L’urgence du redressement économique et social, impliquant une nouvelle politique et un sursaut national

Pour des raisons de sécurité nationale, après les élections législatives du 12 juin 2021

Des élections législatives ont eu lieu le 12 juin 2021 et l’Algérie célèbrera le 5 juillet 2021, la fête de l’indépendance marquant la fin de la colonisation française depuis la conquête de l’Algérie de 1830 à 1871 par la France, qui marquera une longue résistance avec l’avènement du nationalisme avant le déclenchement de la guerre de libération nationale.

L’Algérie, acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, a toutes les potentialités pour devenir un pays pivot. Mais cela implique de profondes réformes, principal défi du futur gouvernement, n’existant pas dans toute société de situation statique, toute Nation qui n’avance pas reculement forcément.

1.-Les élections législatives du 12 juin 2021

1.-Elles ont vu la domination des trois partis traditionnels FLN, MSP, RND , un degré moindre deux partis EL Bina et Front Moustakbal, les indépendants en deuxième position avec une composition hétérogène avec plusieurs anciens du parti du FLN. Si, l’on prend la structure démographique qui constitue d’ailleurs une véritable bombe, la population totale est passé e de 11.479.247 en 162, à 18.936.298 en 1980, à 253.435.21 en 19901, à 30.833.966 en 2000 et au 01 janvier 2021 44.680.256 dont 22.549.485 sexe masculin et 22.130.771 sexe féminin avec une prévision horizon 2030 de 51,3 millions d’habitants. Pour 2019, nous avons la structure d’âge suivante en pourcentage : 29,49% 0-14ans, 14,72% 15-24 ans, 42,97% 25-64 ans, 7,01% 55-64 ans et 5,81% 65 ans et plus. Si l’on prend seulement 50% de la tranche des 15-24 ans, les personnes en âge de voter représenteraient 62,80%. Si l’on applique de taux à la population en âge de voter pour 2021, nous aurons environ 27,8 à 28 millions sur un total de votants de 24,12 millions, donc presque 3,5 millions ne se sont pas inscrit sur les listes électorales. Nous avons les ratios suivants pour 407 députés : 24.125.1487 inscrits sur 407/députes donne une moyenne de 592.756 voix si tous les inscrits votaient . Le nombre de votants pour les partis étant de 4.602.365, le ratio est de 11.308 voix soit par rapport au total environ 19%. En attendant les résultats par partis, et les indépendants, il serait intéressant de calculer le ratio du nombre de voix par partis et les indépendant sur le nombre de votants pour se faire une idée de leur poids dans la société. Les résultats officiels provisoires donnent que sur 24.425.187 millions d’électrices et électeurs inscrits ne tenant pas compte de la population en âge de voter qui ne s’est pas inscrite, nous avons eu 5 625 324 millions de votants avec un taux de participation 23,03 %.

En tenant compte des bulletins nuls estimés à 1016 220, le total de voix pour l’ensemble candidats est de 4602 365 avec un taux approchant 19% et où le taux de participation de l’émigration,(902.865 électeurs inscrits) a été de 4,66%. Si l’on prend le total des personnes en âge de voter le taux serait de participation y compris les bulletins nuls serait de 5 625 324 / 28 000 000, nous donnant 20,09% et sans les bulletins nuls 16,43%. La moyenne internationale du taux abstentions ces dernières années au vu de la méfiance des populations vis-à-vis des partis politiques, pour les cas extrême peu nombreux varie entre 60/65% et la moyenne internationale entre 40/50%. Devant pour l’Algérie tirer toutes les leçons, l’épidémie du coronavirus qui a paralysé l’appareil de production, en plus de la restriction des importations des inputs sans ciblage, la dévaluation du dinar, sans véritable relance économique, le retour de l’inflation et la détérioration du pouvoir d’achat, les emprisonnements de hauts responsables qui dans leurs discours prônaient le nationalisme à travers les détournements des biens publics créant une névrose collective, le manque de vision stratégique du gouvernement avec des discours contradictoires et parfois provocateurs de certains ministres, peuvent expliquer les faibles taux de participation des différentes dernières élections en Algérie et notamment celle du 12 juin 2021. Le retour des partis traditionnels surtout avec ce faible taux n’est donc pas une surprise en référence aux expériences internationales notamment des pays de l’ex camps communiste.

Ayant eu l’occasion de visiter bon nombre de ces pays pour m’enquérir du timing des réformes menées, certaines expériences ayant eu des résultats mitigés, d’autres une réussite, le slogan révolutionnaire d’inspiration trotskyste «dégagez tous » n’a pas eu lieu car tous les cadres n’étaient pas corrompu. Les forces réformistes ont su intégrer les forces conservatrices traditionnelles compétentes où l’on a pu constater que d’anciennes figures du régime communiste ont joué le jeu des réformes. Sur le plan politique, la tendance générale repose sur une concurrence entre différents partis qui ne dépasse pas quatre, les partis de droite, les partis de gauche mais modérée de tendance altermondialiste, les partis écologiques et les partis du centre de tendance socio-démocrate. Cependant y a lieu de ne pas comparer ces résultats avec les anciennes élections du fait qui ne sont pas significatifs ayant reposé sur des quotas et le bourrage des urnes. La leçon à tirer est qu’il reste un long chemin à parcourir pour redonner confiance afin de rapprocher l’Etat du citoyens , tout en rappelant que les pays développés ont mis des siècles à asseoir la démocratie et qu’avec la nouvelle révolution des télécommunications qui influent sur les comportements il y a de plus en plus méfiance des citoyens vis-à-vis du politique. Plusieurs dossiers sensibles attendent le nouveau gouvernement supposant une nouvelle gouvernance et une planification stratégique reposant système sur un système d’information performant en temps réel avec l’importance des réseaux sociaux, par la maitrise des nouvelles technologies de l’information dont l’intelligence artificielle, qui s’est totalement écroulé, ne permettant pas des prévisions réalistes.

2.-Les axes de redressement national

Une Nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle produit, donc attention à la dérive salariale que certains experts algériens (vision populiste) proposent qui ne peut que conduire à la dérive inflationniste qui pénalisera les couches défavorisées, sans relancer la machine économique. Cependant durant cette conjoncture difficile, la cohésion sociale est vitale, mais évitant de distribuer des revenus sans contreparties productives qui conduisent à terme au suicide collectif Comme il faudra tenir compte de la pression démographique souvent oublié est une véritable bombe à retardement (plus d’un million de naissances chaque année entre 2015/2020 contre environ 600.000 vers les années 2000. Il y a lieu donc procéder sans complaisance à un examen très lucide de la situation pour mieux réagir dans plusieurs segments de la vie économique et sociale : tels l’éducation-formation, le savoir pilier du développement, la santé, la modernisation de l’agriculture, la culture financière des acteurs économiques, l’efficacité de l’administration, la relance des entreprises, à travers une nouvelle politique industrielle, lutter contre les déséquilibres régionaux et les inégalités sociales, la formation civique et politique de la jeunesse et tant d’autres domaines.

Dans la pratique des affaires n’existent pas de sentiments. L’attrait de l ‘investissement productif y compris les services à valeur ajoutée qu’il soit étranger ou national repose principalement sur huit facteurs : Premièrement, la reconfiguration du système politique à travers la refondation de l’Etat, afin que les partis politiques et la société civile puissent jouer la fonction d’intermédiations, les anciennes organisations étant des appendices bureaucratiques rentiers déconnectées de la société, un défi majeur pour asseoir la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle; Deuxièmement, la bonne gouvernance par la réforme des institutions notamment de la réforme de l’Etat au niveau central, la réforme territoriale autour d’une réelle décentralisation autour de cinq à six grands pôles économiques régionaux, Troisièmement, une visibilité dans la démarche socio-économique à moyen et long terme, supposant une planification stratégique, la lutte contre la corruption détournant les investisseurs créateur de valeur ajoutée et la levée des obstacles bureaucratiques centraux et locaux qui constituent le facteur essentiel du blocage, trop de procédures alors que l’investisseur agit en temps réel existant des opportunités à travers le monde et pas seulement en Algérie ;

Quatrièmement, la réforme des subventions liée à l’intégration de la sphère informelle et du système financier lieu de distribution de la rente qui n’a pas fait sa mu depuis l’indépendance politique dans toute sa composante, banques, fiscalité, domaine, douane, car enjeu énorme du pouvoir se limitant à des aspects organisationnels techniques; Cinquièmement, sur la reforme dus système socio éducatif fondé sur les nouvelles technologies, avoir une main d ‘œuvre non qualifiée à bon marché n’étant plus d’actualité avec l’avènement de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur l’économie de la connaissance; Sixièmement, sur l’efficacité des start-up, malgré des compétences qui sera limitée sans une base économique et des institutions efficientes adaptées au digital et à l’intelligence économique, risquant de renouveler les résultats mitigés, malgré de nombreux avantages, de tous ces organismes de l’emploi des jeunes ; Septièmement, sur l’épineux problème du foncier car actuellement le mètre carré est trop cher et souvent les autorités attribuent souvent du terrain sans viabilisation et utilités :

routes, téléphone, gaz, électricité; Huitièmement, éviter des changements périodes de cadres juridiques. Il est reconnu après les scandales financiers que la règle des 49/51%, a eu un impact néfaste permettant à certaines oligarchies proches du pouvoir d’avoir une rente sans apporter une valeur ajoutée, mais devant définir clairement ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas idem, pour le droit de préemption qui peut décourager tout investisseur sans compter les nombreux cas de litiges au niveau des tribunaux internationaux. Avec un taux de croissance relativement faible entre 2021/2022, après une croissance négative en 2020, en raison de la cessation d’activité de plusieurs entreprises, notamment dans le secteur du BTPH et la rupture des approvisionnements où les matières premières importées, représentent plus de 80 %, comment avec des réserves de change en baisse et un taux de croissance réel inférieur au taux de croissance démographique, créer entre 350.000/400.000 empois par an entre 2021/2022, encore que le taux de chômage officiel( plus de 15% en 2021 selon le FMI) sous-estime la demande d’emplois féminins et inclut les emplois rente et les sureffectifs dans les entreprises publiques.

En résumé, pour des raisons de sécurité nationale, la situation socio économique préoccupante implique une nouvelle gouvernance et un sursaut national où après les élections législatives du 12 juin 2021, l’important pour l’avenir de l’Algérie est le redressement économique et social existant un lien dialectique entre sécurité et développement. L’objectif stratégique est de mettre en œuvre une nouvelle politique économique, autour de grands ministères dont celui de l’économie, finances, commerce, industrie et de la formation de l’éducation nationale, au supérieur et la formation profession, évitant des micro ministères pour satisfaire des relations de clientèles, qui se télescopent nuisant à la cohérence globale, une réelle décentralisation. L’on devra s’orienter vers un véritable processus démocratique, se fondant sur une société plurielle plus participative des partis politiques crédibles et la responsabilisation pleine et entière de l’ensemble de la société, conciliant la modernité et la préservation de notre authenticité.

A. M.