Le bond qualitatif de l’APN

Elue dans un scrutin régulier

Quelle sera la composition de l’Assemblée populaire nationale (APN) issue des élections législatives anticipées du samedi 12 juin 2021 ? C’est la question qui intéresse les Algériens maintenant que celle du taux de participation – satisfaisant dans les conditions sociopolitiques du pays – a eu sa réponse.

Sans attendre que l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) proclame les résultats officiels, des informations ont commencé à circuler hier sur les premiers résultats fournis par les dépouillements qui ont été terminés dans certaines wilayas. Ces résultats confortent l’idée d’une APN pluraliste, inédite, où siégeraient indépendants et candidats de partis politiques. De quoi sera faite la majorité parmi les 407 députés de l’APN ? S’inscrira-t-elle comme majorité présidentielle ou majorité parlementaire ? La formation du futur Gouvernement en dépend. Le Président Abdelmadjid Tebboune a indiqué samedi, au sujet de la composition du nouveau Gouvernement, qu’une décision sera prise «consacrant la véritable démocratie», qu’il résulte des législatives une majorité parlementaire ou présidentielle. Mais le plus important est dans la transparence et l’intégrité de ce scrutin, historique et sans précédent pour sa sincérité découlant de la régularité de tout le processus : confection des listes de candidatures, campagne électorale, vote, dépouillement.
L’ANIE estime, dans un communiqué, avoir «honoré ses engagements et ses promesses conformément à la Constitution et à la loi organique sur les élections en assurant toutes les conditions et toutes les garanties qui ont permis au peuple de voter ce qui a donné satisfaction aux candidats, des partis et des listes indépendantes, aux législatives du 12 juin». Pour l’ANIE, le peuple algérien a voté dans une ambiance pacifique en toute démocratie et dans le strict respect du protocole sanitaire mis en place à cet effet. Elle a évoqué la rencontre et le dialogue ouvert avec les candidats aux élections législatives et la signature par ces derniers de la Charte d’éthique des pratiques électorales. L’ANIE a répondu, dès dimanche soir, à Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui avait revendiqué la victoire de son parti.
Ces déclarations «émanant de certaines parties habituées à ce genre de pratiques», sont «sans fondement ni crédibilité», souligne l’ANIE qui estime que ces déclarations attentent à son engagement et à son intégrité «reconnue tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, en prétendant qu’elle n’est pas capable de protéger les voix des électeurs et en appelant le président de la République à assumer la responsabilité sur un ton de menace». «Ces allégations portent atteinte aux valeurs de l’Etat et de la République, et sont un appel fallacieux pour semer l’anarchie et le doute», insiste l’ANIE. Dans tous les cas, il restera à l’APN, élue dans un scrutin incontestablement régulier, sans bavures, à conforter sa légitimité en étant réellement au service des électeurs et de la population. Les Algériens qui ont voté et une bonne proportion de ceux qui n’ont pas voté, attendent de l’APN qu’elle soit radicalement différente des précédentes et à la hauteur de sa mission dans l’élaboration des lois mais aussi dans le contrôle de l’Exécutif.
L’APN doit effacer l’image d’une Assemblée caisse de résonance et dont les députés ne savent qu’acquiescer, en levant la main, à tout ce qui vient de l’Exécutif. La légitimité de l’APN n’est pas liée au taux de participation mais à sa capacité à travailler dans le sens des intérêts du peuple algérien. En même temps, les conditions devront être créées pour que les Algériens puissent savoir ce que font les députés. La chaîne parlementaire de télévision, annoncée par le Président Tebboune, en février 2020 permettra de répondre au besoin d’être informé des activités de l’institution législative, de suivre les débats dans les séances plénières, de prendre connaissance du travail des commissions permanentes. Un grand effort de communication est attendu pour élever le niveau de culture parlementaire des Algériens et, partant, leur niveau de conscience politique. L’exigence d’exemplarité est également posée aux députés pour asseoir la crédibilité de l’institution. En principe, la qualité des députés, majoritairement jeunes et instruits, avec très souvent un niveau universitaire, devraient faciliter le saut qualitatif que doit faire l’APN contribuant ainsi à relancer l’activité politique en Algérie.
Lakhdar A.