L’opportunité de créer une zone franche entre l’Algérie et la Libye s’épaissit

Ouverture du premier marché algérien à Misrata dans deux mois

La Libye s’en remet aux investissements étrangers directs (IDE) et à l’appui des pays voisins et des Etats influents dans son dossier pour se reconstruire. Les autorités de Transition tentent de se réconcilier avec tous les Etats, y compris avec son allié historique l’Algérie pour créer un marché commercial exceptionnel et commun, plus solide et inclusif.

Ainsi réorienter la trajectoire de son économie vers un commerce extérieur plus dynamique. Pour retrouver ce dynamisme, l’Algérie promet d’aider la Libye à réconcilier sa politique avec son économie et ouvre les voies à ses opérateurs économiques pour profiter du marché libyen et explorer les opportunités d’investissement dans le pays. La décision de rouvrir les frontières maritimes et terrestres entre les deux pays renseigne sur la volonté de l’Algérie d’accompagner le pays dans la mise en œuvre de son Plan de relance économique. Cette démarche facilitera l’accès au marché libyen et l’ouverture en prévision du premier marché algérien dans la ville de Misrata (Libye). Cette initiative constitue une réponse plus ou moins claire des autorités algériennes à la demande de leurs homologues libyens de créer une zone franche entre les deux parties. Un pas de plus franchi entre les deux alliés historiques qui comptent, aussi, poursuivre leur combat contre le terrorisme dans la région pour instaurer la paix et une sécurité pérenne. Plusieurs accords ont été, d’ailleurs, signés récemment entre les autorités et les opérateurs économiques des deux pays.
Le marché libyen est potentiellement porteur pour les exportateurs et investisseurs algériens invités à participer à la reconstruction de la Libye. Un pays qui ne demeure pas moins attractif à cause de la guerre civile et de la menace sécuritaire permanente dans ce pays. Le cessez-le-feu signé entre les deux parties belligérantes accorde une marge de manœuvre importante pour les autorités de Transition afin d’accélérer l’organisation des élections nationales et la mise en place d’un système politique solide qui aiderait à la stabilisation et unification du pays. La réussite de la période de transition est fondamentale pour apaiser les tensions et s’en passer des troupes étrangères qui devraient quitter le territoire libyen bientôt. Toutes ces questions seront examinées lors de la Conférence de «Berlin 2» sur la Libye, prévue le 23 juin en Allemagne. En attendant l’évaluation de la mise en œuvre du processus de paix dans ce pays en ruine, l’Algérie réconforte son voisin et lui propose de l’aider à reconstruire les villes dévastées par les violences armées et à relancer le secteur des hydrocarbures. Ce dernier est la seule richesse exploitée réellement par le pays.
Les deux pays ont exprimé leur souhait de coopérer ensemble pour retrouver l’allié économique d’avant la guerre civile. Ils visent une coopération durable dans divers secteurs, notamment, énergétique et agricole. Sans oublier le secteur touristique qui est aussi prometteur. «Les deux pays comptent porter le volume de leurs échanges commerciaux à 3 milliards de dollars au cours des prochaines années», a indiqué, pour rappel, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, lors d’une réunion d’évaluation du Forum algéro-libyen et du Salon de la production nationale destinée au marché libyen organisés en mai dernier. Pour atteindre cet objectif, l’Algérie mobilise, d’ores et déjà, les moyens logistiques et humains pour investir progressivement le marché libyen. La première étape est déjà franchie, il reste désormais «la réouverture du poste frontalier ‘’Deb Deb-Ghadamès’’ dans la wilaya d’Illizi qui créera une véritable dynamique commerciale entre les deux pays».
En effet, la réouverture des frontières maritimes et terrestres entre les deux pays, après plusieurs années de fermeture à cause de la menace terroriste, permettra, selon M. Rezig de «relancer les activités économiques et commerciales dans la région. Cette démarche dénote la volonté sincère de l’Etat algérien à asseoir les règles d’un partenariat économique privilégié avec la Libye». Il est aussi prévu l’ouverture du «premier marché de produits algériens dans les deux prochains mois dans la ville libyenne de Misrata», a fait savoir, avant-hier, le délégué du Conseil des hommes d’affaires libyens en Algérie, Omar Kara.
Ce marché sera ouvert dans «une zone franche sera implantée sur une superficie de 5.000 m2», a précisé le même responsable, mettant l’accent sur «l’importance de ce projet commercial qui va permettre le relèvement du volume des échanges commerciaux entre les deux pays et améliorer la visibilité des produits algériens sur le marché libyen». Cette initiative constitue une passerelle commerciale entre la Libye et l’Algérie et aussi une «opportunité aux hommes d’affaires algériens intéressés de réaliser des accords commerciaux et de commercialiser leurs produits en toute facilité, tout en permettant aux commerçants libyens d’avoir un aperçu des produits algériens et de les acquérir sans avoir à se déplacer en l’Algérie», a expliqué M. Kara.
Samira Takharboucht