Pour faire reculer le phénomène migratoire, l’UE doit investir dans les pays du Sud

Union européenne

Afin de réduire l’acuité du phénomène migratoire, les pays membres de l’Union européenne doivent investir davantage dans les pays du Sud tout en leur assurant un transfert de technologie à même d’améliorer la situation de leurs économies respectives, estime Arslan Chikhaoui, spécialiste des questions géostratégiques.

«Le défi pour l’Union européenne est de stimuler l’investissement productif, le transfert de connaissances, l’innovation et le partage des technologies en direction des pays du Sud. Cela permettra d’approfondir et de consolider le processus de collaboration Win-Win», soutient le spécialiste dans une contribution publiée samedi dans le journal l’Expression. D’après lui, «la sécurisation d’une région sub-méditerranéenne émergente homogène, pacifique et intégrée représente à la fois un objectif géopolitique et économique pour les décennies à venir afin de contenir l’émigration illégale et de faire face à toutes sortes de menaces émergentes de troisième génération».
Il ajoutera que «la mise en place d’une politique de voisinage de l’UE qui s’appuie sur la stratégie des 3M (Market, Money, Mobility) et de mesures de confiance fortes et concertées est un défi sécuritaire pour l’ordre social et la stabilité en Afrique du Nord, au Sahel et en Méditerranée». L’expert considère, en outre, que «le dernier coup de force militaire au Mali et l’exacerbation des conflits de faible intensité dans la sous-région sahélienne ne peut être qu’un facteur d’augmentation du flux migratoire subsaharien vers la Méditerranée en transitant par les pays d’Afrique du Nord». Il fera remarquer que «la région de la Méditerranée, de l’Afrique du Nord et du Sahel, continuent d’être la principale voie de trafic multiforme», précisant qu’il s’agit d’une région qui «souffre de manière récurrente de conflits de faible intensité, de crises multidimensionnelles, d’activités d’Organisations violentes extrémistes (VEO) et du crime organisé».
La lutte contre le terrorisme et le crime organisé exige incontestablement une coopération internationale structurée et la capacité de formuler des politiques communes, assure-t-il. «La région est loin d’atteindre une telle cohérence dans ce domaine. Le terrorisme et la contrebande d’armes continuent d’être une source de tension dès le début des années 1990 accentuée depuis le -printemps arabe- de 2011», déplore, néanmoins, Arslan Chikhaoui. «Le trafic de drogue vers l’Europe se fait essentiellement par le biais d’immigrants illégaux des différentes sous-régions d’Afrique du Nord. Ce double trafic (narcotiques et immigration clandestine) devient par conséquent l’une des préoccupations majeures des Etats d’Afrique du Nord et des Etats européens», explique-t-il. «Avec le temps, le lien entre le trafic de drogue, la mafia financière, le blanchiment d’argent, la contrebande d’armes et le terrorisme est devenu apparent. Cela est perçu comme un défi de sécurité important pour l’ordre social et la stabilité», note l’expert.
R. R.