L’Algérie appelle à «contrecarrer les manœuvres visant à affaiblir le rôle de l’UA»

Le Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali se réunit à huis clos

L’Algérie à l’instar des autres pays du monde ont réaffirmé, hier, leur ferme soutien aux autorités de la transition et exigent la reprise de la phase de transition pour conclure l’exécution de la feuille de route, dans les délais prévus par le Conseil national de Transition (CNT).

Contrariée et préoccupée par l’évolution des évènements au Mali, ces dernières 24 heures, la communauté internationale durcit le ton et rejette par avance tout acte imposé par la force, y «compris des démissions des responsables politiques pris en otage par la junte militaire», selon le communiqué conjoint de la communauté internationale. Une session du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali aurait été organisée, hier, à huis clos, ont rapporté plusieurs médias internationaux. Le pays risque des sanctions internationales si la junte militaire résiste encore.
Cette réunion d’urgence demandée à la présidence chinoise du Conseil de sécurité par «la France, le Niger, la Tunisie, le Kenya et Saint-Vincent-et-les-Grenadines, devra évoquer les circonstances de ce coup de force militaire qui a replongé le pays dans la peur d’un nouveau coup d’Etat à neuf mois du premier qui a contraint le président déchu Ibrahim Boubacar Keita à la démission. Par ailleurs, aucune indication ou information n’a été donnée sur l’éventuelle adoption d’une déclaration commune, alors que certaines voix appellent d’ores et déjà à placer le Mali sous tutelle internationale. Ce que l’Algérie réfute et privilégie la solution politique et affirme de continuer «à accompagner les frères Maliens pour surmonter la situation critique actuelle et revenir à la légitimité constitutionnelle, en appliquant toutes les clauses de l’Accord de paix et de Réconciliation issu du processus d’Alger», a déclaré, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, à l’occasion de la «Journée de l’Afrique».
Il a réitéré, aussi, «le soutien de l’Algérie aux autorités libyennes pour insuffler un nouvel élan au processus politique et faire aboutir les importantes échéances programmées pour la fin de l’année en cours», promettant de ne «ménager aucun effort en vue d’appuyer une solution équitable et durable au conflit du Sahara occidental, qui garantisse au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination et clore le dernier dossier de décolonisation en Afrique». La situation critique que traverse le Mali ces deux derniers jours replonge le pays dans l’incertitude et la peur de la reprise des violences qui ravagent le pays depuis huit ans.
Quelques minutes après l’annonce du nouveau Gouvernement, le lundi 24 mai 2021, le pays bascule dans le chaos, suite au coup de force mené par l’armée qui a arrêté le Président de la Transition, Bah N’Daw et le Premier ministre, Moctar Ouane, ainsi que certains de leurs collaborateurs, avant de les conduire au camp militaire de Kati. L’homme fort au pouvoir au Mali, le colonel Assimi Goïta a décidé de destituer le Président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane et refuse d’approuver les membres du nouveau Gouvernement de transaction. Une intervention forcée (putsch) que la communauté internationale qui s’est réunie quelques heures plus tôt pour examiner la situation dans le pays, a condamné cet acte et exigé la «libération immédiate et sans conditions des autorités gardées dans les casernes».
Depuis mardi soir, plusieurs organisations internationales et pays émissaires, à l’instar de la Cédéao, se sont dépêchés sur place afin de tenter de débloquer la situation.  Selon, les médias maliens, le médiateur de la Cédéao, Goodluck Jonathan est arrivé, mardi 25 mai, à Bamako pour tenter de résoudre la crise politique provoquée par le nouveau coup de force des putschistes du mois d’août 2020». Après 48 heures depuis le coup de force militaire, aucune solution ou décision n’a été annoncée. De leur côté, les putschistes n’ont pas répondu aux appels à la libération des otages politiques de la communauté internationale.
Les Maliens sont convaincus, après cette intervention militaire forcée, que les militaires ne lâcheront pas le pouvoir et ne céderont sous aucune pression, selon les médias locaux qui redoutent le pourrissement de la situation. Depuis quelques années, la zone subsaharienne est confrontée à l’ascension des violences et des coups de force militaires. Revenant sur les raisons de la reprise des tensions, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a indiqué que «la non-élimination des vestiges du colonialisme en Afrique, ajoutée à l’existence de plusieurs conflits, nous empêchent toujours d’atteindre notre objectif, qui est celui de faire taire les armes dans notre continent», a-t-il regretté, insistant sur la conjugaison des efforts pour «contrecarrer les manœuvres visant à affaiblir et occulter le rôle de l’UA dans la résolution des conflits».
Il a ajouté, à l’occasion, que «l’accroissement des dangers et des nouvelles menaces sur la paix et la sécurité, à l’instar du terrorisme, du crime organisé, du rôle déstabilisateur des ingérences étrangères, ou encore les retombées dangereuses des changements climatiques, les maladies et épidémies, sont autant de facteurs qui obstruent notre action panafricaine».
Samira Takharboucht