La réforme de la politique sociale en Algérie, un devoir qui s’impose

La 109e session de la Conférence internationale du Travail achevée

La crise sanitaire du Covid-19 qui sévit depuis plus d’une année a ouvert un cycle difficile pour le monde du travail en Algérie et a accentué la crise financière et sociale déjà antérieure à la pandémie.

Une année particulière et difficilement supportable pour les salariés et les ménages algériens à cause de l’inflation et le manque de revenus. Le confinement de la population active a détruit des emplois rapidement et sûrement et a poussé à la fermeture de milliers d’entreprises économiques, qui se trouvaient dans une situation financière délicate à cause de la réduction des heures du travail, manque de matière première. Cette paralysie a provoqué la fermeture de plus de»50.000 commerces à travers le pays, tandis que plus de 90.000 entreprises de production auraient été menacées de ruine». Il fallait agir vite pour contenir les vastes mouvements de protestations des travailleurs, mais aussi pour sauver les entreprises nationales de la fermeture. Plusieurs milliards de dinars ont été débloqués pour préserver des emplois, mais vainement, en raison des tensions financières et techniques existant au sein de ces sociétés, relevant du secteur public.
Ce dernier est toutefois moins impacté par le chômage que le secteur privé, libéral. Sans oublier l’impact du secteur de l’informel sur l’économie nationale. Près de»45 % à 50 % des activités commerciales sont concentrés dans la sphère informelle, soit plus de six millions de personnes actives sans protection sociale», déplorent les analystes financiers qui ne cessent d’appeler à l’éradication de ce fléau social et à la mise en place d’une véritable politique sociale et de santé, fragile et inefficace. L’Algérie fait face à l’effondrement de son régime social et sanitaire qui ne s’adapte plus aux changements actuels. Les licenciements massifs et les arrêts techniques des activités de plusieurs entreprises ont fait effet boule de neige dans plusieurs secteurs économiques. Seuls les groupes économiques publics ont maintenu leur politique sociale interne avec des restrictions, contrairement aux entreprises privées qui ont dû couper leur budget et réduire leur effectif, sans aucune indemnisation.
Ce qui a affecté les employés dépourvu de tous leurs droits, injustement. Leurs cris n’ont pas eu d’écho auprès des officiels et même des syndicats. Cette année économique blanche risque d’impacter le taux du chômage grandissant dans le pays et accentuer la grogne sociale montante. Selon les analystes financiers, le taux de chômage en Algérie devrait»atteindre 15,8 % en 2021, craignant le pire en l’absence d’une planification ou vision stratégique pour remédier aux déficits financiers publics». Un recadrage macro-économique s’impose comme l’accélération du programme des formes globales financières et fiscales. De nouvelles mesures fiscales et financières ont été prises en faveur des jeunes entrepreneurs dont les entreprises étaient en défaut de paiement (70% d’entités concernées).
L’Etat voulait préserver l’activité de plus de 250.000 PME menacées de ruine et surtout préserver les emplois. Des aides financières ont été dégagées, aussi au profit des personnes qui ont perdu leur emploi ou vu leur revenu baisser drastiquement durant la période de confinement. Les pouvoirs publics tentent encore de contenir les chocs de confinement qui impactent la baisse de la production économique, notamment, des hydrocarbures, de la consommation et amplifient le chômage et la grogne sociale. Cette dernière touche les pays du monde entier qui se prépare d’ores et déjà à affronter l’après-Covid-19 et les effets durables de la crise financière sur la stabilité des pays. L’Algérie table pour sortir de la crise sur la diversification de son économie et la relance industrielle. Elle souhaite atteindre»un taux de croissance de 4% en 2021, grâce à l’utilisation efficace des ressources financières disponibles et au lancement de projets d’investissement structurés qui contribueront à la création de richesses et d’emplois».
Un objectif difficile à atteindre, mais qui n’est pas aussi impossible. La modernisation et la numérisation du système financier et bancaire s’imposent, tout comme la restructuration des entreprises économiques afin de réinventer ensemble un modèle économique plus résilient, solide et inclusif. Il faudrait éradiquer la bureaucratie, l’informel et la corruption pour assainir le secteur économique et celui de l’emploi. Des raisons parmi d’autres à l’origine des foyers de tension qui se multiplient depuis des mois sur fond de crise financière et sanitaire. Les effets de cette crise sur le monde du travail ont été au cœur de la 109ème session de la Conférence Internationale du Travail, (OIT), à laquelle a pris part le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, El Hachemi Djaâboub, jeudi dernier. «De nombreuses questions techniques seront abordées, notamment celles liées à la gestion par l’OIT de la pandémie de la Covid-19, et les effets de cette crise sanitaire sur le monde du travail, outre le programme et le budget de l’Organisation pour la période 2022/2023, ainsi que le dossier de la protection sociale et les rapports sur l’application des normes internationales du travail pendant la pandémie», a indiqué le communiqué du ministère de tutelle.
Samira Takharboucht