Appel à une révision globale des méthodes d’enseignement de l’histoire pour la préservation de la mémoire nationale

Enseignement

Des professeurs universitaires ont appelé à «une révision globale» des méthodes d’enseignement de l’histoire de l’Algérie dans le souci de garantir la préservation de la mémoire nationale pour le renforcement du front interne, notamment à la lumière des défis régionaux et internationaux auxquels fait face le pays. Dans une déclaration à l’APS, le professeur d’histoire à l’université d’Alger 2, Saliha Alama, a estimé que cette révision tend à utiliser les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans l’enseignement de cette matière qui constitue «l’âme de la Nation et une source d’inspiration dans une époque de défis visant à effacer les fondements de l’identité nationale».

Dans l’objectif de contrer ces tentatives, la même intervenante a insisté sur l’impératif d’adopter des méthodes modernes en matière d’enseignement de l’histoire dans tous les cycles éducatifs et de mettre de côté la narration des évènements historiques et la mémorisation dans l’évaluation des élèves et des étudiants. Pour sa part, le professeur Belhafsi Ghania (département d’histoire à l’université d’Alger 2) a plaidé pour «l’élaboration d’un guide d’enseignement de l’histoire contenant des méthodes modernes devant simplifier les évènements historiques, notamment pour les élèves du cycle primaire, outre l’organisation de sorties sur terrain pour les élèves et les étudiants au niveau des sites historiques ayant abrité des évènements nationaux et des musées nationaux». La même intervenante a suggéré, en outre, la programmation de rencontres périodiques entre les acteurs de l’histoire nationale (moudjahidine) et la famille de l’Education afin de renforcer le principe des récits oraux dans l’enseignement de l’histoire et leur exploitation dans l’écriture de l’histoire à même de préserver la mémoire nationale, plaidant pour le renforcement de la place de l’enseignement de l’histoire à travers l’augmentation du coefficient de cette matière notamment dans les cycles moyen et secondaire. Elle a appelé, dans un contexte lié, à l’impératif d’engager une réflexion pour l’élaboration d’un programme national en matière d’écriture de l’histoire nationale, et ce, dans l’objectif de définir les termes et les terminologies, notamment celles ayant été utilisées par l’occupant français et qui sont de nature à avoir un impact sur la nature des vérités historiques.

A ce propos, la même intervenante a cité, à titre d’exemple, les évènements du 8 mai 1945 que l’occupant français a qualifié de simples «incidents distincts» ayant touché trois wilayas du pays. En vérité, ces évènements étaient plutôt «des massacres et des génocides», selon les témoignages des militaires français qui avaient reçu pour ordre d’éliminer tout ce qui est algérien. De son côté, la présidente de l’Association de lutte contre la pensée coloniale, Me Benbraham Fatma Zahra avait précisé que la France avait procédé à l’utilisation de termes erronés qui déforment la réalité dans ses écritures sur la période coloniale en Algérie, dans le but de dénaturer l’histoire, se soustraire à ses responsabilités face aux crimes odieux perpétrés contre le peuple algérien et échapper aux sanctions prévues par le Droit international, notamment la loi du 17 juillet 1998. Elle a en outre ajouté que le terme «guerre d’Algérie» est «erroné», car la guerre oppose deux pays indépendants avec un système militaire qui les protègent, tandis que l’Algérie était colonisée par la France qui a utilisé la force et perpétré les crimes les plus odieux à l’encontre du peuple algérien sans défense, outre le fait de qualifier les Moudjahidine de terroristes et d’autres termes qu’il faut corriger à travers la mise en place d’une plateforme solide sur laquelle œuvrent en même temps les historiens et les avocats. Mettre à profit les médias de masse dans l’enseignement de l’histoire Parallèlement au nécessaire développement des méthodes d’enseignement de l’histoire nationale, des enseignants en sciences de l’information et de la communication ont insisté sur l’impératif de mettre à profit les médias de masse et les réseaux sociaux dans l’enseignement de l’histoire à travers des contenus médiatiques consacrés aux pages glorieuses de l’histoire nationale, notamment à la lumière des défis actuels qui imposent à tout un chacun de resserrer les rangs et de consolider la cohésion sociale.

Se félicitant du lancement de la chaîne de télévision publique «Edhakira» dédiée à l’histoire de l’Algérie, Hamza Fendouchi, enseignant à l’Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l’information a mis l’accent sur l’importance de consacrer à cette thématique d’autres médias pour enrichir le paysage médiatiques et, partant, contribuer à la consolidation des éléments constitutifs de l’identité nationale par la préservation de la mémoire nationale et sa transmission aux générations montantes, et contrecarrer les velléités de falsification de l’histoire nationale par des porte-voix à la solde de certaines parties hostiles. Pour sa part, Adlene Zerrouk, enseignant à la faculté des sciences de l’information et de la communication de l’Université Alger 3, a insisté sur la nécessité d’utiliser les médias de masse et les réseaux sociaux dans l’enseignement de l’histoire de manière innovante à même de susciter l’intérêt des jeunes afin d’éviter toute tentative d’instrumentalisation de ces outils. Le lancement de la chaîne de télévision Edhakira a coïncidé avec le 66e anniversaire du déclanchement de la glorieuse Guerre de libération nationale. Elle a été créée conformément aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a «érigé le sujet de la mémoire en priorité nationale, voire en devoir sacré» et qui, en concrétisation de cette conviction, a décidé «d’instituer le 8 mai de chaque année Journée nationale de la mémoire, de lancer ‘le programme de la mémoire nationale’ et de créer une chaîne de télévision dédiée à la mémoire collective et à l’histoire du peuple algérien».

R.R