En Algérie, l’endettement extérieur reste «une option possible»!

La marge de manœuvre du Gouvernement Djerad se rétrécit

Depuis le choc pétrolier de 2014, l’Algérie est confrontée à une crise financière prolongée, affectant lourdement tous les indicateurs économiques qui ont continué à fondre graduellement. Ce choc exogène a touché le pays à différents niveaux et incitant, par conséquent, le Gouvernement algérien en 2016 à recourir au Fonds de Régulation de Recettes (FRR) et au financement non conventionnel pour financer les déficits structurels et l’économie.

Les conséquences de cette démarche sont omniprésentes et durables, affectant même la trajectoire économique du pays, mais aussi les prévisions du Gouvernement actuel de Djerad qui veut incarner un renouveau et tente depuis une année et demie de reconstruire un nouveau modèle économique résilient et inclusif et de relancer l’économie nationale, conformément à son Plan d’action et à celui de la Relance économique (2020/2024). La mise en œuvre de ces deux Plans se complique avec l’arrivée de la crise sanitaire du Covid-19 qui vient heurter de plein fouet les bonnes intentions du Gouvernement et remettre en cause les projections des exécutifs locaux. Cette situation inédite a poussé l’Etat à revoir ses priorités et à suspendre certaines actions prévues dans le Plan de relance afin de prendre en charge la crise sanitaire et l’impact différencié de celle-ci sur le secteur socio-économique. Il a réduit de 50% son budget de fonctionnement et réduit la facture des importations pour stopper l’érosion des réserves de change et dévaluer volontairement la valeur du Dinar.
Ces décisions interviennent dans un contexte sanitaire et financier international particulier et complexe, aggravé par la baisse des exportations des hydrocarbures et des recettes pétrolières. Un coup dur pour l’économie nationale et surtout pour le Gouvernement qui a déjà hérité d’une situation financière délicate. Dans son message publié sur la page internet officielle du Premier ministère, Abdelaziz Djerad a fait état d’une situation financière peu «confortable» et nécessite «une véritable vision stratégique» pour sortir de la léthargie qui caractérise depuis des années le marché financier national. L’économie algérienne souffre aujourd’hui des symptômes similaires de 2016 quand «le pays s’est trouvé dans une situation de rareté de sources de financement et de détérioration de la liquidité bancaire, le Gouvernement a eu recours au financement non conventionnel (recours à la planche à billet) comme alternative à l’endettement extérieure.
L’Etat a ainsi mobilisé par le Trésor auprès de la Banque d’Algérie entre novembre 2017 et janvier 2019 l’équivalent de 6.556.2 milliards de dinars pour financer le déficit cumulé du Trésor et de la dette publique. Le remboursement des différents emprunts des caisses de cotisations, les opérations des programmes AADL et des autres projets structurants», a-t-il rappelé avec des précisions, estimant qu’actuellement «la problématique de la mobilisation des ressources financières se pose de plus en plus». Une problématique provoquée par la chute des cours du pétrole, le manque de vision, mais aussi par la crise du Coronavirus qui a dévoilé les failles de gestion et de gouvernance de la politique économique du pays qui cherche désespérément des alternatives de financements. Plusieurs mesures et décisions sont introduites dans le Plan de relance, mais qui se heurtent sur d’autres obstacles réglementaires et administratifs sur le terrain.
«Les économies rentières ont souvent dû faire face à de nombreuses difficultés économiques malgré la manne financière que pouvait leur procurer leurs ressources naturelles». En effet, le corollaire de cette rente est souvent la dégradation du climat des affaires (bureaucratisation, corruption…), de la gouvernance économique (l’informel, la concurrence et la régulation des marchés, le secteur financier et bancaire), de l’efficacité du système fiscal, du développement du capital humain», a-t-il noté, affirmant que «l’Algérie n’a pas échappé au phénomène du syndrome hollandais». «En Algérie, le poids écrasant du secteur des hydrocarbures a empêché toute diversification de l’économie, favorisé les importations par rapport aux exportations (hors hydrocarbures) et a fini par limiter le poids du secteur industriel a seulement 6 à 7  % du PIB», a-t-il ajouté. Le secteur public marchand et celui de l’industrie pique du nez, alors que les prix du pétrole ont rebondi suite au déclin de la pandémie et la reprise de l’économie internationale. Malgré le début de la mise en œuvre du Plan de relance contrarié par la crise du Covid-19, la route est encore longue pour atteindre les objectifs de la reconstruction d’un nouveau modèle économique et financier inclusif et solide.
Le pays a besoin de liquidité pour financer tous les projets d’investissements et soutenir son économie et même la société. Le Gouvernement a examiné tous ces paramètres lors de la Conférence nationale portant sur le Plan de la relance économique (août 2020) avec les différents partenaires économiques et sociaux. Toutes les recommandations découlant de cette rencontre sont introduites dans le Plan de relance économique publié par le Premier ministère, cette semaine. Comme déjà cité, l’Etat doit diversifier son économie et trouver de nouvelles ressources financières sans lesquelles tout sera immobilisé et paralysé. Ce qui aggraverait la situation socio-économique délicate du pays. Dans le volet, financement monétaire, les rédacteurs de ce texte approuvé par M. Djerad, la marge de manœuvre de l’Algérie reste faible en ce qui concerne l’accès aux ressources de financements.
Parmi les solutions avancées «le recours au financement étranger (notamment à l’endettement extérieur) pour des projets à caractère prioritaire et stratégique, permettant notamment l’élargissement des possibilités d’investis- sement pour le secteur privé national (effet d’entraînement sur l’économie)», lit-on sur le document. Il encourage aussi «le recours au PPP : Mécanisme de partenariat entre les secteurs public et privé à travers le financement des infrastructures et services publics par le secteur privé en contrepartie de revenus d’exploitation, le développement des marchés financiers (bourses) et de la finance islamique et l’attraction des IDE grâce à l’amélioration du climat des investissements».
Samira Takharboucht