La communauté internationale mise de nouveau sur la sellette !

L’Algérie condamne le «putsch militaire au Mali»

Le Mali replonge une nouvelle fois dans le chaos et l’impasse tout-sécuritaire. L’annonce du nouveau gouvernement de transition au Mali a exacerbé les tensions politiques dans le pays, provoquant l’inquiétude de l’opinion internationale.

Tout à commencé, lundi soir, quand l’armée annonce la séquestration du président de la transition, Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane après l’annonce du nouveau remaniement. Ce qui a relancé les interrogations autour de la survivance des hostilités dans la région et les intentions réelles de la junte militaire qui s’est rebellée, prenant à nouveau le pays en otage sous les regards de la communauté internationale qui a condamné ce grave dérapage militaire qui risque de conduire à un redoutable coup d’Etat et faire échouer la mission de paix et la période de transition à mi-parcours. Egalement interrompre la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation, issu du processus d’Alger, considéré comme l’unique solution de sortie de crise par la communauté internationale.
Craignant l’inconnu, certaines parties appellent déjà à placer le pays «sous tutelle internationale». De son côté, l’Algérie tente la voie de la raison et appelle à la retenue et à la libération des deux responsables politiques. Ce coup de force a été mené quelques heures après une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) consacrée à la situation au Mali et l’annonce des membres du nouveau gouvernement de la transition par le Premier ministre Moctar Ouane, qui a désigné de nouveaux membres dont certains sont issus du mouvement du «5 Juin», à l’origine de la chute de l’ex-Président Ibrahim Boubacar Keita, en 2020. En voulant former un gouvernement de large ouverture, le Premier ministre malien, chargé depuis le 14 mai de constituer un nouveau Cabinet après la démission de son équipe, provoque le mécontentement des militaires qui ont procédé, dans l’immédiat, à son arrestation avec le président de la transition, lundi soir, dans un coup de force secouant le pays.
La communauté internationale n’a pas tardé à réagir et «à condamner ce coup de force» qui rappelle la chute du Président déchu Ibrahim Boubacar Keita en 2020, plongeant le pays dans le chaos et anéantissant l’espoir du peuple malien et celui des émissaires étrangers oeuvrant pour la mise en application du processus de paix. Étant un médiateur de premier plan, l’Algérie a dénoncé ce coup de force militaire et a mis en garde contre toute «action pouvant compromettre la mise en œuvre de l’Accord de paix». Réagissant à chaud à la prise d’otage du chef de l’Etat et son Premier ministre, le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, a appelé à faire preuve de «persévérance» et de ne pas céder au chantage politique «afin d’avancer dans le processus de transition et d’obtenir des résultats concrets dans la mise en oeuvre de la feuille de route de décembre portant, entre autres, sur la mise en oeuvre de l’Accord de paix, issu du processus d’Alger».
L’Algérie a toujours soutenu le règlement pacifique de la crise malienne et ne cesse de pointer d’un doigt accusateur les parrains de la guerre civile qui ravage le pays depuis des années. Le désarroi est imminent dans ce pays et la logique militaire supplante le politique. L’armée malienne refuse de céder le pouvoir, malgré sa promesse, en 2020, de passer le pouvoir aux civils dans une période de transition adéquate. Le nouveau remaniement annoncé lundi soir a irrité la junte militaire qui a transgressé tous les protocoles et accords de paix. Le message est clair : l’armée veut maintenir son emprise sur le gouvernement après avoir perdu quelques postes. Après huit ans de conflit et de déchirement sous les regards du Minusma, des soldats de l’opération Barkhane et de la communauté internationale, les Maliens ne pourront plus se donner le patience d’avaler une autre couleuvre de leur armée et des forces étrangères.
Contre le placement du Mali sous tutelle étrangère, l’Algérie veut inéluctablement régler politiquement la crise malienne afin de sécuriser cette région et éradiquer la guerre des fiefs et la montée des djihadistes qui menacent la sécurité de ses frontières. Préoccupé par les derniers évènements, l’Algérie exprime son «ferme rejet de toute action visant à changer le gouvernement au Mali par la force» et appelle à favoriser «le dialogue pour un déroulement paisible de la transition». La position de l’Algérie reste inchangée. Elle apporte un soutien indéfectible et multiforme aux autorités maliennes de transition. Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères a affirmé que «l’Algérie suit avec une très grande préoccupation les derniers développements intervenus en République du Mali et souligne son ferme rejet de toute action de nature à consacrer un changement de Gouvernement par la force, en violation du principe cardinal de l’Union africaine en la matière».
Samira Takharboucht