Autosuffisance en pomme de terre, l’autre objectif majeur de l’Algérie

Plus de 80% de la semence utilisée est produite localement

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural s’efforce depuis des mois d’adapter sa feuille de route novatrice aux changements permanents du contexte actuel et de répondre aux besoins du marché local. Ainsi réduire la facture des importations et assurer la disponibilité des produits agricoles pour éviter les pénuries et aller vers l’export.

«La réduction de l’importation signifie la réduction de la facture à raison de 70 millions de dollars en 2020, et donc l’orientation de l’aide et de l’accompagnement aux producteurs locaux», avait souligné le ministre de tutelle, Abdelhamid Hemdani qui promet de déployer plus d’efforts afin de favoriser la mise en œuvre de la politique agricole novatrice inscrite dans le plan d’action du Gouvernement. L’Algérie vise, en effet, à atteindre l’autosuffisance en la matière dès 2022. L’objectif serait, également, de réduire la dépendance du secteur à l’importation des graines ou de la semence qui pose des problèmes de rendement et de disponibilité des produits agricoles sur le marché. Le ministre a cité l’exemple de la semence de la pomme de terre qui vise de passer de la dépendance aux importations à la résilience locale en essayant d’aborder les défaillances locales afin de renforcer les capacités de production et de rendement.
La nouvelle feuille de route adoptée par le ministère de l’Agriculture a permis de réduire, en un temps record, les importations de la semence de la pomme de terre qui ont baissé, durant la campagne en cours une «baisse de plus de 50% par rapport à la campagne précédente, conformément aux objectifs tracés dans le cadre de la feuille», a indiqué M. Hemdani, à la presse nationale, quelques jours plus tôt, ajoutant, à ce propos, que «près de 60% de la semence de pomme de terre plantée à l’échelle nationale est produit localement». C’est ce qui justifie la baisse soutenue des importations, la multiplication et l’amélioration de la production locale de la semence qui s’est imposée par défaut. La production locale de semence de pomme de terre permet d’approvisionner en permanence les agriculteurs, qui souvent se plaignent du manque de semence sur le marché et de sa cherté.
«La filière de pomme de terre avait utilisé 80% des semences locales pour la production de la pomme de terre destinée à la consommation durant la campagne en cours», a affirmé le président du Conseil interprofessionnel de la filière pomme de terre (CNIF/PT), Ahcène Guedmani, mercredi dernier, à Alger, ajoutant que «l’importation des quantités des semences passées de 140.000 tonnes les années précédentes, à 50.000 tonnes en 2020 a permis aux agriculteurs de vendre leurs produits et réaliser des bénéfices». «Cet état de fait contribue à l’allégement de la facture d’importation de ce produit», a affirmé le ministre de tutelle, la semaine dernière depuis Ain Defla. Pour M. Hemdani, la mise en œuvre de la feuille de route peut booster davantage les rendements de la filière de pomme de terre et atteindre l’autosuffisance en la matière.
Il a estimé, toutefois que la mise en œuvre de «cette feuille de route dépend de l’augmentation de la production et de la mobilisation des cadres du secteur et de tous les responsables et acteurs, y compris les techniciens, les administrateurs et les professionnels, en sus du recours à l’irrigation de complément», précisant, en s’adressant aux cadres du secteur de l’agriculture la semaine dernière, que son département «vise à réduire la facture d’importation des produits agricoles qui sont produits localement, à l’instar des tomates industrielles et des pommes de terre et des graines de pomme de terre (-50%)». Il exhorte les professionnels du secteur à fournir plus d’efforts et de défier toutes les circonstances afin de relever ce défi. Un objectif relativement facile à mesurer et à réaliser à condition de suivre le plan du ministère et de soutenir les agriculteurs.
«Le Conseil interprofessionnel œuvrait en coordination avec la tutelle, à la centralisation de la production de la pomme de terre dans le Sud, soit à El Oued et In Salah, et la réservation des régions du Nord à la culture des semences», a indiqué M. Guedmani, assurant que l’Algérie dispose «de quantités suffisantes de semences locales pour couvrir la saison 2021/2022». Quant à la disponibilité ou l’approvisionnement du marché en la matière, le même responsable promet d’acheminer «la pomme de terre directement des coopératives aux consommateurs, afin de maîtriser davantage les voies de distribution, contrecarrer la spéculation et contrôler les prix sur les marchés de détails». Rappelant que les prix de ce légume ont atteint un niveau historique durant le mois de Ramadhan, malgré les opérations de déstockage et d’approvisionnement du marché par l’Etat.
Samira Takharboucht