Le drame palestinien se perpétue et multiplie les victimes

73 ans après la Nakba

La commémoration, samedi, du 73e anniversaire de la «Nakba», intervient dans un contexte marquée par une intensification des exactions sionistes contre les Palestiniens à El Qods occupée et à Ghaza qui ont coûté la vie à des dizaines de victimes.

La «Nakba» désigne la «catastrophe» que fût pour les Palestiniens la création de l’entité sioniste en 1948 sur les trois quarts de la Palestine poussant plus de 760.000 Palestiniens, aujourd’hui plus de 5 millions avec leurs descendants, à se réfugier dans des pays voisins. La catastrophe fût aussi la destruction entre 1947 et 1949, de plus de 500 villages palestiniens, dont le plus connu est Deir Yassine, avec ses 250 habitants massacrés par les forces d’occupation. En 2020, la population palestinienne a atteint 13,4 millions d’habitants, dont plus de la moitié vivent dans la Palestine historique (Cisjordanie, bande de Ghaza), a déclaré le Bureau central palestinien des statistiques (PCBS). Les réfugiés représentent 43% de la population palestinienne totale, selon le buerau.
Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNRWA), le nombre de réfugiés palestiniens a atteint 5,6 millions en 2019. La majeure partie de ces réfugiés sont expatriés dans les pays voisins. Le PCBS a constaté que 28,4% des réfugiés palestiniens sont dispersés dans 58 camps gérés par l’UNRWA – 10 camps en Jordanie, 9 en Syrie, 12 au Liban, 19 en Cisjordanie et 8 à Ghaza. La diaspora palestinienne, l’une des plus importantes au monde manifeste chaque année pour revendiquer le droit de retour.

Sheikh Jarrah, l’autre nom de la Nakba
Cette année, le 73e anniversaire de la Nakba, célébré le 15 mai de chaque année, intervient au moment où le peuple palestinien subit la violence des colons, les raids meurtriers sionistes à Ghaza et fait face aux destructions de ses maisons à El Qods-Est plus particulièrement dans le quartier de Sheikh Jarrah. Alors que la mobilisation a désormais largement dépassé El Qods, s’étendant dans toutes les régions de la Palestine occupée, la campagne (SaveSheikhJarrah) est quant à elle devenue virale sur les réseaux sociaux. Dans deux semaines, six familles palestiniennes, vingt-sept personnes, seront expulsées de leurs maisons, jetées à la rue, et remplacées par des colons.
Lorsque 28 familles s’étaient établies dans le quartier de «Sheikh Jarrah» en 1956, elles espéraient qu’il s’agirait de l’ultime exode après qu’elles ont été contraintes de quitter leurs maisons et terres à la suite de la Nakba en 1948. Toutefois, ces familles, dont le nombre s’est élevé à 38 depuis, disent qu’elles subissent une «Nakba», qui se renouvelle au quotidien. La bataille de Sheikh Jarrah, qui dure depuis des décennies, est décrite par ses habitants et les organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme comme un exemple flagrant d’apartheid israélien.

139 morts palestiniens en moins d’une semaine
Alors que la situation en Palestine est dramatique, que l’occupant intensifie ses politiques d’apartheid et tue des dizaines de Palestiniens et Palestiniennes, ils étaient des milliers à s’être rassemblés dans les rues en Belgique, France, Espagne ou encore les Pays-Bas. A Bruxelles, quelque 3.000 personnes manifestaient place de l’Albertine pour commémorer les 73 ans de la Nakba, et dénoncer les exactions de l’armée sioniste. En Espagne, environ 2.500 personnes ont défilé samedi dans le centre de Madrid. Les manifestants scandaient «Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide !» et brandissaient des pancartes barrées de slogans tels que «Le silence des uns est la souffrance des autres» ou «El Qods capitale éternelle de Palestine». A La Haye, aux Pays-Bas, 300 à 400 manifestants, certains enveloppés de drapeaux palestiniens, se sont rassemblés sur le Malieveld.
D’autres se sont réunis sur la Hofplaats. La France, en revanche, mène depuis le début de la semaine une nouvelle offensive autoritaire contre le mouvement de soutien au peuple palestinien. «La France est le seul pays démocratique à interdire ces manifestations», ont protesté Me Sefen Guez Guez, Me Dominique Cochain et Me Ouadie Elhamamouchi, avocats de l’Association des Palestiniens en Ile-de-France. La nouvelle escalade de violences a fait depuis lundi près de 140 morts palestiniens dont une quarantaine d’enfants, et des centaines de blessés dans la bande de Ghaza, selon un dernier de l’Autorité palestinienne.
R. R.