Bilan et perspectives 2021/2024

Situation économique et sociale en Algérie

L’épidémie du coronavirus et la chute du cours des hydrocarbures a mis en évidence la vulnérabilité de l’économie algérienne, assise essentiellement sur la rente des hydrocarbures qui irrigue toute la société. Dire qu’aujourd’hui que la situation économique et sociale en Algérie est préoccupante, constitue un euphémisme, expliquant actuellement les vives tensions sociales (voir notre interview parue dans le quotidien international lemonde.fr Paris 5/2/2021.

L’urgence est de mettre fin au manque de visibilité et une organisation institutionnelle ministérielle pléthorique (41 ministres), ce qui réduit l’efficacité et la cohérence, des institutions en berne comme la Cour des comptes, le Conseil national de l’énergie, le Conseil national de la concurrence, le Conseil économique et social et en plus frappé par l’épidémie du Coronavirus qui paralyse l’économie.

En conclusion quelle place pour les relations internationales et notamment les relations Europe-Algérie ?
C’est le principal partenaire économique comme en témoigne la structure du commerce extérieur de l’Algérie pour 2019 et 2020, certes en baisse en valeur et volume du fait notamment de l’épidémie du coronavirus et de la concurrence internationale ? En 2019, la France était le 1er client de l’Algérie (14% du total), devant l’Italie (13%) et l’Espagne (11%). La Chine était en 2019 le 1er fournisseur de l’Algérie (avec une part de marché de 18%), suivie par la France (10%) et l’Italie (8%). Pour 2020, sur la liste des pays fournisseurs de l’Algérie, la France occupe la première place parmi les pays de l’UE avec 10 %, suivie de l’Italie (7%), l’Allemagne (6,5 %) et l’Espagne (6,2%) contre 17% pour la Chine. En matière d’exportations, l’Italie est le premier client de l’Algérie avec un taux de 14,5% suivie de la France (13,7%) et l’Espagne (10%) contre 9 % pour la Turquie et 5% pour la Chine.
L’UE demeure le principal partenaire stratégique de l’Algérie en 2020 avec plus de 57%, alors qu’en 2020, les échanges commerciaux avec les pays africains ne dépassent pas les 3 milliards de dollars (1,5 Mds pour les exportations et 1,5 Mds pour les importations). Cependant, il faut reconnaître que les relations économiques entre l’Algérie et l’Europe, malgré des discours de bonnes intentions, sont loin des attentes. Mais les relations ne se limitent pas aux aspects économiques Sur le plan géostratégique, pour l’Europe, l’Algérie est un acteur déterminant de la stabilité régionale et de l’approvisionnement en énergie et dans plusieurs rapports entre 2018/2020 les autorités européennes et les USA ont tenu à souligner qu’avec les tensions au niveau de la région qui influent par ricochet, sur l’Europe, les autorités algériennes contribuant à la stabilisation de son voisinage immédiat, notamment au Sahel et que l’Algérie demeure un acteur-clé au niveau de l’espace méditerranéen et africain.
L’évolution de la crise libyenne, malienne et la situation complexe dans la région du Sahel ont amené l’Armée nationale populaire (ANP) à déployer des forces de sécurité supplémentaires aux frontières. Cependant, en cette ère de profondes mutations géostratégiques, économiques, sociales, cultuelles avec la consolidation des grands espaces, il est dans l’intérêt de tous les pays du Maghreb d’accélérer l’intégration économique étant suicidaire de faire cavalier seul, si l’on veut attirer des investisseurs potentiels intéressés non par des micro-espaces. Dans une contribution parue le 28 avril 2011 à l’Institut français des Relations Internationales ( IFRI) de Paris, France sous le titre «La coopération Europe/Maghreb» et dans un ouvrage collectif sous mal direction et celle du Dr Camille Sari «Le Maghreb face aux enjeux géostratégiques regroupant 36 experts des deux rives de la Méditerranée» ( 2 volumes 1050 pages Edition Harmattan Paris 2015/2016) : j’avais mis en relief que les échanges intra maghrébines ne dépassaient pas 3% posant l’urgence d’une nouvelle conception des relations internationales. J’ai soutenu que l’espace qui me semblait le plus à même d’être opérationnel à moyen terme au niveau de la Méditerranée orientale est l’espace des 5+5+ Allemagne afin de réaliser une prospérité partagée conciliant développement et démocratie tenant compte des anthropologies culturelles et grâce à la société civile (réseaux décentralisés) qui à côté des Etats, des institutions internationales sera le vecteur dynamisant au XXIe siècle.
En bref, l’intensification de la coopération entre l’Algérie et l’Europe devant tenir compte de l’inévitable transition numérique et énergétique est souhaitable devant avoir une vision commune de notre devenir, et ce afin de contribuer ensemble à la stabilité régionale. La symbiose des apports de l’Orient et de l’Occident, le dialogue des cultures et la tolérance sont sources d’enrichissement mutuel. Les derniers événements devraient encore mieux nous faire réfléchir, évitant cette confrontation des religions car autant, pour ne citer que les grandes religions monothéistes, l’islam, le christianisme que le judaïsme ont contribué fortement à l’épanouissement des civilisations, à cette tolérance en condamnant toute forme d’extrémisme, populations juives et musulmanes notamment ayant cohabité ensemble pacifiquement pendant des siècles. Pour consolider des relations durables entre l’Algérie et l’Europe, il s’agit, en ce monde impitoyable où toute nation qui n’avance pas recule, de préparer ensemble l’avenir par le respect mutuel, loin de tout préjugé et esprit de domination.
(Suite et fin)
Professeur des universités Expert international, Dr Abderrahmane Mebtoul