L’essence super avec plomb disparaîtra des stations-services dès octobre

La demande pour le GPLC a grimpé de près de 18 % en 2020

La décision d’interdire l’importation et l’arrêt définitif de la commercialisation de l’essence super avec plomb au niveau des stations-services prévue, préalablement, au premier semestre 2021 a été repoussée en raison de «l’impact du Covid-19 sur la demande interne».

L’annonce a été faite, pour rappel, en septembre dernier par le ministère de l’Energie qui a affirmé la suppression en grande partie ou reformulation de ce carburant avec «retrait du plomb pour être transformée en super sans plomb avec un indice d’octane supérieur à 92, à compter de 2021». Mais cette décision ne sera effective qu’à partir du mois d’octobre prochain a fait savoir le président du Comité de direction de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), Rachid Nadil dans un entretien accordé à l’Agence presse service (APS), avant-hier. Il a précisé, à ce sujet, que «toutes les dispositions ont été prises pour mettre fin, d’ici le mois d’octobre 2021, à l’usage de l’essence super avec plomb ayant l’indice d’octane 92, produite par les raffineries algériennes». Il a préconisé, par ailleurs, de rouler au GPLC (Gaz de pétrole liquéfié carburant), appelé communément Sirghaz, moins cher à la pompe, plus écologique et compatible aux infrastructures nationales.
Un carburant alternatif pour les véhicules qui roulent à l’essence. De plus en plus de véhicules se convertissent au GPLC et les ventes sont en augmentation de près de 18% en 2020 par rapport à 2019. Ce taux est appelé à augmenter, selon les déclarations de M. Nadil, précisant, dans ce sens, que «Sirghaz a atteint 1,02 million de tonnes en 2020, en hausse de près de 18% par rapport à 2019». Il a insisté dans cet entretien sur la nécessité de «l’élargissement de ce carburant écologique et le moins cher du marché, aux véhicules roulant au gasoil», expliquant que «l’essence super avec plomb est nuisible à la santé et à l’environnement», et qu’il «n’est plus produit ou utilisé dans le monde, à l’exception de l’Irak et du Yémen». Répondant à la question sur les capacités de production de GPLC par l’Algérie, l’interlocuteur a indiqué que «les raffineries algériennes avaient cessé en 2020 de produire l’essence plombée, les capacités de production sont donc orientées vers le sans plomb, ce qui va permettre d’atteindre l’autosuffisance en la matière», assurant que «la Sonatrach dispose de capacités de production de 4 millions de tonnes d’essences par an, tandis que la consommation nationale est estimée à une moyenne de 3,7 millions de tonnes par an».
Il a noté, dans le même sillage, que «la consommation du gasoil avait atteint les 10 millions de tonnes par an, dont 8,5 millions produites localement par des raffineries de Sonatrach et 1,5 million était assuré par le recours à l’importation». Il est prévu aussi la réalisation locale d’une usine de fabrication de kit GPLC, selon le président de l’ARH. «Un projet d’étude sur l’opportunité de réaliser une usine de fabrication de ce type de kits en Algérie avait été engagé, ce qui permettra au pays de réduire la consommation nationale du gasoil à plus de 30 % sur les véhicules dotés de ces kits», a-t-il indiqué à l’APS. Il a rappelé, à l’occasion, que la décision du Gouvernement d’abandonner «cette essence plombée s’inscrit dans le cadre de sa politique visant à mettre fin à l’importation des carburants», expliquant, par ailleurs, que le retard de la suppression de ce carburant est causé par l’impact de «pandémie du Covid-19 sur la demande interne» qui a baissé, particulièrement durant la période de confinement.
«Les quantités de l’essence sans plomb devaient être stockées dans des cuves destinées initialement pour le stockage de l’essence plombée, ce qui fait que des parois des réservoirs demeuraient contaminés par le plomb. Il fallait vendre toute la quantité stockée de l’essence super avec plomb pour pouvoir rincer les parois. Ceci ne pouvait pas se réaliser en raison de la baisse de consommation sous l’effet des mesures de confinement prises dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus», a-t-il renchérit. Malgré ce retard, «toutes les capacités de stockage des carburants sont en train d’être préparées de manière à éliminer progressivement les quantités stockées de l’essence super avec plomb», a-t-il affirmé, précisant, toutefois, que «l’opération de retrait de l’essence avec plomb va impliquer, des changements au niveau des 2.800 stations-services existant au niveau national, avec l’organisation de larges campagnes d’information». Selon M. Nadil, l’Algérie ambitionne à arrêter définitivement l’importation de carburants et investir plutôt dans son exportation, estimant qu’«avec la réception de la nouvelle raffinerie de Hassi Messaoud, actuellement en phase de réalisation, le pays devrait ne plus importer de gasoil». «En 2020, nous avons même exporté du gasoil alors que nous étions des importateurs de ce carburant. La facture qui était de 2,5 milliards de dollars en 2019 a été réduite à 950 millions de dollars», a-t-il soutenu.
Samira Takharboucht