Il faut réagir avant qu’il ne soit trop tard !

Boumerdès

Détrompez-vous, nous n’allons pas parler du film «Carnaval fi dechra», mais plutôt d’une réalité qu’endure la population de Bordj-Menaïel.

Bordj-Menaïel qu’on a toujours qualifié de ville coquette, accueillante et charmante, voit son cadre de vie se dégrader au fil des temps, une localité qui a reculé de 100 ans en arrière et cela à tous les niveaux, et dire que Bordj-Menaïel possède une si longue histoire. Ah ! Si l’ancienne Vasara pouvait raconter son histoire, ce serait merveilleux pour les générations futures, car ils sentiront les odeurs de leurs ancêtres, des couleurs propres de l’incarnation de leur véritable identité. La ville de Bordj-Menaïel représente l’âme et la conscience des habitants, elle est un lieu chargé de valeurs et de symboles. Les citoyens de cette communauté forment une grande famille qui reconnaît les siens et les désigne dans leur diversité par des points repères. Ils ont de tout temps formé une union sacrée qui remonte à la nuit des temps.
Depuis toujours, les Ménailis ont été les enfants de la ville (Ouled Bled), un lien solide et ce n’est pas un hasard si à Bordj-Menaïel, la politesse, le salut est adressé à quiconque rencontré et que l’hospitalité y soit une règle. Aujourd’hui, ce n’est plus comme avant, la ville a perdu de ses caractéristiques, de ses habitudes, elle est déshumanisée et stressante, rien n’est plus comme avant, la raison est simple c’est le fait que les zouamas (les notables et dignitaires) de la localité des coquelicots sont partis vers l’au-delà emportant avec eux des tranches d’histoire. Actuellement, Bordj-Menaïel ne coule plus des jours heureux comme autrefois, elle est oubliée, ignorée par les hautes instances de l’Etat. Aucune visite officielle de la part des gouvernants mis à part le wali.
Cependant, Bordj-Menaïel souffre le martyre et comme on peut le constater, cette ville est loin de mériter ce qui lui arrive. Notons que rien n’a été fait dans cette région et dire que Bordj-Menaïel a eu le privilège d’avoir reçu la visite officielle des deux anciens présidents de la République, en l’occurrence Ahmed Benbella et Houari Boumédiène dans les années 1963-1964, depuis plus rien. Alors la question qui se pose : pourquoi cet oubli pour une ville, une région qui a beaucoup donné durant la Guerre de libération nationale ? A ne rien comprendre. Quelque chose cloche quelque part, les citoyens ont en marre des promesses, nous y pensons, ce sera réglé en temps voulu, tout est sur la bonne voie, les élections diverses sont proches et tout le monde se prépare et à des questions précises se rapportant à des problèmes précis du présent ou du passé, d’aucuns répondent toujours en promettant des solutions pour l’avenir, pourvu qu’ils soient élus.
La gestion des affaires de la commune de Bordj-Menaïel est devenue pour les administrations municipales et wilayales, des concepts creux et sans signification aucune. Bordj-Menaïel mérite plus d’égard de la part des responsables locaux ainsi que des hautes instances gouvernementales, c’est une grande localité qui avoisine plus de 120.000 habitants avec de grands atouts dans le domaine de l’agriculture, du tourisme et autres. Aussi, il est à signaler le laxisme et la passivité des autorités où depuis le 21 mai 2003, rien n’a été fait concernant la démolition des bâtisses constituant un danger pour la population et les maisons avoisinantes.

Quand l’Etat est absent
Ne dit-on pas «quand le chat n’est pas là, la souris danse». Ce proverbe s’applique également à notre gouvernement et à ses structures étatiques qui ne répondent nullement aux doléances des citoyens, des structures qui sont la source de plusieurs maux et auxquelles l’interprétation bien de chez nous lui va très bien quand l’Etat est absent, l’anarchie règne en maître absolu et prend le dessus, laissant la place à la loi du plus fort et cette situation dramatique qui prend de l’ampleur n’arrange nullement les pouvoirs publics qui se sentent dépassés face à ce phénomène d’injustice. L‘Algérie est un pays démocratique et populaire, un Etat de droit qui a connu plusieurs constitutions depuis son indépendance, la constitution de 1963 suspendue en 1965, puis la Constitution de 1976 révisée en 1979. La Constitution est au-dessus de tous, elle est la loi fondamentale qui garantit les droits à chaque Algérien, alors pourquoi ce laisser-aller dans les services publics et ce manque de respect envers les citoyens.
Ce n’est un secret pour personne que l’administration algérienne est caractérisée par la mauvaise qualité du service et les citoyens pointent un doigt accusateur sur des comportements inadmissibles, tels que la lenteur administrative, la corruption, l’absentéisme et tant d’autres maux comme la qualité de l’accueil, le respect, la politesse, l’écoute, la disponibilité, l’assiduité, la probité morale sont des sujets de discorde entre les citoyens fatigués de faire des allers et retours. Les structures étatiques n’arrivent plus à se débarrasser de la bureaucratie qui l’habite à cause de responsables qui avec leur état d’esprit portent un grand préjudice aux secteurs administratifs de la wilaya de Boumerdès. Alors, comment se fait-il qu’une directive du wali adressée verbalement au responsable de l’entreprise Gestibo de mettre fin aux harcelements des propriétaires de terrains dans la zone d’activité n’a pas été respectée, c’est exactement ce qui se passe en haut lieu où le Président de la République ordonne et ou les ministres font la sourde oreille, c’est grave ce qui se passe dans notre beau pays.
Qui sont-ils ces responsables, ces directeurs, ces chefs de service, ces directeurs des Domaines, ces responsables de la Conservation foncière, du Cadastre, de la DAL, de la Drag, de la Duch, de l’agriculture, des Impôts, de l’Éducation, des Postes et Télécommunications, de la DJS et autres secteurs qui n’arrivent plus à relever la tête, des secteurs étatiques qui n’arrivent plus également à se débarrasser de la bureaucratie qui les habitent. Cet état d’esprit a porté un grand préjudice au système administratif qui est incapable aujourd’hui de satisfaire les besoins locaux.
Et c’est dans cette optique que le premier responsable de la wilaya veut ramener le changement, ramener la confiance du citoyen envers son administration, si dans le passé le citoyen qui est considéré comme un assisté par la force des choses pourra redevenir un homme qui saura la valeur réelle du mot «compter sur soi». Aussi, il est à noter l’anarchie qui est de retour dans bien des communes de la wilaya, en raison d’un relâchement manifeste de la part des pouvoirs publics. C’est grave ce qui se passe actuellement au niveau des trente-deux communes de la wilaya de Boumerdès, l’anarchie et le désordre font partie désormais de l’environnement dans lequel évoluent les habitants.
Kouider Djouab