Le Polisario répond aux allégations infondées du Maroc

Violation du cessez-le-feu

Le Front Polisario a démenti à New York les allégations infondées relayées par le Maroc concernant la violation du cessez-le-feu et le blocage dans la nomination de l’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental.

Dans une missive adressée jeudi aux chefs des missions diplomatiques à l’ONU, le représentant du Polisario à l’ONU, Sidi Omar, à rétabli les faits et dévoilé les allégations sans fondement de l’Etat occupant marocain concernant le cessez-le-feu de 1991, la nomination de l’Envoyé personnel du SG pour le Sahara occidental et la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés. Il affirme que la violation documentée par le Maroc du cessez-le-feu de 1991 et de l’Accord militaire n1 de 1997-8 «dément l’allégation du Maroc qui dément depuis le 13 novembre 2020 l’existence d’un conflit au Sahara occidental». Tout en persistant dans le déni, le Maroc continue d’affirmer son engagement en faveur d’un cessez-le-feu et d’un processus de paix qu’il a lui-même torpillé, a indiqué le représentant sahraoui. En outre, la violation par le Maroc des termes de l’Accord militaire n° 1 constitue une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2548 (2020), qui a réaffirmé «la nécessité de respecter pleinement les accords militaires conclus avec la Minurso en ce qui concerne le cessez-le-feu».
L’Organisation des Nations unies a reconnu la reprise des hostilités au Sahara occidental, mais elle garde le silence sur la partie responsable de la violation du cessez-le-feu, déplore Sidi Omar. Pour autant, ajoute le représentant sahraoui, sa reconnaissance de la reprise des hostilités porte un coup retentissant à l’affirmation maintes fois répétée de l’Etat d’occupation marocain selon lequel aucun conflit armé n’a eu lieu au Sahara occidental depuis le 13 novembre 2020. M. Sidi Omar souligne aussi que l’obstruction délibérée du Maroc aux efforts visant à nommer un nouvel émissaire pour le Sahara occidental renseigne sur ses véritables intentions. Après avoir entravé les efforts du président Horst Kohler qui a démissionné en mai 2019, pour maintenir le statu quo, l’Etat occupant marocain a décidé de contrecarrer tous les efforts ultérieurs visant à nommer un nouvel Envoyé personnel. Ce n’est un secret pour personne que le Maroc n’a pas seulement opposé son veto à plusieurs candidats au poste d’envoyé personnel mais il a également tenté d’influencer le processus grâce à un ensemble de conditions préalables qui excluent abusivement les ressortissants d’un groupe d’Etats membres de l’ONU, notamment l’Australie, l’Allemagne, les Pays-Bas, les pays scandinaves, la Suisse, entre autres.
«Il est tout à fait clair qu’il n’a aucune volonté politique de s’engager dans un processus authentique et crédible. Son objectif est simplement de maintenir le statu quo», précise-t-il. Par ailleurs, le représentant sahraoui déplore la «persistance des violations flagrantes des droits de l’homme au Sahara occidental occupé, relevant que les allégations sans fondement ne résistent pas à un examen minutieux». L’Union générale des travailleurs sahraouis de Sakia El Hamra et Oued Ed Dahab (UGTSARIO) a appelé à la poursuite de la lutte contre l’occupation marocaine, exprimant sa profonde préoccupation quant aux pressions subies par les sahraouis dans les villes occupées du Sahara occidental, a rapporté samedi l’Agence de presses sahraouie (SPS). «Ce que vivent les travailleurs sahraouis dans les villes occupées et les différents espaces de travail, est une réalité imposée par l’occupant marocain qui doit partir pour permettre aux travailleurs sahraouis de s’acquitter pleinement de leurs droits dont le droit à la liberté et à une vie décente», a indiqué l’UGTSARIO dans un communiqué.
Et d’ajouter que la «souffrance des travailleurs sahraouis dans les villes occupées est due aux politiques de vengeance ciblant systématiquement l’élément sahraoui pour l‘empêcher de résister à l’occupation marocaine», souligne la même source. «Face au pillage de nos ressources et compte tenu de la spécificité de nos institutions nationales à l’exil, de nouveau défis se présentent c’est pourquoi nous devons les relever pour prouver encore une fois notre force de riposter et d’adaptation à toute circonstance», affirme l’UGTSARIO. «Les bases ouvrières sont appelées, plus que jamais, à s’acquitter de leurs rôles d’encadrement et de défense des droits de leurs adhérents dans le cadre d’une volonté collective devant consolider les intuitions et soutenir les combattant de l’armée sahraouie», souligne le communiqué. L’UGTSARIO célèbre la Journée internationale des travailleurs dans une condition décisive marquée notamment par la poursuite de la lutte armée depuis le 13 novembre 2020. Les journalistes emprisonnés au Maroc, Soulaiman Raissouni et Omar Radi, notamment, méritent l’attention de la nouvelle administration des Etats-Unis «qui devrait discuter avec le régime marocain de son bilan en matière de droits de l’Homme», écrit The Washington Post dans son éditorial de vendredi. Le quotidien américain relève que «l’un des problèmes de politique étrangère les plus délicats hérités par l’administration Biden est la reconnaissance imprudente par l’ex-président Donald Trump en décembre de la (prétendue) souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental occupé».
Il s’agit, selon le journal, d’«une décision qui a renversé la politique américaine de longue date et mis Washington en désaccord avec les alliés européens, les nations africaines et les résolutions de l’ONU». «M. Trump n’a pas agi sur le fond de la question, mais dans le cadre d’un accord visant à inciter le Maroc à améliorer ses relations avec l’entité sioniste», poursuit le Washington Post qualifiant cette démarche de «récompense injuste et inutile pour un régime qui, sous le roi Mohammed VI, est devenu de plus en plus autocratique». Et la nouvelle administration américaine «a sans surprise été lente à préciser si elle confirmera la position de Trump ou l’inversera, comme l’ont exhorté 25 sénateurs», écrit encore le journal. Mais «avant de prendre une décision, elle devrait discuter avec le régime marocain de son bilan en matière des droits de l’homme – et, en particulier, de ses atteintes à la liberté d’expression». Le quotidien américain rappelle dans ce contexte qu’un certain nombre de journalistes marocains et de militants des droits humains ont été poursuivis pour avoir critiqué le roi ou dénoncé la corruption, et deux journalistes particulièrement éminents sont depuis plus de trois semaines en grève de la faim qui pourraient avoir des résultats tragiques en raison de la dégradation de leur état de santé..
Il s’agit de Soulaiman Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Youm, et Omar Radi, journaliste d’investigation. Ils sont tous deux emprisonnés sans procès depuis l’année dernière. M. Raissouni, connu pour ses critiques de la corruption gouvernementale dans le Royaume et son plaidoyer en faveur d’une réforme politique, a été arrêté le 22 mai 2020, tandis que M. Radi, correspondant pour les médias internationaux, a été arrêté le 29 juillet de la même année, rappelle également le média. M. Radi a d’abord été inculpé d’espionnage, en raison de ses contacts avec des diplomates occidentaux et de son travail pour un cabinet de conseil britannique. Mais, selon une enquête menée par Human Rights Watch (HRW), il n’y a «aucune preuve que Radi ait fait autre chose que mener son travail journalistique habituel».
De plus, MM. Raissouni et Radi sont tous deux accusés de crimes sexuels. Rappelant les conclusions du Comité pour la protection des journalistes dans son rapport de mars dernier, le quotidien relève que «les accusations de crimes sexuels sont devenues un autre instrument des autorités marocaines pour punir les journalistes». Pour rappel, des coalitions de groupes internationaux de défense des droits humains et d’intellectuels se sont joints à plus de 150 journalistes marocains pour demander la libération des deux journalistes. « Ils devraient être libérés avant que le régime n’obtienne plus de faveurs politiques de la part des Etats-Unis », conclut le quotidien américain.
R. I.