Bye-bye APN de la chkara !

Les législatives de la rupture

Les premières élections législatives de l’Algérie nouvelle, sur la base de la Constitution adoptée le 1er novembre 2020 et de la loi portant régime électoral qui en est issue, ont consacré une série de ruptures avec les pratiques électorales du passé.

Elles ont révélé des données inhabituelles à l’électeur algérien. Dans un bureau de vote à Alger, Abdelkader M., jeune étudiant, a été surpris par le nombre de feuilles posées sur la table avant l’isoloir. Il en a ramassé un bon paquet, mais comme il avait fait son choix à l’avance, il connaissait le numéro de la liste et il a pris juste le temps de chercher le nom pour cocher la case correspondant au nom de la jeune cadre dans une entreprise publique qu’il estimait être apte à le représenter dans la future Assemblée populaire nationale (APN) pour les cinq prochaines années. Abdelkader M. n’arrive pas à réaliser que c’est lui qui a choisi directement le candidat. Avant, tout dépendait de la place du candidat sur la liste et les premières «loges» étaient chèrement payées par ceux qui en avaient les moyens. Hier, Abdelkader M. a voté pour une jeune femme inscrite sur une liste d’indépendants dont les frais de campagne ont été pris en charge par l’Etat.
Avant, les moyens de l’Etat étaient frauduleusement réservés aux candidats du pouvoir. L’autre fait notable, imperceptible, celui-là, a été relevé, hier, en sortant du bureau de vote, par Mouloud, retraité : on a beau chercher, dit-il, on ne trouve pas de candidats du pouvoir (ministres, dirigeants de partis…). Ils avaient l’habitude, se souvient-il, d’utiliser les moyens de l’administration, de l’Etat algérien, (téléphones, ordinateurs, véhicules de service, y compris le personnel…) pour faire leur campagne électorale et ils usaient du clientélisme pour battre le rappel des voix des électeurs, et ils étaient élus! Il ne faut pas remonter loin dans le temps pour s’en rappeler : tel ministre-candidat, en campagne électorale, se déplaçait avec des cadres de son ministère qui étaient munis d’ordres de mission et de billets d’avions payés par le ministère, et qui étaient chargés de lui préparer le terrain, (propagande, contacts avec certaines personnalités et notables, etc.., notamment les affairistes, entrepreneurs, etc…) ; il arrivait même que le programme électoral du ministre-candidat à la députation soit élaboré par des cadres supérieurs du ministère, la saisie étant faite sur les micro-ordinateurs et par un personnel appartenant au ministère.
A-t-on vu pareille pratique durant la préparation et le déroulement des élections législatives de l’Algérie nouvelle? Non ! Ce changement radical a été tellement rapide qu’il est passé inaperçu, note Mouloud. Dans les législatives du 12 juin 2021, le comportement électoral respectueux de l’éthique est devenu «normal». Il estime que le taux de participation est secondaire devant ce résultat : la pratique électorale en Algérie a été libérée des comportements mafieux. Ce n’est pas la seule innovation. En fait, tout une série de ruptures avec l’ancien système électoral, a été constaté par les Algériennes et les Algériennes qui ont tenu à participer à ce scrutin commencé mercredi dans 139 bureaux itinérants du Sud du pays (conformément aux dispositions de la loi portant régime électoral) puis jeudi dans la communauté nationale à l’étranger pour 902.865 électeurs dans 357 bureaux de vote, et hier sur le territoire national pour 23.522.322 électeurs.
Ce scrutin indemne de l’influence de l’argent, est historique, par sa transparence, son intégrité, avec de vrais chiffres. Il a été décrit par le Président Abdelmadjid Tebboune comme un deuxième jalon dans le processus de changement et d’édification d’une Algérie démocratique plus proche du citoyen qu’avant, en attendant la tenue «prochainement» des élections locales (APW et APC), qui se veulent «le dernier jalon de ce processus». Les opérations de vote sur l’ensemble du territoire national se sont déroulées dans de bonnes conditions, à part quelques cas isolés. Dans les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa, des électeurs ont eu le courage d’aller aux bureaux de vote et déposer leurs bulletins dans les urnes malgré la terreur anti-vote ambiante. Les opérations de vote ont eu lieu dans le respect par les électeurs et l’ensemble du personnel chargé de l’encadrement des législatives, des mesures sanitaires liées à la pandémie du Covid-19 auquel avait appelé l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
Lakhdar A.