Les condamnés à mort surprennent par leur bravoure les tribunaux coloniaux

Témoignage

La bravoure dont ont fait preuve les moudjahidine à l’annonce de leur condamnation à la peine capitale a surpris les membres des tribunaux coloniaux qui s’attendaient plutôt à leur effondrement, a témoigné le secrétaire général de l’Association nationale des anciens condamnés à mort 1954/1962, le moudjahid Senoussi Ben Misra.

Au moment où les juges et leurs adjoints des tribunaux militaires coloniaux français s’attendaient à voir ceux qu’ils condamnaient à mort s’effondre et les supplier pour obtenir clémence, ils étaient surpris de voir ces derniers afficher un sourire à la prononciation de la sentence qu’ils acceptaient sans vaciller et la tête haute, fiers d’offrir leurs vies pour la patrie, a ajouté le moudjahid Ben Misra dans une déclaration à l’APS à la veille de la célébration de la Journée nationale des condamnés à mort, commémorée le 19 juin de chaque année. M.B en Misra, communément appelé ‘’Aami Mohamed’’, qui était condamné à mort en 1958 et qui avait réussi à s’évader de la prison de Blida après deux années de détention, a observé qu’en condamnant à mort les moudjahidine, la justice coloniale française voulait affaiblir psychologiquement les Algériens, ignorant qu’en rejoignant l’Armée de libération nationale (ALN), ces révolutionnaires ont consenti au sacrifice suprême pour que vive l’Algérie libre et indépendante.
Ce moudjahid, aujourd’hui âgé de 81 ans et qui avait rejoint les rangs de l’ALN à 16 ans, ne peut oublier la prononciation de sa condamnation à la peine capitale, lui et un autre moudjahid pour «atteinte à la sécurité de l’Etat français», à l’issue d’un procès qui s’était déroulé alors au tribunal militaire de Médéa. Il ne pourra oublier aussi son transfert avec son co-accusé à la prison de Blida, où étaient détenus 32 autres condamnés à mort. Evoquant ce procès, Aami Mohamed se rappelle que le tribunal militaire a dû faire appel à un interprète tunisien, car ni lui ni son compagnon de combat ne maîtrisaient la langue française.
Lorsque l’interprète les a informés de la sentence du tribunal, ils ont accepté le verdict avec beaucoup de sérénité, face à ceux qui venaient de les condamner et qui leur demandaient s’ils avaient quelque chose à dire quand à leur condamnation. Leur seule réponse, au juge, était que seul Dieu décide quand il rappellera à lui les personnes et que peut être l’heure sonnera pour lui-même avant même que la décision de leur exécution ne soit appliquée, une prédiction qui s’est, d’ailleurs, concrétisée, a observé M. Ben Misra, puisque ce même juge a été tué par les moudjahidine, une semaine après le procès.
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