Des joueurs africains aux phases finales

Euro-2020

Des Africains au centre des phases finales du championnat d’Europe. Il faudrait bien en parler, parce qu’ils apportent un souffle africain au football européen.

Selon RFI, ils sont, selon le média RFI, plus de 30 joueurs aux origines africaines à avoir participé à une phase finale du championnat d’Europe des nations-notamment à cette 16e édition qui met en compétition les nations européennes de football à Rome depuis ce 11 juin 2021 et dont 6 d’entre eux ont même remporté la compétition. «On peut être né à Bamako et devenir champion d’Europe : Jean Tigana l’a fait en 1984. On peut être né à Dakar et gagner l’Euro : Patrick Vieira l’a fait en 2000, aux côtés de Marcel Desailly, lui-même né à Accra». Ce sont ces 3 joueurs africains de talents qui ont pendant plus de 30 ans, porté le maillot et qui ont décroché le Graal sur le Vieux Continent.
En 2016, le chiffre a doublé «les joueurs nés en Afrique sacrés champions d’Europe ont doublé et ce n’est pas la France qui l’a emporté cette fois-ci». Les archives de cette compétition révèlent comme le rapporte le reportage de RFI que dans la sélection portugaise qui avait surpris les Bleus au Stade de France, il y avait pas moins de 3 joueurs nés en Afrique qui évoluaient : il y avait «le milieu défensif Danilo Pereira (qui joue désormais au PSG), originaire de Guinée Bissau, son alter ego William Carvalho (Betis Séville), natif d’Angola, ainsi que Eder (Lokomotiv Moscou), auteur du but de la victoire lusitanienne en finale, lui aussi né à Bissaue».

Une trentaine de joueurs nés en Afrique…
Au palmarès de l’Euro, ils sont très nombreux à être nés sur le «continent noir» et à avoir participé à la compétition. Et contrairement aux dires des uns et des autres, ce n’est certes pas la France qui détient la palme du nombre de joueurs africains, mais plutôt le championnat portugais. Et pour preuve plus de 14 joueurs nés en Angola, au Mozambique, au Cap-Vert, en Guinée-Bissau, à Sao Tomé, en RDC et même en Afrique du Sud ont ainsi été retenus par les sélectionneurs portugais successifs pour une ou plusieurs éditions de l’Euro. «Et, dès la première qualification du Portugal pour la phase finale, en 1984 en France, un attaquant né 32 ans plus tôt à Benguela a éclaboussé la compétition : Rui Manuel Trindade Jordao a marqué un doublé contre l’équipe de France de Platini et Tigana (3-2 AP), en demi-finale à Marseille, et a failli l’éliminer… 32 ans avant le but d’Eder en finale.
Décédé en 2019 à 67 ans, Jordao reste le premier buteur de l’Euro né en Afrique». Il n’est pas le seul à réaliser cette performance Un autre joueur évoluant au poste de défenseur venu du Mozambique Abel Xavier n’avait à son compteur que 2 matches en phase finale de l’Euro… a marqué l’histoire de la compétition par sa main dans la surface de réparation qui été à l’origine d’un un penalty en or pour Zizou qu’il transformera à la 117’ lors de la demi-finale France-Portugal (2-1) de l’Euro 2000 à Bruxelles.

Le choix entre plusieurs sélections
L’auteur du reportage, estime que si le Portugal figure en tête de liste des nations ayant sélectionné pour l’Euro le plus de joueurs nés en Afrique, la France est bel et bien à la première place pour ce qui est du nombre de matches joués par ces ambassadeurs. On retrouve, en effet, 3 Bleus sur le podium des Africains de naissance les plus présents dans la compétition : Marcel Desailly, avec 12 matches lors des phases finales 1996, 2000 et 2004, devance 2 natifs de Dakar, Patrice Evra (10 matches en 2008, 2012 et 2016) et Patrick Vieira (9 matches en 2000 et 2004 car il n’avait pas pu jouer en 2008).
On constatera par la suite que ces trois ‘bleus’ ont été sélectionnés à l’Euro 2004 (1 match) et l’Euro 2008 (1 match), Jean-Alain Boumsong, né à Douala, n’avait pas hésité à rallier les Bleus : «Les binationaux ont souvent le choix entre plusieurs sélections dès leur plus jeune âge, analyse l’ancien défenseur d’Auxerre et Lyon. Les fédérations africaines sont aujourd’hui mieux organisées et le choix des joueurs est difficile comme on l’a vu avec Nabil Fekir. Il faut que ce choix soit difficile car il est important. À mon époque, j’avais le choix entre l’équipe de France et… rien. Mais, certains au Cameroun m’ont ensuite considéré comme un traître. Heureusement, ce n’était qu’une minorité».
Également finaliste de la Coupe du monde 2006 avec les Bleus, Boumsong, désormais consultant pour Canal+ Sport, se souvient de l’impact de l’Euro en Afrique : «Lors des Coupes du monde, les fans de football soutiennent les équipes africaines mais, lors de l’Euro, ils sont plus partagés. Ils suivent le tournoi car ils savent que c’est une compétition dont le niveau est relevé mais ils n’ont pas toujours d’équipe favorite. Alors, s’il y a une sélection avec des joueurs d’origines africaines dans leurs rangs, ils peuvent pencher pour elle. Au Cameroun, où je suis né, et dans les pays francophones, l’équipe de France reste très populaire. Mais, chez nos voisins de la RDC, c’est plutôt la Belgique. Le passé colonial joue encore un rôle important dans les préférences des supporters».
Synthèse de H. Hichem