois, les banques publiques tentent d’améliorer la performance de leur service et d’intégrer progressivement les services digitaux.
La réforme profonde et globale de la gestion de ces banques «doit permettre d’améliorer l’activité des banques publiques dans la préparation de leurs stratégies et le développement des produits et services bancaires dans le but de renforcer leur contribution au financement de l’économie nationale et à l’inclusion financière», a-t-il expliqué, insistant sur la qualité et la performance des services-clients. «Il faut que les efforts soient particulièrement orientés vers la mobilisation de l’épargne et l’amélioration de l’offre de financement de l’économie nationale. Il est nécessaire d’accompagner le citoyen et l’opérateur économique dans les différentes procédures bancaires et de respecter la directive ministérielle visant la prise en charge des dossiers de crédit dans un délai ne dépassant pas 30 jours», a-t-il renchérit. Pour rappel, le ministre des Finances a promis depuis quelques mois de restructurer radicalement les banques publiques et de renforcer leur ouverture à l’internationale.
Samira Takharboucht