«Comment assurer les moyens thérapeutiques dans nos centres de soin ?»

Le Pr. Houcine Aït Ali évoque la leucémie en Algérie

La Nouvelle République s’est rapprochée du Pr. Houcine Aït Ali, chef de service hématologie au CHU de Tizi-Ouzou pour avoir des réponses succinctes à cette question qu’est la leucémie en Algérie. Un service considéré comme une référence nationale, son expérience dans la prise en charge des malades est très intéressante à plus d’un titre.

La Nouvelle République : Combien de cas de leucémie sont enregistrés chaque année en Algérie ? Pr. Houcine Ait Ali : Le nombre de leucémies pour chaque année est le suivant, nous ne disposons des chiffres uniquement que pour la LLC : 2016 : 292 cas, 2017 : 318 cas, 2018 : 287 cas, 2019 : 309 cas, 2020 : 267 cas (période Covid-19).

La leucémie est-elle la plus répandue des cancers du sang ?
La leucémie est la plus fréquente des cancers de sang, car il existe de nombreux types de leucémies aigues ou chroniques (leucémies aigues, leucémies chroniques (LLC, LMC).

Connait-t-on les raisons de cette maladie ?
En général, nous ne connaissont pas la cause de cette maladie. Néanmoins, il existe des facteurs environnementaux et génétiques.

Comment se fait le diagnostic d’une leucémie et quels sont les principaux symptômes qui peuvent alerter le patient ?
Le diagnostic d’une leucémie se fait à l’hémogramme qui comprend en plus un frottis sanguin. Des blastes circulants (cellules leucémiques). Une ponction de moelle est indispensable pour faire le diagnostic (le taux de blastes doit être supérieur ou égal à 20%). Des signes cliniques hémorragiques sont fréquents et sont dus à la thrombopénie.

Les moyens thérapeutiques qui existent de nos jours en Algérie sont-ils suffisants, comment les assurer à votre avis au niveau des centres de soin spécialisés ?
Il existe des moyens thérapeutiques conventionnels (chimiothérapie), mais ce traitement reste insuffisant à cause des ruptures de médicaments relativement récurrentes, les thérapies ciblées indispensables demeures encore indisponibles en Algérie en particulier les leucémies aigues.

La collecte des plaquettes est-elle plus complexe que le don de sang classique ?
Les deux opérations sont-elles complémentaires finalement ? La collecte des plaquettes et du sang (culots globulaires) se fait concomitamment à partir d’un même donneur, sauf pour le don de plaquettes par cytaphérèse issu d’un seul donneur. Ces deux procédures sont complémentaires d’autant plus que le malade leucémique reçoit en même temps les globules rouges et les plaquettes.

Votre staff médical du service hématologie du CHU de Tizi-Ouzou a obtenu des résultats probants ces dernières années. Parlez-nous de cette expérience ?
Notre staff médical est composé d’hématologistes chevronnés. Deux médecins titulaires et des résidents sont de garde h24. Notre équipe est compétente et sérieuse et veille au grain pour tout ce qui peut survenir chez nos malades sous traitement.

Nous remarquons professeur le peu d’intérêt accordé aux hémopathies de manière générale, quelle est la raison selon vous ?
Effectivement, nos responsables administratifs à tous les niveaux semblent entendre qu’un seul son de cloche, celui des oncologues par rapport aux hématologistes dépassés par la pratique quotidienne en milieu hospitalier. Il faut savoir que le cancer du sang ne représente que 10% de l’oncologie en Algérie. Toutes les techniques génétiques et immunophénotypiques sont réalisées par les hématologistes pour combler les vides laissés par les biologistes. Il faut tout de même signaler que les pionniers de l’oncologie sont les hématologistes ou si vous voulez, les hématologistes ont formé les premiers oncologues.
Propos recueillis par A. L.