Près de 530 milliards de DA déboursés pour gérer la crise du Covid-19

L’Algérie à la croisée de l’économie, de la société et des manques à gagner

L’année 2020 a été particulièrement difficile sur le plan financier et économique suite à l’arrivée de la pandémie du Coronavirus qui a bouleversé l’ordre des priorités des comptes de l’Etat, dont les effets risquent de se prolonger, malgré la reprise progressive de l’investissement et de la consommation depuis le début de 2021.

Cinq mois plus tard, le ministère fait le bilan de la situation économique et sociale du pays et table sur l’amélioration du cadre macro-économique et de la finance, selon des prévisions plus ou moins rationnelles. L’Etat devra travailler davantage pour rattraper les pertes financières causées par la crise sanitaire et le repli de la consommation et de l’investissement. La gestion de la pandémie a nécessité des»dotations budgétaires, au titre l’exercice 2021, de près de 530 milliards de DA», selon le bilan du ministère, rendu public avant-hier, ce qui a provoqué un déséquilibre interne et externe des comptes de l’Etat. Malgré la situation financière»inconfortable»du pays, les pouvoirs publics espèrent rattraper rapidement les pertes colossales dues à la pandémie et réduire les déficits publics à travers l’amélioration de la gouvernance et s’en remettent davantage à l’investissement étranger direct et à la relance du tissu industriel et productif. L’Etat tente d’accélérer, par conséquent la réforme du système financier, bancaire et douanier pour assouplir les procédures administratives et l’accès à l’investissement.
Ainsi soutenir les opérations de recouvrement fiscal et capter l’argent de l’informel pour une meilleure visibilité et viabilité financières de l’investissement national. «Durant les 5 premiers mois de l’année en cours, le déficit de la balance commerciale a déjà enregistré une baisse de 68%, passant à -1,3 milliard de dollars», plombée par la hausse de la facture des importations qui a dépassé les 15,2 milliards de dollars, alors que les recettes pétrolière sont toujours en baisse, ce qui a provoqué l’érosion des réserves de change et la dévaluation volontaire du Dinar. Ce sont les conséquences d’une année financière certes difficile, mais aussi d’une gestion antérieure désastreuse des biens de l’Etat, qui ont poussé le Gouvernement à prendre des mesures drastiques pour compenser ces pertes, rééquilibrer les comptes publics et assainir le climat des affaires. L’Etat œuvre, en effet, depuis des mois pour un meilleur recadrage macro-économique et améliorer la gouvernance financière tout en essayant d’inventer un nouveau modèle économique plus inclusif et productif.
Pour ce faire, des réformes globales s’imposent à tous les niveaux, même au niveau social. Revoir la politique de subvention, de la sécurité sociale et de la santé pour instaurer un certain équilibre social favorable pour l’épanouissement économique. Les autorités s’efforcent, en effet, de remédier aux dysfonctionnements institutionnels, réglementaires et bureaucratiques pour relancer l’économie et profiter de la reprise de l’activité économique dans le pays. Un retour progressif qui se distingue par»le niveau des recouvrements fiscaux, effectués par l’administration des impôts, marqué par une hausse de 9,5% à 807,65 mds de DA à fin avril 2021 par rapport à la même période de 2020 (737,69 mds DA)», souligne le même rapport. Une conséquence directe de la hausse des dépenses publiques qui conduit souvent à l’augmentation des recettes fiscales et le soutien à l’investissement productif. Ce dernier figure parmi les priorités de l’Etat qui accorde une attention particulière au développement du produit local et surtout au renforcement du partenariat public-privé.
Ceci pourrait accélérer la stabilisation des fondamentaux de l’économie nationale qui s’apprête à franchir un nouveau cap plus libéral et s’affranchir du barrage technologique. Selon le rapport du ministère de tutelle,»l’année 2021 devra être consacrée à la stabilisation des fondamentaux de notre économie, à travers un retour progressif de l’activité économique à des niveaux permettant le rattrapage des pertes subies en 2020 et une atténuation des déséquilibres internes et externes des comptes de l’Etat». Un recadrage macro-économique et financier nécessaire pour profiter de l’opportunité qu’offre le marché africain et occidental qui reprend graduellement ses investissements étrangers. De nouvelles mesures sont introduites dans le texte du projet de loi de Finance complémentaire 2021 (PLFC) qui prévoit»une croissance économique de +4,2% en 2021 de l’Algérie, alors que la croissance du secteur des hydrocarbures devrait grimper à 10,1%», selon le bilan financier des premiers cinq mois de 2021.
Pour atteindre ce rythme de croissance et remédier à l’inflation galopante, le ministère des Finances avait, pour rappel, instruit la réduction des délais de traitement des dossiers de crédit à 30 jours.»Une démarche qui s’est traduite par le traitement d’un nombre très important de demandes de report ou de glissement d’échéance, émanant de la clientèle, à la fois du secteur public et privé». Cet assouplissement procédural à aider les investisseurs à élargir leur perspective d’investissement et relancer leurs activités en berne depuis des mois. «La part des crédits d’investissement représente 75% du total des crédits accordés par les banques publiques, avec une évolution de 5 mds DA», a indiqué le communiqué du ministère des Finances. «Cela démontre l’effort considérable déployé par le secteur bancaire pour accompagner le secteur économique national dans la perspective d’assurer une reprise parraine», a-t-il souligné.
Samira Takharboucht