Mohamed Mecherara retrouve la FAF

Et si le football avait besoin de faire une pause, respirer, reprendre son souffle ? Il est sur tous les terrains de football du monde depuis 1863. Dès lors, les règles vont se préciser et le jeu se transforme en sport professionnel. Ainsi d’années en années, la balle est essoufflée depuis quelques décennies par la cadence effrénée que lui impose l’homme.

Incontestablement, le nouveau président de la Fédération algérienne de football Charef-Eddine Amara, est parti pour concrétiser et non pas pour faire de la figuration. Le professionnalisme est dans sa ligne de mire. Une bonne nouvelle pour le football national. Le retour de Mohamed Mecherara, juriste de formation, celui qui fut à la tête de l’ex-Ligue nationale de football (actuellement LFP, ndlr) sous l’ère de l’ancien président de la FAF, a désormais sa place dans l’organigramme de l’instance nationale en qualité de conseiller du président de la FAF. Sa nomination ne déçoit personne, au contraire, elle est saluée par une majorité de professionnels de cette balle ronde. Lui va certainement se charger de ce lourd dossier du professionnalisme.

«Le professionnalisme nécessite un nouveau modèle»
D’entrée, Charef-Eddine Amara annonçait la couleur, faire du professionnalisme une de ses priorités principales. Partant du principe que le professionnalisme nécessite un «modèle plus viable avec de nouveaux schémas de financement». Parce qu’il est difficile, disait-il, de parler de professionnalisme. L’échec du modèle positiviste semblait être un échec pour plusieurs raisons… Ses auteurs ont été «vite en besogne et ont créé un professionnalisme générateur de déficit et de faillite».

Mecherara : homme de football
Un arbitre algérien international parle «d’objectif mesurable à atteindre, et un programme précis qu’il entend réaliser, retour d’un excellent gestionnaire du football. D’autres jurent que le nouveau président de la FAF est élu pour dégommer, désigner, pour publiquement humilier ceux qui ne sont pas disposés à jouer le jeu de qualité. Quelques semaines d’exercices auront suffit pour démontrer le contraire, que ce n’est pas son style. Le conseiller Mecherara, lui en sa qualité d’observateur averti, est un homme connu pour ne pas avoir peur de prendre ses responsabilités, d’être capable d’adopter des positions et d’en assumer les conséquences ! «Il est un homme du football professionnel et non du football de bricolage». A propos, justement du professionnalisme, il s’est interrogé lors d’une interview accordée à notre journal : «Avons-nous des clubs professionnels et ces clubs ont-ils un produit à vendre ou à proposer aux sponsors ? Avant d’évoquer l’incitation des clubs à aller vers la formation des jeunes, non seulement mais également surtout à valoriser la formation, sans omettre la nécessite du suivi médical. Motif : en 2013, la feuille de route tracée au début par la direction nationale de contrôle de gestion des clubs n’a pas été suivie. Les lois n’ont pas été respectées».

Joueur professionnel, club professionnel et championnat professionnel
«En 2010, nous avons décidé d’aider les clubs à se transformer en sociétés commerciales (SSPA). La DNCG devait aider les clubs à s’organiser financièrement et du point de vue comptable. Mais hélas, aucun club n’a suivi notre plan (…) Il existait en 2010, à l’époque où j’étais à la LFP, une sorte de feuille de route pour expliquer aux clubs justement la marche à suivre pour professionnaliser les choses». Dans un débat daté de 2018, lors de son passage à l’émission de la chaîne «Radio M», il évoquait ce phénomène qui continue à confondre joueur professionnel, club professionnel et championnat professionnel et de rappeler que «sans licence professionnelle, vous n’êtes pas un club professionnel». De son côté, l’ex-président Kheireddine Zetchi dans une interview accordée en décembre 2020 à l’agence Reuters, avait porté un jugement sévère mais partagé par toute la famille du football concernant le professionnalisme algérien. «Le système avec lequel nous avons abordé le professionnalisme était erroné. C’est un professionnalisme désordonné. Il fallait mettre en place les mécanismes nécessaires et préparer le terrain avant d’entrer dans le monde professionnel en 2012. Les problèmes du football algérien remontent à très longtemps. Ils se sont accumulés avec le temps. On travaille pour résoudre ces problèmes de corruption et de dettes. Il faut qu’il y ait un équilibre entre les recettes et les dépenses. Mais il faudra du temps pour régler tous ces problèmes. Nous n’avons pas de baguette magique pour régler tous ces problèmes du jour au lendemain», disait-t-il. Une mission qui s’apprête à être difficile pour le conseiller du président de la FAF, qui avoue qu’elle ne peut être menée à terme sans l’implication de ceux qui militent pour un changement radical du tracé du football national.
H. Hichem