L’Algérie met les bouchées doubles !

Le succès de la ZLECAf est lié à l’engagement de chaque pays membres

Depuis sont entrée en activité au mois de janvier dernier, plusieurs analystes s’interrogent sur la viabilité financière de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf) et sur la capacité des 55 pays membres à produire les ressources indispensables à son fonctionnement et à la réalisation des objectifs fixés préalablement par l’Union africaine (UA).

Egalement sur l’engagement et la disposition des pays partenaires à débourser davantage pour promouvoir l’intégration africaine. Des défis à relever en urgence. A commencer par la mise en place d’une stratégie nationale efficace devant faciliter la circulation des marchandises facilement et éliminant progressivement les barrières douanières et fiscales. Définir les règles d’origines pour lutter contre la contrefaçon et le monopole des multinationales. Sans un cadre juridique prédéfini, il serait difficile de surveiller et de contrôler les marchandises en circulation. L’Algérie entend accélérer sa stratégie d’investissement en Afrique et profiter de l’opportunité qu’offre ce portail commercial et impliquer les opérateurs économiques nationaux (publics et privés), notamment, les PME. Elle a procédé, dans cette perspective à la ratification de l’Accord de la ZLECAf et la mise en place d’une stratégie nationale adéquate.
Développer la transformation industrielle afin de s’affranchir de sa dépense à l’étranger et œuvrer davantage pour la solidité et la résilience financière de ce bloc commercial seraient les défis les plus difficiles à relever, en raison du contexte socio-économique et politico-sécuritaire de la majeure partie des pays membres de la ZLECAf. Egalement passer outre le blocage institutionnel qui peut ralentir les échanges intra-africains. Malgré ces obstacles, le continent africain est en train de construire son propre marché commun où chaque pays membre compte s’ériger en hub logistique ou économique, conformément aux ambitions de leur feuille de route. Ceci dit, pour construire des aires de co-émergence et stimuler la croissance extérieure, ils doivent engager les moyens humains, techniques et logistiques adéquats à travers la sensibilisation des entrepreneurs africains sur les enjeux et les impliquer davantage dans la mise en œuvre du pacte de libre-échange continental.
L’Algérie a commencé à informer et sensibiliser les opérateurs économiques nationaux de toutes activités confondues sur l’opportunité d’accéder au marché africain à travers la ZLECAf qui peut jouer un rôle de détonateur de l’investissement durable, notamment, industriel et agricole. Il faudrait, par ailleurs, pour faciliter l’accès de ces entrepreneurs au marché africain fixer les règles d’origine, et ce, en plus de la suppression des droits de douane (90%) et l’éradication de la bureaucratie qui peut ralentir la libre circulation des personnes et des marchandises. Le retard dans l’élaboration de la stratégie nationale de chaque pays membres impacte l’entrée en vigueur effective de la ZLECAf et crée les paradoxes qui divisent les spécialistes financiers africains sur la réussite de ce projet.
Certains experts n’hésitent pas à pointer la faiblesse et le manque de vision stratégique de certains pays membres estimant que la ZLECAf ne peut «profiter à ces pays dont l’économie dépend des importations et exportations de matières premières brutes». Sceptiques, ils pensent que ce bloc commercial profitera aux grandes multinationales occidentales qui «exploitent et transforment les matières premières», sans oublier le lien étroit qui lie les pays africains aux pays occidentaux via les accords de coopération bilatéraux et multilatéraux. Certes, la ZLECAf offre une opportunité inégalée au continent africain, mais avant tout, il faudrait concevoir une véritable alliance pour surpasser les paradoxes et le libérer de sa dépendance au financement extérieur, à l’instar de l’Union africaine dont le financement est dépendant à plus 80% de l’extérieur.
In fine, l’aboutissement de ce projet exige la mise en place d’une véritable politique d’industrialisation par chaque pays africain. Renforcer les liens de coopération entre les pays africains et s’affranchir des rivalités politiques pour relever le défi sécuritaire afin de promouvoir un cadre d’échange commercial intra-africain solide, inclusif et prospère. Encourager, en parallèle, la création de zone franche entre les pays africains pour multiplier les opportunités, les offres d’emplois, le rendement, la productivité et les gains. L’Algérie prévoit, dans ce sillage, la création de plusieurs zones franches. Un projet de loi relatif à la création des zones franches sera prochainement présenté au Gouvernement, selon le ministre du Commerce, Kamel Rezig.
Samira Takharboucht