Quel impact sur l’économie algérienne ?

Le prix du baril de pétrole se maintien au-dessus des 68 dollars

Le Brent, baril de référence de la mer du Nord, a dépassé ce vendredi les 68 dollars en clôturant à 68,85 dollars. Contre toute attente, la troisième vague du Covid-19 qui frappe sévèrement l’Inde, troisième importateur mondial de pétrole, n’a pas eu d’effet négatif sur les marchés pétroliers.

Malgré le désastre sanitaire qui frappe le second pays le plus peuplé au monde, les cours de pétrole ont été soutenus par la reprise de l’économie américaine dont la demande en pétrole a dépassée les 19 millions de barils par jour la semaine passée. De son côté, la Chine, premier importateur mondial de pétrole, a vu ainsi son économie démarrer en force en réalisant une croissance dépassant les 30% de son secteur industriel durant les deux premiers mois de 2021. La demande chinoise de pétrole avoisine les 14 millions de barils par jour. Pour les observateurs des marchés pétroliers, tout converge pour dire que le prix moyen du baril de pétrole dépasserait les 60 dollars en 2021, contre seulement 42 dollars en 2020. En Algérie, ce raffermissement des prix sur les marchés internationaux n’est pas encore perceptible dans les statistiques.
Le récent bilan du commerce extérieur fait ressortir des recettes des exportations des hydrocarbures de l’ordre de 3,9 milliards de dollars pour les mois de janvier et février de 2021, contre 5,26 milliards de dollars en 2020. Ce qui représente une baisse de près de 25,8%. La baisse des recettes des hydrocarbures pour les deux premiers mois de l’année en cours serait due au prix moyen du baril de pétrole qui est resté inférieur à celui de la même période de l’année passée. Le prix moyen est passé de 65,6 dollars en janvier-février 2020 à 52,16 dollars pour la même période de 2021. Il faudrait attendre le mois de mars pour voir le prix moyen dépasser les 60 dollars. Selon les prévisions les plus optimistes, le prix du baril de pétrole augmenterait de près de 30% comparativement avec l’année 2020.
Une année marquée par une grave récession de l’économie mondiale, conséquence d’une pandémie qui a fait baisser la demande mondiale de pétrole de près de 10 millions de barils par jour. La reprise de la croissance a fait passer la demande des marchés pétroliers à plus de 96 millions de barils par jour pour le premier semestre de l’année en cours. Pour l’économie algérienne, une hausse de 30% des prix du pétrole entraînerait une augmentation des recettes des exportations des hydrocarbures de six milliards de dollars. En 2020, ces recettes avaient chuté de 40%, pour n’atteindre que 20 milliards de dollars. La hausse attendue des recettes des exportations des hydrocarbures permettraient de réduire le déficit de la balance commerciale ainsi que celui du budget avec une fiscalité pétrolière supérieure aux prévisions de la loi de Finances de 2021.
Mais ces prévisions ne peuvent être réalisées sans le maintien, au moins, du même niveau des quantités des hydrocarbures exportés. En 2020 le volume global des exportations d’hydrocarbures n’a été que de 82,2 millions de tonnes équivalent pétrole, enregistrant ainsi une baisse de 11% par rapport à 2019. Sur cette question, l’actuel ministre de l’Energie et des Mines a été rassurant en annonçant récemment que Sonatrach a exporté 24 millions de tonnes équivalent pétrole durant le premier trimestre de l’année en cours. Un volume qui laisse prévoir le maintien, d’au moins, le même volume des exportations que l’année passée. Si ces prévisions prêtent à l’optimisme comparé avec l’effondrement de l’année écoulée, il reste qu’on est bien loin d’un prix du baril de pétrole capable de corriger les déséquilibres financiers interne et externe.
Nadji C.