Le Maroc utilise sa jeunesse comme «monnaie d’échange politique»

Ministre d’Etat allemand

Le ministre d’Etat allemand chargé de l’Europe, Michael Roth, a regretté l’utilisation des jeunes «sans perspectives» par le Maroc comme «monnaie d’échange politique», soulignant, dans la foulée de la crise migratoire de Ceuta, que l’Union européenne (UE) «ne doit pas permettre qu’elle soit soumise à un chantage».

Dans un entretien au journal El Pais, le ministre d’Etat allemand, a indiqué que «l’UE aide des pays comme le Maroc à donner une perspective à leurs jeunes, à créer des emplois. Mais j’ai l’impression que les jeunes sans perspectives deviennent une monnaie d’échange politique pour les dirigeants». «C’est cynique. L’UE ne doit pas permettre qu’elle soit soumise à un chantage», a-t-il fustigé. En ce sens, tout en exprimant sa consternation devant les images de Ceuta, le responsable allemand a estimé qu’«un pacte européen sur la migration et l’asile est plus urgent que jamais». «Ce dont nous avons besoin en toute urgence, c’est d’une politique européenne commune en matière de migration et d’asile. Nous devons garder la question en tête.
Et nous ne devons pas permettre à certains Etats membres de fermer les yeux ou de refuser catégoriquement de trouver une solution». M. Michael Roth a salué l’initiative du Premier ministre italien, Mario Draghi, qui a voulu inscrire la question des migrations à l’ordre du jour de l’un des prochains sommets européens. «Nous sommes en retard sur les réformes fondamentales de la politique de migration et d’asile», a-t-il jugé. Près de 8.000 migrants sont arrivés la semaine dernier dans l’enclave de Ceuta, dont 4.000 ont été renvoyés au Maroc, selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur.
En réaction à cette arrivée massive de migrants, des enfants pour la plupart, la ministre espagnole des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadrice marocaine en Espagne, Karima Benyaich pour lui exprimer le «mécontentement» des autorités espagnoles. La brusque arrivée de ces milliers de migrants dans l’enclave, rendue possible par la passivité des contrôles frontaliers côté marocain, a provoqué également une crise sans précédent entre l’Union européenne et le Maroc. De nombreuses personnalités, organisations, partis politiques à travers le monde ont condamné l’utilisation par le régime marocain de la carte migratoire à des fins politiques. L’ONG Amnesty international a dénoncé l’utilisation par le Maroc des migrants comme «des pions» dans le cadre de l’échiquier politique «morbide» avec l’Espagne.
R. R.