Une étape importante dans le processus démocratique

Les premières réactions après les législatives

Le taux préliminaire de 30,20% de participation aux élections législatives du 12 juin 2021, donné par Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), a retenu l’attention des médias et des observateurs qui ont également noté les changements radicaux apportés par ce scrutin dans nombre d’aspects du processus électoral.

D’abord, la transparence et l’intégrité des opérations de vote. Nul ne peut faire croire qu’il y ait eu un quelconque bourrage d’urnes ou trituration de quotas, comme cela se faisait dans des «élections pluralistes» auxquelles participaient volontiers des partis politiques de la mouvance démocratique alors qu’ils ont, curieusement, boycotté le scrutin du 12 juin, pourtant d’une régularité exemplaire. Le taux de participation donné par l’ANIE reflète la réalité constatée dans les bureaux de vote. Pour l’analyste politique Mesbah Menas, qui intervenait hier sur les ondes de la Chaîne I de la radio nationale, le taux de participation aux élections législatives est très raisonnable, eu égard à divers facteurs. Il se réfère à la réticence au changement qui marque le contexte en Algérie, et à l’impact de la crise sanitaire et économique mondiale, ainsi qu’au scepticisme des jeunes quant à la capacité des élections à produire des résultats tangibles. Mesbah Menas estime que les premiers résultats de ces législatives doivent être abordés dans leur contexte historique. Il s’attend à ce que le prochain Parlement soit meilleur que ses prédécesseurs, «quelles que soient les alliances et les coalitions».
De son côté, l’analyste politique Mustapha Heddam, qui était hier l’invité de la rédaction de la Chaîne III de la radio nationale, fait constater que «c’est la troisième fois que nous avons des élections organisées d’une manière indépendante par l’ANIE. Crescendo, nous avons remarqué la vérité des chiffres». Il estime que «l’Algérie entre, de plain pied, dans un système démocratique» excluant la thèse selon laquelle ce taux de 30,20% soit le résultat des appels au boycott. Selon lui, ce taux reflète la réalité que «les Algériens votent peu» et constitue ainsi «une avancée démocratique». Pour autant, Mustapha Heddam rappelle que ce taux national de participation reste un taux préliminaire. Il fait remarquer que «ce nouveau mode de scrutin requiert un dépouillement plus affiné avec deux comptages, d’abord pour déterminer les listes gagnantes puis pour identifier les personnes qui totalisent le plus grand nombre de voix». Il appelle à être patients : assainir la sphère politique est un processus qui prendra du temps. Il note, toutefois, que les dispositions légales dissuasives, contenues dans la nouvelle loi sur les élections, font leur effet.
«Les mauvaises pratiques se réduisent», constate-t-il. Selon lui, «les avancées démocratiques sont indéniables même s’il reste des améliorations à apporter». Mustapha Heddam appelle les pouvoirs publics et l’ANIE à consacrer «plus de démocratie, plus de liberté d’expression et de la presse, plus de franc parler pour rétablir les passerelles avec les citoyens et lutter contre ceux qui tentent de freiner le changement en cours». A l’international, selon un communiqué du Parlement arabe rendu public dimanche, le président du Parlement arabe, Adel Ben Abderrahman Al-Assoumi a affirmé que les élections législatives qui ont eu lieu, samedi, constituent une étape «importante» dans le processus démocratique et de consolidation de la participation politique en Algérie et une démarche nécessaire pour aller de l’avant.
Il a salué la «tenue» de ce scrutin et félicité les dirigeants et le Gouvernement ainsi que le peuple algérien à l’occasion de cette «importante» échéance politique. Le président du Parlement arabe a salué, en outre, «la capacité du peuple algérien à relever les défis sous la direction judicieuse du président de la République, Abdelmadjid Tebboune», se disant confiant que «les nouveaux députés algériens seront à la hauteur de la grande responsabilité qui leur a été confiée par le peuple algérien, leur souhaitant succès et réussite». Dans l’opinion publique, en Algérie, ces législatives sont mises en relation avec le renouvellement, annoncé pour septembre prochain, des Assemblées populaires de wilayas et communales (APW et APC), qui doit parachever l’édifice institutionnel de l’Algérie nouvelle, avec des Assemblées élues dont la composante devrait se distinguer par la compétence et l’intégrité.
Lakhdar A.