Un leader, un style…

Barkat Mourad (ex-JSB et MOC)

Barkat Mourad fait ses premiers pas à la fin des années 60 en deuxième division avec le club de son village natale, la Jeunesse Sportive Bizot, actuel Didouche Mourad où il a vu le jour le 20 juin 1950.

Il est repéré lors des matches inter-lycées à Constantine par les dirigeants du MOC, les Blanc et Bleu attendaient le match barrage d’accession de la JS Bizot face à Aouinet el Foul pour acquérir définitivement les services du talentueux Saâdane comme on le surnomme. Il rejoint le MO Constantine, son club de toujours à la saison 1969/1970 en Nationale II. Ce joueur de 19 ans, vif et dynamique malgré le changement de son poste de milieu de terrain à la défense par le défunt Zekri Rabie, qui le place comme dernier défenseur et lui remet le fameux n° 3, son maillot fétiche qu’il a porté jusqu’à la fin de sa carrière où il se distingue par les points forts suivants : une formidable détente, un extraordinaire jeu de tête, une très bonne relance ainsi que la couverture rapide en dépossédant proprement et sans faute ses adversaires du ballon. Un grand souvenir gravé dans la mémoire du joueur lors d’une rencontre décisive face à l’OM Ruisseau.
L’évènement s’est passé durant sa seconde saison avec le MOC (n° 2 1970-1971), il exposa au grand public une prestation distinguée qui offre la victoire au MOC (2-0) et l’accession en Nationale I ainsi que le retour de l’étendu club constantinois parmi les grands où il réalise une superbe première saison et franchit déjà un palier vers la division nationale. Nous apprécions, non seulement son talent de leader en défense avec Megri, Abdenouri, Benabdoune, Bouznada et Tabet, mais aussi du grand standing devant Fendi, Zogmar, les frères Adelani, Krokro, Khaine et Gamouh, ce capitane très respectueux avec tous les acteurs du foot, adversaires, arbitres ou dirigeants est marqué d’un fair-play extraordinaire. Il épouse cette courbe ascendante qui lui vaut sa première sélection en équipe nationale à l’âge de 21 ans en 1971 sous les commandes des sélectionneurs Rachid Mekhloufi et El Kenz, et cela jusqu’en 1973 où il a disputé les deux matches éliminatoires de la Coupe du monde 1974 face à la Guinée et la sélection magrébine. En outre, il a participé au tournoi nord-africain et plusieurs matches internationaux avec la sélection nationale de la police.
L’étudiant rejoint l’EN universitaire et participe aux Jeux Panarabes en 1972 à Beyrouth en demi-finale face au Liban où il a subi une grave agression qui l’a immobilisé dans un état comateux pendant 4 heures avec son coéquipier Laala. Ce charmant capitaine de 25 ans, a disputé avec le Mouloudia de Constantine les deux finales consécutives de 1975 et 1976, et deux éditions de la Coupe magrébine des clubs champions 1973, 1975 aussi la Coupe d’Afrique des clubs vainqueurs des coupes 1977. C’est la fin d’une intéressante décennie du roi sans couronne, il est au plus mal, la réforme sportive l’oblige à quitter la maison blanche qui s’est effondrée pour rejoindre le CMC. Il raccroche les crampons à l’âge de 29 ans au terme de la saison 1978-1979.
Le natif de Didouche Mourad prendra ensuite les rênes du club amateur CRDM (Chabab Riadhi Didouche Mourad), en même temps président et entraîneur entre 1980-1986 où il a fait un grand travail de formation en instaurant un professionnalisme de rigueur. Cela permet à plusieurs jeunes talents de s’épanouir tels que les Dehdouh, Belkedas, Barkat, Nour, Bouslah et d’autres joueurs de l’époque, formant une grande équipe qui pratiquait un football spectaculaire et qui avait son mot à dire dans la scène footballistique constantinoise et régionale. Ils atteignaient les 16es de finale de la Coupe d’Algérie mais fut vaincu par le CMC après une grande injustice du corps arbitral, malgré la jolie prestation des protégés du coach Saâdane. Puis il se consacre à l’enseignement supérieur comme recteur et professeur à l’université de Biskra où il a été affecté comme chef de projet au début de l’année 1980. En 2017, il terminera sa carrière tranquillement. Tous ceux qui ont croisé Mourad tenaient à lui rendre un émouvant hommage, louant une personnalité humble et engagée, que ce soit lors de sa riche carrière de footballeur, ou à l’université, il laissera à jamais le souvenir d’un grand leader, dans tous les sens du terme.
Mohamed Mehdi B.