L’élevage équin résiste contre vents et marées dans le Hodna

M’sila

L’élevage équin, activité aux dimensions traditionnelle, touristique et agricole bien ancrées chez les habitants des vastes steppes pastorales du Hodna résiste en dépit de multiples difficultés.

«Musc», «Sultana», «Farhana», «Hodna» et «Messaouda» sont autant de jolis noms que les éleveurs équins donnent à leurs superbes et élégantes montures qui vouent un attachement particulier à leurs maîtres en accourant vers eux dès que leur nom est prononcé. Malgré les difficultés rencontrées par les éleveurs équins dans la wilaya de M’sila qui compte 2.000 chevaux, selon la direction de wilaya des services agricoles (DSA), les habitants du Hodna tentent de préserver cette activité. Pour expliquer leur attachement viscéral à cet élevage, des éleveurs équins citent le hadith du prophète Mohamed (QLSSSL) : «Le bien est attaché au toupet des chevaux jusqu’au jour de la Résurrection, leurs propriétaires sont aidés et celui qui dépense pour les entretenir est comparable à celui qui tend la main pour faire l’aumône». Selon Abdallah Ouali, président de l’association des éleveurs équins de la commune de Ouled Madhi et Abdelkader Laâmri, éleveur équin également de la région du Hodna, «la race des pur-sang anglais demeure la préférée des cavaliers pour les spectacles de fantasia et les courses hippiques en raison de leurs grande taille, leur élégance et leur vitesse comparativement au pur-sang arabe ou barbe». «Cela ne signifie pas toutefois que ces deux races ne conviennent pas pour les courses et la fantasia, mais elles sont classées en deuxième position après le pur-sang anglais», a-t-il néanmoins expliqué. Les mêmes éleveurs ont affirmé également que le cheval barbe est peu monté actuellement, à part dans les régions d’Aflou (wilaya de Laghouat) et dans certaines régions de la wilaya d’El Bayadh, à cause de sa petite taille notamment.

Ces deux éleveurs ont confié, par ailleurs, que «le dressage des chevaux destinés aux courses débute à un âge inférieur à trois ans, tandis que le dressage des chevaux réservés aux spectacles de fantasia et aux festivals divers est entamé entre 17 et 18 mois». Durant la course hippique le cavalier mise surtout sur la vitesse de sa monture par rapport à celles de ses rivaux, mais pendant la fantasia les choses diffèrent parfois même d’une région à une autre, de manière individuelle ou collective, en brandissant des épées et en tirant des coups de baroud, debout à dos de cheval. A l’Ouest du pays les spectacles équestres de fantasia se pratiquent à la manière de «l’Emir Abdelkader», illustrant une bataille combinant assauts fulgurants, vitesse et réactivité, explique-t-on, tandis que dans d’autres régions la fantasia est pratiquée à la manière de «Said Ali», traduisant la bravoure de Ali Ibn Abi Taleb, lors des batailles au cours desquelles le cavalier fond à vive allure sur les lignes de l’ennemi supposé sans jamais reculer. Dans le Hodna, les styles de fantasia pratiqués sont «Mahiaoui» et «Mansouri» et diffèrent des deux premiers que dans certains détails d’exécution. Le cavalier du Hodna revêt un costume particulier n’ayant rien à avoir avec la tenue du jockey, avec une dominance de blanc composé de Khassa, Erraza et les chaussures Boumessmar ( bottes en cuir parsemées de clous).Un soin particulier est accordé à la selle de diverses modèles dont chacune porte un nom telles que «Noss Amara», «Amara», «Amara oua noss» et «Nedjma oua H’lal». Le modèle «Nedjma oua H’lal» dont le prix atteint près de 4 millions DA, remonte à l’époque ottomane en Algérie et très peu de personnes en possèdent une, tandis que les anciennes

selles algériennes, datant de plus d’un siècle, dépassent le 1 million DA.

Des selles à 100.000 et 250.000 DA Fabriquée dans la wilaya de M’sila par des artisans dont le métier a été relancé ces dernières années grâce au soutien de la Chambre de l’artisanat et des métiers, la selle brodée de fil d’or coûte entre 100.000 et 250.000 DA, a indiqué la direction de cette structure. Outre la selle, le harnachement du cheval se compose de diverses autres pièces dont une paire d’étriers qui coûtent jusqu’à 50.000 DA la paire, le tapis de selle qui protège le dos du cheval coûte encore plus. Selon les éleveurs équins de M’sila, «la pérennité de cette activité ancestrale reste tributaire du soutien continu des autorités, auquel cas l’activité sera menacée de disparition pour plusieurs raisons. Ils citent notamment l’absence d’espaces pour l’entrainement des chevaux, la rareté du fourrage et sa cherté, l’insuffisance de l’aide destinée à chaque cheval, fixée à 60 kg de fourrage par mois, alors qu’un cheval consomme jusqu’à 210 kg par mois. Par ailleurs, en l’absence de centres de reproduction des pur-sang arabes qui existaient pourtant durant les années 1980, certains éleveurs équins de plusieurs wilayas comme Oum El Bouaghi, Laghouat et M’sila, ont affirmé que cette race de chevaux est actuellement importée en dépit des possibilités locales de relancer sa reproduction dans notre pays.

R.R