L’information est un bien public

Journée mondiale de la liberté de la presse

La célébration, le 3 mai, de la Journée mondiale de la liberté de la presse est l’occasion, cette année, de souligner, une fois encore, le rôle irremplaçable des médias professionnels, notamment la presse sur support papier, dans la diffusion d’une information de qualité, vérifiée et fiable, dont la valeur est incontestable, produite en respectant les fondamentaux, éthiques et déontologiques, du métier de journaliste.

Cela confirme la pertinence du thème de la Journée mondiale, pour 2021 : «L’information comme bien public», qui montre le rôle essentiel des journalistes libres et professionnels dans la production et la diffusion des informations, et dans la lutte contre l’intrusion fracassante des fake-news. Il y a lieu, tout d’abord, de rectifier une idée reçue à propos d’une fausse tendance dominante de la presse électronique qui ferait disparaître la presse sur support papier. La réalité prouve que la version électronique complète la version papier, sans la supprimer. Le thème «L’information comme bien public» va à l’encontre d’une autre thèse, fausse, qui fait de la presse, et particulièrement le journal, un produit marchand générateur de profit, et considère l’entreprise de presse, comme une entité commerciale soumise aux règles «pures et dures» du marché.
En Algérie, la naissance de la presse libre, après la Constitution de février 1989, a constitué une expérience originale qui a vu la création de journaux par des journalistes professionnels, sur la base d’une ligne éditoriale, et non pas pour «pomper» la publicité publique. Cette nouvelle presse s’est trouvée immédiatement confrontée au terrorisme des années 1990. Les journalistes algériens ont prouvé leur courage et leur patriotisme, en payant un lourd tribut à la lutte anti terroriste, tout en s’opposant également à ceux qui, dans les médias étrangers, justifiaient les crimes des terroristes, à travers la théorie fumeuse du «qui tue qui ?» A l’époque, les journalistes de la presse nationale ont agi dans le cadre d’un véritable front interne constitué avec les patriotes d’autres secteurs, notamment au sein des institutions, pour résister au terrorisme et continuer à faire leur métier. Il est utile de rappeler que cette presse, appartenant aux journalistes, a pour vocation de fournir l’information, qui est un bien public.
Dans ce sens, elle ne doit pas subir l’impact du désordre du marché. C’est pourquoi, elle a besoin de l’aide publique de l’Etat. Or, force est d’admettre qu’en Algérie, cette aide n’est pas évidente. Les journaux comptent sur la publicité publique et privée pour faire face à leurs charges: taxes (TVA, G50), factures d’impression, salaires, dépenses diverses (liées à l’activité professionnelle), paiement des dettes antérieures… Cette forme d’aide indirecte reste insuffisante. En août, à l’ouverture de la Conférence nationale sur le plan de relance pour une économie nouvelle, le Président Abdelmadjid Tebboune, à propos de sa directive à la justice pour ne plus tenir compte des lettres de dénonciation anonymes, avait demandé aux personnes détenant des informations sur des infractions économiques, de s’adresser à la presse, et il avait souligné qu’il existe 180 quotidiens nationaux. La place de la presse dans l’émergence de l’Algérie nouvelle était ainsi reconnue au plus haut niveau du pays.
C’est suffisant pour justifier l’aide publique à la presse en excluant toute référence à des questions de «rentabilité» de cette aide ou à son aspect «commercial». Les «bienfaits» de la presse ne se limitent pas à son rôle dans l’ancrage social de la démocratie, elle contribue également à la moralisation de la société en participant à la lutte contre la corruption et en offrant aux citoyens la possibilité d’exercer leur contrôle populaire sur les dépenses publiques et les services publics de base.
Un des engagements pris par le Président Tebboune est de réaliser la liberté de la presse et sa pluralité et d’assurer le respect du professionnalisme de la scène médiatique et sa protection contre toute forme de déviation. Le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, vient de le rappeler : le Président Tebboune a érigé la liberté de la presse en principe immuable, consacré par la Constitution du 1er novembre 2020, avec toutes les garanties qui offrent au journaliste l’espace de liberté nécessaire à l’exercice de ses missions, avec professionnalisme et déontologie.
Lakhdar A.