Un aliment indispensable à forte valeur symbolique

Le pain dans la culture générale

Longtemps concurrencée par la galette souvent préparée par des mains habiles, le pain n’a jamais pu être détrôné pour sa valeur alimentaire et sa saveur irremplaçable.

Le pain remonte à une époque lointaine, et on n’arrive pas à savoir quel en est l’inventeur. Une chose est sûre, c’est qu’il a commencé sous une forme primitive et qu’au fil des générations, il a évolué pour prendre une très grande diversité de formes que nous lui connaissons à l’heure actuelle. Depuis son apparition jusqu’à nos jours, il n’a jamais cessé d’être à la base d’une bonne alimentation et comme élément essentiel. Dans quelques pays à longues traditions culinaires, il a été remplacé par la galette aux formes multiples et faite à partir de la farine ou d’une semoule de blé, d’orge, de son ; c’est généralement des sociétés qui ont cherché à se nourrir des produits du terroir. Mais le pain garde toujours sa place d’aliment plus facile à obtenir parce que c’est une affaire de boulanger, alors que la galette sous toutes ses formes nécessite une préparation sérieuse et beaucoup de savoir-faire et de talent, sans compter qu’au préalable, il faut réunir les ingrédients nécessaires.
Dans les pays anciennement colonisés, il était inconnu avant que les colonisateurs ne l’introduisent et ça a été une découverte. Les plus pauvres le consomment en grosses quantités avec un tas de préparations culinaires : chorba, tajines sous toutes ses formes et une diversité de recettes traditionnelles ou nouvelles. Le pain devient indispensable et il est consommé sous toutes ses formes : baguettes fines ou pains longs et larges, ronds, fougase. Il se mange en casse-croûte, seul quand il est frais ou accompagné d’huile d’olive, d’oignon, de figues lorsqu’on est en voyage, de petit lait et s’il y a du fromage ou du beurre, c’est encore mieux. Enfin, il peut s’accommoder de tous les accompagnements possibles.

Le pain sous toutes ses formes en tant que produit artisanal
Sauf cas exceptionnels, le pain est produit artisanalement par les maîtres boulangers. Ce sont de vrais artisans parce que ce sont de vrais connaisseurs qui ont appris le métier auprès des maîtres expérimentés du pain, capable de lui inventer des formes nouvelles pour l’adapter à une alimentation plus équilibrée. Chez nous, les plus anciens rapportent les propos de leurs aînés qui parlaient de pain de grandes dimensions, très longs et larges, un seul pain pouvait suffire à une famille ; il était croustillant et très bon quand il fait partie de la dernière fournée, il se mangeait bien quand il était frais, mais même rassis, il était encore bon et pour des ventres affamés, au lendemain ou au surlendemain, il était dur, mais encore agréable pour quiconque avait des dents grignoteuses. Les gens croyaient que le pain n’existait que sous ce format. Plus tard, avec l’évolution, l’influence des voyages, on se mit à faire des baguettes au grand étonnement des consommateurs qui les trouvèrent bonnes pour le goût et la saveur.
Les boulangers eurent l’idée géniales de façonner puis de mettre en vente ce qu’il y a de plus fin et de bon surtout pendant le mois de ramadhan, on les a appelées les ficelles pour lesquelles on eut un certain engouement. Auparavant, il y a eu l’invention de la fougeasse puis des boules rondes de différentes espèces et de différents diamètres, elles ont eu beaucoup de succès les boules faites avec des motifs qui incitent à acheter. La majorité des consommateurs les préfèrent. Avec le temps, on a fini par découvrir les bienfaits de l’orge, du son ainsi que de la semoule ou du son d’avoine qui ont depuis leur découverte à faire du pain, très bon pour ceux qui ont des problèmes de digestion, de constipation ou de toute autre anomalie en lien avec l’estomac, à l’heure actuelle le pain d’orge est fortement apprécié.
Et les inventions vont bon train, on met en vent le pain complet, on ne sait pourquoi cette appellation, mais tout ce qu’on sait, c’est qu’on le dit très bon, parce qu’il est fait d’ingrédients essentiels : farine brute et du petit son. Le pain de mie est fait pour ceux qui adorent les sucreries, cuit dans un moule pour qu’il ne se forme que très peu de croûte et contenant éventuellement des matières grasses, du sucre ; il est proche du pain d’épices qui est un gâteau de farine de seigle au sucre, au miel et aux aromates comme l’anis, la cannelle et autres. Ces pains appelés gâteaux sucrés ne relèvent pas de la compétence du boulanger qui fait toutes formes de pains à la farine, à la semoule de blé ou de seigle destinées à la grosse consommation pendant les repas, mais les sucreries c’est le travail des pâtissiers habitués aux ingrédients sucrés.

Autres formes de pains liés à cet aliment par homonymie ou par une expression symbolique
Il existe des variétés de pain comme le pain au chocolat, petit pain fourré avec une barre de chocolat  et qui ne sort pas de chez l’artisan boulanger mais plutôt de chez le pâtissier, c’est comme le pain aux raisins secs. Quant au pain de Gênes, il est fait d’une pâte à biscuit à laquelle sont incorporés des amandes pilées. Le pain brûlé est appelé ainsi par rapport à sa couleur brune soutenue et chaude. Le pain de campagne, c’est du pain fait avec du levain et de la farine de blé moulue à la meule et dont la pâte est pétrie à la main, appelé aussi pain de farine bise, à croûte farinée imitant  le pain de campagne à l’ancienne. Le pain de fantaisie, se dit du pain vendu à l’unité contrairement au gros pain vendu au poids. Le pain de mie est cuit au moule  pour obtenir une fine croûte pouvant contenir des matières grasses et du sucre. On a parlé ci- dessus du pain d’épices qui n’est pas l’affaire du boulanger, mais du pâtissier, étant donné qu’il s’agit d’un gâteau de farine de seigle au sucre, miel et de nombreux aromates. Le pain noir est une variété de pain fait avec de la farine de blé noir et de seigle. Le pain paillasse, ayant une forme allongée, il est à lever dans  un panier appelé paillasse.
Le pain perdu, c’est du pain ou des brioches rassis trempé dans du lait et des œufs sucrés et frits, seconde vie du pain que l’on consomme agréablement sous forme de gâteau. Autres espèces de pain qui n’ont de lien  avec celui que nous consommons au quotidien que le nom, autrement dit ce ne sont que des homonymes comme le pain de sucre qui est une variété de sucre vendu sous la forme de masse ayant la forme d’un cône allongé, imitant le pain long, on le consomme en lui enlevant chaque jour avec un marteau une partie. Le pain de coucou ou alléluia, plante  herbacée du genre Oxalis qui fleurit au printemps. Le pain de singe, appellation atypique  qui désigne un fruit  comestible, celui du baobab. Arbre  à pain ou artocarpus qui est un arbre d’Océanie et d’Asie tropicale produisant de gros fruits qui contiennent une chair amylacée que l’on consomme cuite.

Expressions familières employées couramment à base de pain
Symbole de la nourriture, gagner son pain, c’est gagner sa vie, travailler pour vivre qui peut avoir plusieurs acceptions. Cela signifie travailler pour gagner de quoi vivre modestement, ou vivre petitement moyennant un emploi précaire ; rien de commun avec quiconque travaille pour s’enrichir. Ôter à quelqu’un le pain de sa bouche, comportement inhumain de quelqu’un qui ose priver une personne de son gagne pain, le priver de ses moyens de subsistance de différentes façons. Avoir un gagne pain, avoir un travail qui permet de vivre. Vous connaissez la fable « Le savetier et le financier », où le savetier travaille en chantant parce qu’il est heureux. Intrigué par son comportement, son voisin, financier, qui vit tristement ayant peur quotidiennement que des voleurs viennent lui dérober sa fortune, alla lui demander comment il trouve le moyen de chanter chaque jour.
Ce savetier lui explique qu’il mène une vie où chaque jour amène son pain, c’est-à-dire qu’il vit au jour le jour et qu’il est le plus heureux. Avoir du pain sur la planche qui signifie avoir beaucoup de travail, quelquefois en avoir au point de ne pouvoir faire autre chose que ce travail. Il y a une expression à caractère commerciale ou de type publicitaire qui en dit long sur une marchandise qui se vend comme des petits pains, désignant des articles très demandés et qui se vendent facilement et rapidement.
Boumediene Abed