Mihoubi et l’ADE mettent à mal la SEAAL

Restrictions dans l’alimentation en eau potable à Alger

La pénurie d’eau menace l’Algérie depuis plusieurs décennies et les disponibilités en eau courante diminuent et risquent d’atteindre des degrés plus inférieurs à 50%, si rien ne sera fait.

La chute du débit d’eau dans les robinets inquiète de plus en plus les Algériens, notamment, à l’approche de la saison estivale durant laquelle les besoins de ce liquide précieux augmentent. Avec la pénurie hydrique croissante, les éventuels accès à l’eau 24h/24h ne sont plus possibles et le programme de distribution d’eau  potable sera révisé et soumis à des restrictions, selon les récentes suggestions de la Société Des Eaux et de l’Assainissement d’Alger (Seaal) qui semble avoir agi seule.  L’annonce de nouveaux horaires de distributions d’eau potable dans la capitale, Alger,  a fait grand bruit  et suscité de vives réactions et critiques sur les réseaux sociaux, suite auxquelles, la société a retiré son annonce ou communiqué.
Le retrait de ce communiqué, au bout de quelques heures, n’a pas seulement provoqué la stupeur et l’incompréhension des internautes, mais aussi fait réagir  le ministère des Ressources en eau et l’Algérienne Des Eaux (ADE) qui ont fustigé la décision de la Seaal. La réaction du ministre des Ressources en eau, Mustapha Kamel Mihoubi, n’a pas tardé à tomber. Il n’a pas hésité à remettre en question la décision de la SEAAL, se déchargeant de toute responsabilité pouvant impliquer son département ou celle de l’ADE, assurant que «la SEAAL  a publié son communiqué sans concertation de l’Algérienne Des Eaux et l’Office National de l’Assainissement, ses principaux partenaires et actionnaires de la Société», mettant ainsi la Seaal dans une position inconfortable. Il a tenu  à rassurer les citoyens quant à la mobilisation de son département à poursuivre «tous les efforts nécessaires pour garantir  l’alimentation en eau potable permanente aussi bien pour la capitale que pour les autres wilayas du pays», rappelant la menace croissante de la pénurie d’eau à cause du stress hydrique grave.  Le premier communiqué de la Seaal (avant d’être retiré) de restreindre les heures de distributions d’eau potable dans la capitale divise. Pour le Pr. à l’École nationale de l’agronomie,  Brahim Mouhouche,  cette option ou alternative devient incontournable, estimant que c’est la seule façon pour «réguler  la distribution entre la population de manière équitable».
«Nous savons que l’Algérie n’a pas beaucoup d’eau. Il y a un manque flagrant de pluviométrie.  Il faut, donc, se rendre à l’évidence et opter pour des restrictions en alimentation en eau potable», a-t-il suggéré, soutenant ainsi la décision de la Seaal, expliquant qu’»ainsi, il y aura une distribution équitable entre les gens et surtout moins de stress et de problèmes».
Il justifie ces restrictions dans l’alimentation en eau potable par le manque des usines de dessalements et de déminéralisation, ajoutant que «les stations d’épuration disséminées à travers le territoire ne traitent qu’environ  5% d’eaux usées, chaque année».  Il a regretté le manque de rigueur dans l’application des lois existantes pour encourager la réutilisation des eaux usées qui peuvent être recyclées et utilisées dans le secteur agricole et industriel.
«Il y a une loi qui permet la réutilisation des eaux usées, mais malheureusement, elle n’est pas appliquée», a-t-il déploré. Pour répondre à la pénurie d’eau qui s’annonce, les autorités doivent, selon l’intervenant, «revoir le programme de distribution de l’eau potable» et de multiplier les campagnes de sensibilisation auprès des citoyens qui subissent d’importantes pressions suites à la chute du débit d’eau dans les robinets et les coupures périodiques d’eau. Pour pallier à ce problème, M. Mouhouche  met l’accent sur l’impératif de  «multiplier les installations de dessalement d’eau de mer et améliorer la gestion de ces stations et les entretenir pour qu’ils soient efficientes», a-t-il poursuivi en proposant «l’utilisation du système de collecte des eaux pluviales, que beaucoup de pays arides et semi arides utilisent. C’est un système très efficace qu’on n’applique pas malheureusement», a-t-il déploré.
«Quand il pleut  sur un champ de culture ou une toiture, chaque millimètre qui trombe, c’est un litre par mètre carré et dix mètres cubes par hectare», a-t-il expliqué. En attendant l’application de ladite loi et la mise en œuvre des solutions proposées et un cadre d’action pour la société et l’économie, les robinets sont à sec dans plusieurs régions du pays.  L’été s’annonce chaud et sûrement dur avec le manque d’eau.
Samira Takharboucht