La situation est de plus en plus difficile

Bordj-Menaïel

Bordj-Menaïel est une ville qui fascine et désole à la fois, comme dans le cadre de vie dans lequel elle se développe. On en a une idée en descendant les artères principale. Elle fascine parce que cette ville a toujours enfanté de grands hommes qui sont la fierté de la région, à l’image des chouhada Bouhamadouche Djellloul, Meftah Abdelkader, Achour Kaddour, Khoudi Saïd Abbas Abdelkader, et des centaines d’autres qui ont donné leur vie pour une Algérie libre et indépendante.

Elle désole parce que depuis 1962, Bordj-Menaïel avance à reculons, elle n’est jamais parvenue à décoller économiquement socialement, culturellement et sportivement. La logique aurait voulu, et il est tout à fait normal, que lorsque les gens touchent du doigt les problèmes, constatent les erreurs, les insuffisances, le laisser-aller, la corruption qu’ils aspirent à les supprimer à redresser la situation pour jouir de la liberté, de la sécurité de la dignité du travail, et qu’ils aspirent à préparer pour leurs enfants un avenir de progrès et d’épanouissement. Comment voulez-vous avancer si vous n’arrivez pas à tirer les leçons du passé, son extraversion rebute les gestionnaires et les responsables de cette commune. Cette magnifique ville haut perché sur une colline domine et subit l’attraction de sa proximité d’Alger, de Boumerdès, de Bouira, de Tizi-Ouzou et du littoral, 17 km du bord de mer.
Enfin, il y a le cadre naturel enchanteur : forêts, hauteurs, beauté des paysages, pureté de ses sources. Toute cette beauté qui rend Bordj-Menaïel si attachante, n’est pas pratiquement exploitée. Il existe des coins paradisiaques comme la source d’Echarchar, nous n’allons pas entrer dans les arcanes de la commune ; notre propos est autre mais il est bon de connaître le milieu dans lequel vit et évolue Bordj-Menaïel. Pourquoi cette ville n’arrive pas à reprendre son souffle, sa quiétude d’autrefois ? Les cicatrices font mal, l’ensemble de la population cache mal sa peine et ses inquiétudes sur l’avenir proche s’exclame un cheikh venu à notre rencontre.
Un autre constate la précarité ou l’indigence qui caractérisent la situation culturelle au niveau de l’ensemble de la commune. Rien ne va à Bordj-Menaïel. Voilà le triste constat qu’on fait devant l’amère réalité de notre vécu car à Bordj-Menaïel comme partout ailleurs, en Algérie la désolation est la même et toutes les appréhensions quant à des lendemains, qui risquent de déchanter pour nos enfants, ne peuvent être que les nôtres. Nos politiques, sont-ils au moins conscients de ce qui nous attend d’ici là ? On ne le dira jamais assez du fait que les choses à Bordj-Menaïel sont encore ce qu’elles étaient il y a des décennies. Pis encore, la pente vers le néant s’est bel et bien dessinée et au rythme où grossit la décadence sociale, Bordj-Menaïel se meurt à petit feu.

Une ville dans la ville
Ouled Labled sont marginalisés car aucune de ses familles respectables et connues pour leur appartenance à une certaine frange de la société, ne s’aventurerait à bâtir une hideuse baraque faite de résidus ferreux et de morceaux de madriers rien que pour avoir accès un jour au privilège d’obtenir un appartement comme tous les citoyens qui se respectent. Leurs statuts d’honnêtes citoyens et leur rang parmi la population ménaïlie, ne leur permettant guère d’avoir pareille audace, ils laisseront inévitablement la chance aux squatteurs venus d’ailleurs. Les baraques de fortune poussent comme des champignons constituant des commerces informels. Si on veut du changement il faut secouer les mentalités. Faribole ou réalité plurielle qu’il s’agit de prendre en charge avec beaucoup de sérénité et beaucoup de tact.
L’Algérien est acculturé, irrespectueux, ce tableau déconcertant n’est pas spécifique à Bordj-Menaïel mais celui de toutes les villes d’Algérie. «El Akhlaq el-fassida», nous voilà donc en terrain assez glissant car suivant des degrés, la culture est appréhendée différemment mais, signe des temps, tout le monde en parle et s’en préoccupe pour dire «où allons-nous avec cette ’’Tarbia’’ (éducation)». Mal-vie et misère ne tarderont pas décors à s’installer d’un ghetto à un autre au moment où se propageront tous les fléaux de la terre Bordj-Ménaïel est sujet à la délinquance, à la drogue, tous les fléaux de la terre y existent. Il faut que cela change ! C’est une question de mentalité rétrograde. Jamais au grand jamais cette coquette ville n’a connu pareille dégradation. On dirait que la bombe d’Hiroshima est passée par là puisque ce séisme existe toujours.
C’est la question que ne cessent de se poser les rescapés de l’ancienne génération, ceux qui ont vu le jour dans cette localité car c’est grâce à eux que l’irréparable ne s’est pas encore produit. Ils aiment et adorent leur ville certes, mais ils ne la reconnaissent plus. Alors des questions s’imposent d’elles-mêmes : pourquoi la ville de Bordj-Menaïel est laissée dans l’abîme de l’oubli et accuse un retard dans tous les domaines, d’ordre social, culturel, économique, sportif ou encore dans celui des infrastructures de base, telles que les routes, l’eau portable, la santé, les télécommunications, les infrastructures scolaires, ainsi que le transport. Une ville qui est restée à la traîne et qui n’a jamais décollé économiquement et socialement. A qui la faute ? La réponse est simple. Elle est à tous les présidents d’APC et les élus locaux qui se sont succédé depuis 1962. Sans risque de nous tromper, nous dirons à haute voix qu’ils ont failli à leurs missions.

Qu’est-ce qu’un président d’APC ? Que représente-t-il pour les citoyens ?
Quel est son rôle dans la commune ? Autrefois, on l’appelait monsieur le maire, un personnage respecté et respectueux, responsable de cette petite institution de l’Etat, aidé dans sa tâche par des vice-présidents et des conseillers. Il est le premier magistrat de la ville. Il doit être à l’écoute des citoyens. A la différence du chef de daïra qui lui est un commis de l’Etat, le président de l’APC est choisi et élu par la population pour la représenter dignement et s’occuper de la gestion de la commune. Nul ne saurait contester qu’une gestion saine et efficace des affaires de la collectivité exige comme condition première une définition parfaitement claire des responsabilités et des prérogatives de chacun.
Kouider Djouab