Les clarifications du Président Tebboune

Interview accordée au magazine Le Point

L’interview accordée par le Président Abdelmadjid Tebboune au magazine français Le Point, a permis d’adresser une série de messages à l’opinion publique en France, principalement à nos ressortissants installés dans ce pays.

Alors que l’Algérie se prépare à élire, le 12 juin prochain, une nouvelle Assemblée populaire nationale (APN), il est important pour les Algériens, qu’ils soient dans le pays ou dans la diaspora, mais aussi pour nos partenaires étrangers, de savoir dans quelles conditions cet important rendez-vous électoral se déroule. Les deux journalistes, Kamel Daoud et Adlène Meddi, sont représentatifs des professionnels de la presse francophone que l’on ne peut soupçonner d’être pro-pouvoir mais qui semblent avoir pris leurs distances à l’égard d’autres journalistes francophones qui, eux, sont carrément engagés dans le Hirak 2ème version hostile au pouvoir. Les deux intervieweurs présentent le Président Tebboune en termes plutôt favorables en évoquant son «ostracisation violente après son mandat éclair (trois mois) de Premier ministre en 2017. Un record dans la République algérienne, pour avoir déclaré la guerre aux «forces de l’argent» et à leur clan politique proche du frère de Bouteflika, Saïd.
Le Président Tebboune lui-même a rappelé ce qu’était l’Algérie en 2017 : «On ressemblait de plus en plus à une République bananière, où tout se décidait dans une villa sur les hauteurs d’Alger. Les Institutions étaient devenues purement formelles, à l’exception de l’armée, qui a pu sauvegarder sa stature», a-t-il affirmé. «J’ai proclamé, en tant que Premier ministre, devant le Parlement, que le salut viendrait de la séparation de l’argent et du pouvoir. Ma famille et moi en avons payé le prix, mais cela fait partie du risque de l’exercice du pouvoir», a-t-il relevé. Le Président Tebboune a dit ce qu’il pense du Hirak, un mot qu’il n’utilise plus «parce que les choses ont changé». «Le seul Hirak auquel je crois est le Hirak authentique et béni qui a spontanément rassemblé des millions d’Algériens dans la rue».
«Ce Hirak-là a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle (12 décembre 2019)», a expliqué le chef de l’Etat, affirmant que ce Hirak «n’a pas écouté le chant des sirènes qui le poussait à aller vers une période transitoire, et dix millions d’Algériens sont allés voter». Concernant le classement par l’Algérie de Rachad et du MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) comme mouvements terroristes, le Président Tebboune a rappelé que «Rachad a commencé à mobiliser tous azimuts, à donner des instructions pour affronter les services de sécurité et l’armée. Le MAK a tenté d’agir avec des voitures piégées». A propos des options du pays, le Président Tebboune a précisé deux points fondamentaux : «L’Algérie sera un Etat social ad vitam aeternam, parce que c’est une exigence de ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays.
La Déclaration du 1er Novembre 1954 préconisait la création d’un Etat démocratique et social. Tel était le vœu de nos martyrs» ; «La logique du Doing business instaure certains paramètres pour capter les investissements directs étrangers. Parce que les opérateurs investissent là où il y a le minimum d’État. Certains pays l’acceptent, à défaut d’avoir d’autres moyens de création d’emplois, devenant presque des protectorats d’autres pays, où on peut, par exemple, prohiber l’action syndicale. En Algérie, c’est impossible. Il y a une demande d’État et de protection sociale assez forte. Ce n’est pas très attractif. Mais quand il s’agit d’investir dans les hydrocarbures, cela ne gêne personne. Ajoutez à cela un pays solvable non endetté et qui compte 45 millions de consommateurs».
Dans le chapitre des relations économiques algéro-françaises, le Président Tebboune qui a rappelé que plus de 450 PME françaises sont présentes en Algérie, a évoqué notamment le dossier d’ouverture d’une usine Peugeot en Algérie, en cours de maturation ; le partenariat entre Saidal et Sanofi Pasteur, en cours de concrétisation; les partenariats avec Suez et la RATP, qui «battent de l’aile». Sur les questions internationales, c’est la situation au Mali et le rôle que l’Algérie serait susceptible d’y jouer, le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, ainsi que la position de l’Algérie par rapport à la question de la normalisation des relations entre l’entité sioniste et certains pays arabes et l’urgente réforme de la Ligue arabe, qui ont dominé cours de l’interview.
Lakhdar A.