Une place «formelle» pour la culture

Programmes des candidats aux législatives

La plupart des partis politiques et listes indépendantes en lice pour les élections législatives du 12 juin réservent une place «formelle» à la culture, très peu évoquée dans les tablettes des postulants à la représentation nationale qui s’engagent à conforter leur place dans la société sans proposer de véritables projets culturels.

Déclinée en plusieurs points, la culture occupe une place dans le programme du mouvement Ennahda qui prône l’action culturelle comme un «reflet» naturel de l’identité et de l’appartenance d’une nation. Le parti promet d’encourager toute forme d’expression artistique et la créativité sans pour autant nuire aux valeurs culturelles et cultuelles de la société algérienne. Autre initiative du parti, le soutien aux créateurs et aux artistes pour contribuer à la redynamisation de la vie culturelle et renforcer le rôle des établissements culturels et espaces de création artistique, notant que la créativité est un «ambassadeur» qui représente une image «décente» de l’Algérie à l’étranger. Relevant l’importance de la diversité et la richesse culturelle de l’Algérie, ce parti prévoit de faire de la culture un levier pour promouvoir le tourisme et le développement durable, sans atteinte aux valeurs et aux croyances des Algériens.
Loin d’être une «priorité» pour l’Alliance nationale républicaine (ANR), la culture figure dans le programme du parti dans un point qui prévoit d’encourager la production culturelle notamment dans les domaines du livre, du cinéma et du théâtre en plus de la lecture que cette formation souhaite promouvoir à travers toute l’Algérie. Le Rassemblement national démocratique (RND) propose l’élaboration d’une (nouvelle) loi pour renforcer la protection du patrimoine culturel et historique, en plus de la création de centres culturels au niveau des représentations consulaires algériennes à travers le monde. Très peu évoqué dans le programme de «Tadjamoua amel El Djazair» (TAJ), le sujet de la culture se résume à la prise en charge de l’artiste et la promotion de l’investissement privé dans les arts et la culture.
Du côté des candidats indépendants, la liste «Laâlam» d’Alger affirme son objectif de «contribuer» au développement de La Casbah et de renforcer son statut de patrimoine immatériel mondial. Il est aussi question pour cette jeune liste d’«inciter» les entrepreneurs à investir dans le domaine des arts et de la culture, en assurant l’accompagnement des initiatives des jeunes artistes. Autre mesure proposée par cette liste, élargir le réseau des salles de spectacle (cinéma et théâtre) ainsi que les musées et encourager la lecture notamment dans le milieu scolaire. Pour sa part, la liste «Jeunesse libre» de Tlemcen prône le développement de la production culturelle et artistique notamment dans le théâtre et le cinéma, pour contribuer à la relance économique.

Absence de véritables projets culturels
Si les candidats aux législatives du 12 mai ont inscrit la culture dans leurs tablettes, ils ne proposent, cependant, aucun projet culturel clairement défini. Aucun des candidats ne défend l’augmentation du budget alloué à la culture ou encore des mesures «concrètes» pour la sauvegarde du patrimoine, notamment les monuments historiques classés. La promotion de la culture dans les médias et l’accès à l’éducation artistique des enfants démunis sont, entre autres, points ignorés par la majorité des postulants à la représentation nationale. L’universitaire Habiba Al Alaoui, spécialiste des questions culturelles, soutient que les candidats aux élections «ressassent» des propositions «superficielles», présentées comme des solutions pour la relance du secteur de la culture.
Pour elle, les candidats s’intéressent peu à la chose culturelle, considérant que ce volet, souvent ignoré dans les programmes électoraux, n’attire pas les électeurs. Membre fondateur d’une association culturelle, El Alaoui estime que les (futurs) «députés devront aussi faire entendre la voix de la société civile et des acteurs culturels» en œuvrant à préserver la liberté de création et lutter contre toute forme d’«ordre moral», entravant la création artistique. Pas moins de 1 483 listes sont en lice pour les Législatives du 12 juin prochain, dont 646 listes de partis politiques et 837 présentées par des candidats indépendants. Lancée le 20 mai dernier, la campagne électorale pour le scrutin législatif prendra fin le 8 juin à minuit.
R. C.